I.

Huit siècles s’étaient écoulés depuis la mort de Ramzuel. Les Stariens répandus dans Tassul et dans Lessur avait multiplié de manière à surpasser en nombre les races indigènes de ces planètes. Cependant, une espérance inquiète ou un instinct secret les avait empêchés de regarder comme définitif leur établissement sur ces deux terres. Au contraire, le souvenir de leur patrie primitive, entretenu et perpétué parmi eux par les ouvrages descriptifs de Cosmaël, les tableaux vivants de Mundaltor, et surtout les admirables poèmes de Séelevelt écrits depuis la fuite de Ramzuel, leur inspira à la fin un regret inextinguible.

Les Nemsèdes, qui ne s’étaient presque jamais quittés et qui étaient, selon l’expression des Stariens, les trois facultés d’une même âme, résumaient pour la race exilée toute science et tout souvenir. Pendant tout le temps que dura le séjour des Stariens dans les satellites, ils furent les patriarches et les directeurs arbitres du peuple. À travers mille dangers, ils avaient conduit d’âge en âge l’humanité starienne à une prospérité parfaite ; mais pensant n’avoir point terminé leur œuvre régénératrice tant que la nation entière n’aurait point repris possession du monde natal, ils s’efforçaient d’entretenir dans l’esprit du peuple le désir et l’espérance de reconquérir Star. Depuis un siècle déjà, les Stariens croyaient à chaque instant entendre sonner l’heure du départ. Un chant d’espérance, un hymne empreint d’un amour attristé pour la planète dont le disque les couvrait de ses vastes proportions, était depuis longtemps chanté sur toutes les plages de Tassul et de Lessur et dans l’espace intermédiaire sillonné par les abares, et ce chant, attribué à Séelevelt, avait tenu en haleine la pensée du retour.

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