VII.

Pourtant ce monde plein de nuit et d’amertume,

Est en fête parfois. Ainsi, quand noir de brume,

Aux jours des molles chaleurs,

L’air s’est épaissi des vapeurs

Des lacs, et que la nuit se fait encor plus sombre,

On voit sourdre, du fond de ces marais sans nombre,

De longs essaims de feux follets

Verts, rouges, bleus et violets.

La terre en un moment éclate illuminée !

De ces feux colorés la mouvante traînée

Bondit et se joue en dansant.

Les follets passant, repassant,

Entremêlent partout leurs couleurs enflammées

Et couvrent de clarté ces terres transformées.

On dit que pendant les instants

Si courts, où ces feux tremblotants

Dans ce monde brumeux promènent leur féerie,

On voit l’humanité, par la douleur meurtrie,

Oublier peines et combats

Pour se divertir aux ébats,

Aux lueurs des follets, et par troupes immenses

Courir avec fureur se mêler à leurs danses.

Oh ! c’est fête, joie et amour,

Car pendant ces heures de jour,

Interrompant le cours de leurs festins funèbres,

Les Morts pleines d’effroi vont chercher les ténèbres.

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