X.

Le touriste qui veut se rendre de Cordoue à Malaga et qui aime mieux supporter en stoïcien les fatigues et les privations d’une excursion poétique dans un beau mais sauvage pays, que de se laisser cahoter dans une voiture sur les monotones et ennuyeuses chaussées, traverse d’abord un pays ondulé et bien cultivé qui s’étend jusqu’au Geuil, puis une contrée parfaitement plate et unie, jusqu’à Campillos. C’est là que commence la Serrania de Ronda et de Malaga, la partie la plus romantique de l’Andalousie. Tantôt sauvage et grandiose, cette chaîne de montagnes inspire une sorte de terreur poétique avec ses majestueuses forêts de chênes, de liéges et de châtaigniers, ses profonds et sombres ravins, ses torrents qui tombent avec fracas de précipice en précipice, ses vieux châteaux à demi ruinés et ses villages suspendus à la paroi de rochers à pic, dont les cimes sont dénuées de toute végétation et dont les flancs semblent noircis et calcinés par le feu du ciel; tantôt riante et suave, elle a un air de fête avec ses vignes, ses prairies, ses bosquets d’amandiers, de cérisiers, de citronniers, d’orangers, de figuiers et de grenadiers, ses touffes de lauriers-roses sur lesquels on compte plus de fleurs que de feuilles, ses petites rivières guéables qui serpentent avec une charmante coquetterie, ses vergers qui fournissent presque tout le midi de la Péninsule de poires et de pommes, ses champs de lin, de chanvre et surtout de blé, dont les épis donnent un pain qui passe pour être le plus blanc et le plus exquis du monde entier.

Le peuple qui habite cette Serrania est gai, causeur, beau, léger et spirituel; il aime à rire, à chanter, à danser au bruit des castagnettes, à jouer de la guitare ou de la mandoline; mais en même temps il est vain, querelleur, à la fois brave et fanfaron, et d’une humeur si violente que le coup mortel suit presque toujours de près le regard oblique de la colère; il ne se donne pas une bonne fête sans que deux ou trois individus soient poignardés. Les femmes, quoique d’une beauté fort remarquable, ont quelque chose de viril; grandes et robustes, elles ne craignent pas de s’occuper des travaux les plus pénibles et transportent avec facilité de lourds fardeaux; on en a vu lutter entre elles.

En temps de paix ces montagnards s’occupent principalement à faire la contrebande en important les marchandises anglaises de Gibraltar dans l’intérieur du pays, et ils savent tromper avec une merveilleuse adresse la surveillance des nombreux employés des douanes. Quelquefois, quand ils se sont réunis en assez grand nombre sous les plus renommés de leurs chefs, et qu’ils descendent dans les plaines pour vendre leurs marchandises, ils résistent vigoureusement aux troupes qu’on envoie à leur poursuite. Dans les temps de troubles et de discordes civiles, plusieurs d’entre eux exercent le métier de bandit, et alors ils sont ou ladrones, ou rateros. Sans être brigands de profession, les derniers, qui se recrutent parmi les gardiens de troupeaux, les villageois désœuvrés, les journaliers paresseux, les moissonneurs nomades, les aubergistes sans chalands, parfois même parmi les métayers, détroussent les voyageurs en amateurs, par occasion, et seulement quand ces voyageurs sont mal escortés; quand ils sont bien armés, bien accompagnés, le ratero cache sa carabine, prend ses outils et fait semblant de cultiver la terre. Dispersés partout, ces brigands de bas étage sont toujours disposés à prêter main-forte soit aux vrais brigands, soit aux gens de la police, selon les circonstances, car, en auxiliaires prudents, ils ne viennent qu’au secours du vainqueur. Les vrais brigands, qui, enrôlés comme des soldats, ne marchent qu’à cheval et par troupes, sont plus distingués. Au lieu que les rateros, de peur d’être dénoncés, assassinent souvent ceux qu’ils ont dépouillés, les ladrones ne tuent que ceux qui se défendent; polis et respectueux, surtout envers les dames, ils ne dévalisent les voyageurs qu’avec toutes sortes d’égards. Loin d’être méprisés, ils sont placés très-haut dans l’esprit de la foule. Ils combattent contre les lois, ils sont en révolte contre la société, ils répandent l’épouvante dans les contrées qu’ils exploitent, mais ils ont un certain prestige, une certaine grandeur; leur audace, leur génie aventureux, leur savoir-vivre plaisent aux femmes, même les plus effrayées; et quand ils sont tombés entre les mains de la justice et qu’on les pend, leur supplice inspire de l’intérêt, de la sympathie, de la compassion. De nos jours José-Maria s’est rendu fameux comme chef de bandits, et son nom vivra encore longtemps dans la mémoire des Andalous comme celui du brigand modèle. Un simple hasard l’avait poussé dans cette carrière. Ayant commis un meurtre dans un moment de fureur, il s’enfuit dans la montagne pour se soustraire à l’action des lois, et là, n’ayant d’autre parti à prendre que de vivre de sa carabine, il organisa des partisans, se procura des chevaux et se mit à dépouiller les voyageurs. Brave, actif, intelligent, connaissant parfaitement le pays, il sut faire réussir toutes ses entreprises et se dérober à toutes les poursuites de la justice. Par tout le pays il avait des affiliés unis à lui sous serment, et quand il lui fallait un homme pour compléter sa troupe, il pouvait toujours choisir entre quarante personnes au moins, tant on ambitionnait l’honneur de servir sous lui. Il avait des accointances avec les magistrats eux-mêmes: dans une proclamation du capitaine-général de la province, les autorités de quatre endroits furent signalées comme ses complices. Sa puissance était si grande qu’il était maître de toutes les routes du Midi, et que la direction des postes, afin d’obtenir le passage libre, lui payait régulièrement une redevance de quatre-vingts francs par voiture. Il gouvernait ses bandits plus arbitrairement qu’aucun souverain ne gouverne ses sujets, et un sauvage esprit de justice présidait à ses décisions envers eux[240].

En temps de guerre ces contrebandiers et ces bandits, accoutumés qu’ils sont à lutter sans cesse avec les difficultés d’une nature sauvage, sont des adversaires extrêmement redoutables. Il est vrai qu’ils échouent dans les attaques qui demandent quelques combinaisons; il est vrai aussi que, dans la plaine, ils ne peuvent résister aux savantes manœuvres des troupes réglées; mais dans les sentiers escarpés, tortueux et étroits de leurs montagnes, leur agilité et leur connaissance du terrain leur donnent sur les soldats un immense avantage. Les troupes françaises ont été à même d’en faire l’épreuve, alors que le fantôme de roi placé par Napoléon sur le trône d’Espagne essaya de soumettre ces intrépides montagnards à son autorité détestée. Quand les hussards français pouvaient les attirer dans les campagnes, ils les sabraient par centaines; mais dans les sentiers tracés en zigzags et suspendus aux bords de précipices effrayants, où leurs chevaux, loin de leur être utiles, les embarrassaient, ces mêmes hussards tombaient à chaque pas dans des embuscades. Au moment où ils s’y attendaient le moins, ils se voyaient enveloppés d’une nuée d’ennemis qui tiraillaient sur leurs flancs et qui, sans cesser de faire feu, regagnaient aussitôt les sommets des rochers, où l’on ne pouvait les poursuivre, si bien que tout en fuyant, ils détruisaient des colonnes entières, sans que les Français pussent s’en venger. Malgré les horreurs de la guerre, les montagnards ne manquèrent pas non plus de montrer de temps à autre l’esprit bouffon et goguenard qui leur est propre. A Olbera, où les hussards français avaient demandé un jeune bœuf, les habitants leur apportèrent un âne coupé en quartiers. Les hussards trouvèrent que ce veau, comme ils l’appelaient, avait le goût un peu fade, et dans la suite les montagnards, en tiraillant avec eux, leur criaient souvent: «Vous avez mangé de l’âne à Olbera!» C’était, dans leur opinion, la plus sanglante des injures qu’on put faire à des chrétiens[241].

Au neuvième siècle cette province, qui portait le nom de Reiya ou plutôt de Regio (Regio montana, selon toute apparence) et dont Archidona était la capitale[242], avait une population presque exclusivement espagnole, et qui ressemblait en tout point à celle qui y demeure aujourd’hui; elle avait le même caractère et les mêmes goûts, les mêmes vices et les mêmes vertus. Quelques-uns de ces montagnards étaient chrétiens; d’autres, en plus grand nombre, étaient musulmans; mais ils se sentaient tous Espagnols, ils nourrissaient tous une haine implacable pour les oppresseurs de leur patrie, et, passionnés pour l’indépendance, ne voulant pas que la tyrannie étrangère s’engraissât plus longtemps de leurs dépouilles, ils guettaient tous le moment où ils pourraient secouer le joug. Ce moment, impatiemment attendu, ne pouvait plus être éloigné. Les succès que leurs compatriotes remportaient chaque jour dans d’autres provinces montraient aux montagnards qu’avec du courage et de l’audace, il ne leur serait nullement impossible de réaliser leurs vœux. Déjà Tolède était libre. Pendant vingt ans, le sultan avait en vain tâché de la réduire à son autorité. Les chrétiens, qui avaient conservé leur prépondérance dans la cité, s’étaient mis sous la protection du roi de Léon[243], et, quoique trahis par les renégats, ils avaient forcé le sultan, dans l’année 873, de leur accorder un traité qui leur garantissait le maintien du gouvernement républicain qu’ils s’étaient donné, et une existence politique à peu près indépendante, car ce traité ne les engageait qu’à un tribut annuel[244]. Un autre Etat indépendant avait été fondé dans l’Aragon, province qui sous les Arabes s’appelait la Frontière supérieure, par une ancienne famille visigothe qui avait embrassé l’islamisme, celle des Beni-Casî. Vers le milieu du IXe siècle, cette maison s’était élevée à une si grande puissance, grâce aux talents de Mousâ II, qu’elle pouvait marcher de pair avec les maisons souveraines. A l’époque où Mohammed monta sur le trône, Mousâ II était maître de Saragosse, de Tudèle, d’Huesca, de toute la Frontière supérieure. Tolède avait conclu une alliance avec lui, et son fils Lope était consul dans cette ville. Guerrier intrépide et infatigable, il tournait ses armes tantôt contre le comte de Barcelone ou celui de l’Alava, tantôt contre le comte de Castille ou le roi de France. Parvenu au comble de la gloire et de la puissance, respecté et courtisé par tous ses voisins, même par le roi de France, Charles-le-Chauve, qui lui envoyait des présents magnifiques, Mousâ tranchait du souverain sans que personne osât s’y opposer, et enfin, voulant l’être de nom comme il l’était de fait, il prit fièrement le titre de troisième roi en Espagne. Après la mort de cet homme extraordinaire (862), le sultan, il est vrai, se remit en possession de Tudèle et de Saragosse; mais la joie qu’il en ressentit ne fut pas longue. Dix années plus tard, les fils de Mousâ, aidés par la population de la province, qui s’était accoutumée à n’avoir que les Beni-Casî pour maîtres, chassèrent les troupes du sultan. Ce dernier tâchait maintenant de les réduire; mais les Beni-Casî, secondés par le roi de Léon, Alphonse III, qui avait conclu avec eux une alliance si étroite qu’il leur avait confié l’éducation de son fils Ordoño, repoussaient victorieusement ses attaques[245].

Ainsi le Nord était libre et ligué contre le sultan. A la même époque, un renégat audacieux de Mérida, Ibn-Merwân[246], fondait une principauté indépendante dans l’Ouest. Livré au sultan après la soumission de Mérida, où il avait été un des chefs de l’insurrection, il était capitaine des gardes du corps, lorsque, dans l’année 875, le premier ministre Hâchim, qui avait on ne sait quel grief contre lui, lui dit un jour en présence des vizirs: «Un chien vaut mieux que toi.» Pour comble d’ignominie il lui fit donner des soufflets. Jurant dans sa fureur de s’exposer à tout, plutôt que de supporter le retour de ces mauvais traitements, Ibn-Merwân rassembla ses amis, s’enfuit avec eux, et s’empara du château d’Alanje (au sud de Mérida), où il se mit en défense. Assiégé dans cette forteresse par les troupes du sultan, et n’ayant point de vivres, de sorte que lui et ses compagnons furent obligés de se nourrir de la chair de leurs chevaux, il capitula au bout de trois mois, lorsque l’eau fut venue à lui manquer; mais, vu la position désespérée où il se trouvait, les conditions qu’il obtint pouvaient encore passer pour avantageuses: on lui permit de se retirer vers Badajoz, qui à cette époque n’était pas encore une ville murée, et de s’y établir. S’étant tiré ainsi d’entre les griffes du sultan, Ibn-Merwân devint pour lui un ennemi aussi dangereux qu’implacable. Ayant réuni sa bande à une autre, composée également de renégats et commandée par un nommé Sadoun, il appela aux armes les renégats de Mérida et d’autres endroits, prêcha à ses compatriotes une nouvelle religion, qui tenait le milieu entre l’islamisme et le christianisme, conclut une alliance avec Alphonse III, roi de Léon[247], l’allié naturel de tous ceux qui se révoltaient contre le sultan, et, portant la terreur dans les campagnes, mais ne maltraitant ou ne rançonnant que les ennemis du pays, les Arabes et les Berbers, il vengea d’une manière sanglante ses propres injures et celles de sa patrie. Voulant réprimer ses brigandages, le sultan envoya contre lui une armée, dont il confia le commandement à son ministre Hâchim et à son fils Mondhir. Ibn-Merwân, au lieu d’attendre l’ennemi, alla à sa rencontre: ayant envoyé Sadoun demander du secours au roi de Léon, il se jeta dans Caracuel[248]. Hâchim établit son camp dans le voisinage de cette forteresse, dont on voit encore les grands débris, et fit occuper celle de Monte-Salud par un de ses lieutenants. Peu de temps après, ce lieutenant lui donna avis que Sadoun s’approchait de Monte-Salud avec des troupes auxiliaires léonaises, mais que ces troupes, peu nombreuses, seraient faciles à surprendre. Le lieutenant se trompait; les forces de Sadoun étaient assez considérables, mais voulant attirer l’ennemi dans un piége, ce rusé capitaine avait fait répandre le bruit que son armée était faible. Son dessein lui réussit à merveille. Trompé par le rapport de son lieutenant, Hâchim alla avec quelques escadrons à la rencontre de Sadoun. Informé de tout par ses espions, celui-ci le laissa s’enfoncer dans les montagnes. Se tenant aux aguets, il l’attendit dans un défilé, cacha ses hommes derrière les rochers qui l’avoisinaient, fondit sur les ennemis dans un moment où ceux-ci ne s’attendaient nullement à être attaqués, et en fit un grand carnage. Hâchim lui-même, blessé plusieurs fois, fut fait prisonnier, après avoir vu tomber à ses côtés cinquante de ses principaux lieutenants. On l’amena à Ibn-Merwân. Sa vie était maintenant entre les mains de celui qu’il avait si cruellement offensé; mais Ibn-Merwân eut la générosité de ne lui faire aucun reproche; il le traita avec tous les égards dus à son rang, et l’envoya à son allié, le roi de Léon.

Le sultan, en apprenant ce qui s’était passé, devint furieux. La captivité de son favori l’affligeait sans doute, mais ce qui l’affligeait bien plus encore, c’est qu’il ne pouvait refuser, sans manquer à l’honneur, de le racheter des mains du roi de Léon. Et Alphonse exigeait cent mille ducats! C’était mettre à une trop rude épreuve la générosité de l’avare sultan! Aussi trouva-t-il mille raisons pour se dispenser de payer une somme si énorme. «Si Hâchim est prisonnier, disait-il, c’est sa propre faute. Pourquoi est-il toujours si téméraire? C’est un étourdi qui ne sait ce qu’il fait, et qui ne veut jamais prêter l’oreille à de sages conseils.» Enfin, après l’avoir laissé gémir dans les fers pendant deux années, il consentit à payer une partie de la rançon exigée. De son côté, Hâchim promit au roi de Léon que le reste lui serait payé plus tard, lui donna ses frères, son fils et son neveu en otage, et revint à Cordoue, brûlant du désir de se venger d’Ibn-Merwân. Ce chef avait ravagé, dans cet intervalle, le district de Séville et celui de Niébla, et le sultan, qui ne pouvait rien contre lui, l’avait fait prier de dicter lui-même les conditions auxquelles il voudrait s’engager à suspendre ses irruptions qui ruinaient le pays. La réponse d’Ibn-Merwân avait été hautaine et menaçante. «Je suspendrai mes irruptions, avait-il dit, et j’ordonnerai même qu’on nomme le sultan dans les prières publiques, à condition qu’il me cédera Badajoz, qu’il me permettra de fortifier cet endroit, et qu’il me dispensera de lui payer des contributions ou de lui obéir en quoi que ce soit; sinon, non.» Si humiliantes que fussent ces conditions, le sultan les avait acceptées. Hâchim tâcha maintenant de persuader à son maître que, dans les circonstances données, il ne lui serait nullement impossible de réduire cet orgueilleux rebelle. «Auparavant, disait-il, cet Ibn-Merwân était insaisissable; n’ayant point de demeure fixe, lui et ses cavaliers savaient toujours se dérober à nos poursuites; mais à présent qu’il s’est enfermé dans une ville, nous le tenons. Nous pouvons l’assiéger, et nous saurons bien le forcer à se rendre.» Il réussit à faire approuver son dessein par le monarque, et, ayant obtenu de lui l’autorisation de se mettre en marche avec l’armée, il s’était déjà avancé jusqu’à Niébla, lorsqu’Ibn-Merwân fit parvenir au sultan un message conçu en ces termes: «J’ai appris que Hâchim s’est mis en marche vers l’Ouest. Je comprends fort bien que, croyant pouvoir m’enfermer dans une ville, il espère avoir trouvé l’occasion de se venger de moi; mais je vous jure que s’il va plus loin que Niébla, je brûlerai Badajoz et qu’alors je reprendrai la vie que j’ai menée autrefois.» Le sultan fut si effrayé par cette menace, qu’il envoya aussitôt à son ministre l’ordre de retourner à Cordoue avec l’armée, et que dorénavant il ne se sentait aucune velléité de réduire ce trop redoutable ennemi[249].

Ainsi, tandis que les insurgés se montraient forts et courageux, le gouvernement se montrait faible et lâche. A chaque concession qu’il faisait aux rebelles, à chaque traité qu’il leur accordait, il perdait quelque chose du prestige dont il avait tant besoin pour inspirer du respect à une population mal soumise, irritée et beaucoup plus nombreuse que ses maîtres. Les montagnards de Regio, enhardis par les nouvelles qui leur arrivaient du Nord et de l’Ouest, commencèrent à s’agiter à leur tour. Dans l’année 879, il y eut des émeutes et des insurrections dans plusieurs endroits de la province. Le gouvernement, qui ne s’aveuglait point sur les dangers qui le menaçaient de ce côté, fut fort alarmé des avis qu’il recevait. Des ordres rapides et sévères furent donnés sur tous les points. On mit la main sur le chef d’une bande redoutée et on l’envoya à Cordoue. Des forteresses furent construites à la hâte sur les hauteurs qu’il importait le plus de garder[250]. Toutes ces mesures irritaient les montagnards sans les effrayer. Cependant il y avait encore peu d’ensemble dans leurs mouvements; ce qui leur manquait, c’était un chef d’un caractère supérieur et capable de diriger vers un but marqué d’avance leurs vagues élans de patriotisme. Si un tel homme se présentait, il n’aurait guère qu’un signe à faire pour ébranler toute la population de la montagne, et la montagne marcherait avec lui.

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