Note D, p. 192.

En traitant cette période, je ne me suis pas servi du livre qui porte le titre de Raudh al-mitâr (Abbad., t. II, p. 236 et suiv.). Maccarî, qui en a donné de longs extraits, semble y attacher de l’importance, parce qu’il est d’un auteur espagnol; mais cet Espagnol n’est pas ancien et il n’a fait que copier un écrivain asiatique. C’est ce qui résulte de la comparaison de l’article sur Yousof ibn-Téchoufîn chez Ibn-Khallicân, où l’on trouve de longs passages tirés d’une biographie de Yousof, intitulée al-Morib an sîrati meliki ’l-Maghrib, et qui a été écrite à Mosoul en 1183; car ces passages se retrouvent textuellement dans le Raudh al-mitâr, de sorte qu’il est certain que l’auteur de ce dernier ouvrage a copié l’anonyme de Mosoul. Or, quand il s’agit de l’histoire d’Espagne, il faut presque toujours se défier des récits qui ont été écrits en Asie. Ces récits, comme j’ai déjà eu l’occasion de l’observer ailleurs[298], proviennent ordinairement de voyageurs, de marchands, de colporteurs de bruits, et l’imagination n’y est pas étrangère, souvent même elle y joue un grand rôle. Celui dont il s’agit ne fait pas exception à la règle générale: écrit dans un langage extrêmement sentencieux et qui trahit chez l’auteur la prétention de vouloir rivaliser avec les anciens sages de l’Orient, il contient bien des choses qui sont invraisemblables en elles-mêmes et dont les chroniqueurs espagnols et africains ne savent rien.

Share on Twitter Share on Facebook