IV

Nous pouvons maintenant aborder une dernière question que posait déjà notre introduction

Sans doute, puisqu’elles sont elles-mêmes des concepts, on comprend sans peine qu’elles soient l’œuvre de la collectivité. Il n’est même pas de concepts qui présentent au même degré les signes auxquels se reconnaît une représentation collective. En effet, leur stabilité et leur impersonnalité sont telles qu’elles ont souvent passé pour être absolument universelles et immuables. D’ailleurs, comme elles expriment les conditions fondamentales de l’entente entre les esprits, il paraît évident qu’elles n’ont pu être élaborées que par la société.

Mais, en ce qui les concerne, le problème est plus complexe : car elles sont sociales en un autre sens et comme au second degré. Non seulement elles viennent de la société, mais les choses mêmes qu’elles expriment sont sociales. Non seulement c’est la société qui les a instituées, mais ce sont des aspects différents de l’être social qui leur servent de contenu : la catégorie de genre a commencé par être indistincte du concept de groupe humain ; c’est le rythme de la vie sociale qui est à la base de la catégorie de temps ; c’est l’espace occupé par la société qui a fourni la matière de la catégorie d’espace ; c’est la force collective qui a été le prototype du concept de force efficace, élément essentiel de la catégorie de causalité. Cependant, les catégories ne sont pas faites pour s’appliquer uniquement au règne social ; elles s’étendent à la réalité tout entière. Comment donc est-ce à la société qu’ont été empruntés les modèles sur lesquels elles ont été construites.

C’est que ce sont des concepts éminents qui jouent dans la connaissance un rôle prépondérant. Les catégories ont, en effet, pour fonction de dominer et d’envelopper tous les autres concepts : ce sont les cadres permanents de la vie mentale. Or, pour qu’elles puissent embrasser un tel objet, il faut qu’elles se soient formées sur une réalité d’une égale ampleur.

Sans doute, les relations qu’elles expriment existent, d’une manière implicite, dans les consciences individuelles. L’individu vit dans le temps et il a, comme nous l’avons dit, un certain sens de l’orientation temporelle. Il est situé à un point déterminé de l’espace et on a pu soutenir, avec de bonnes raisons, que toutes ses sensations ont quelque chose de spatial

Pour les mêmes raisons, l’espace que je connais par mes sens, dont je suis le centre et où tout est disposé par rapport à moi ne saurait être l’espace total, qui contient toutes les étendues particulières, et où, de plus, elles sont coordonnées par rapport à des points de repère impersonnels, communs à tous les individus. De même, la durée concrète que je sens s’écouler en moi et avec moi ne saurait me donner l’idée du temps total : la première n’exprime que le rythme de ma vie individuelle ; le second doit correspondre au rythme d’une vie qui n’est celle d’aucun individu en particulier, mais à laquelle tous participent

Puisque le monde qu’exprime le système total des concepts est celui que se représente la société, la société seule peut nous fournir les notions les plus générales suivant lesquelles il doit être représenté. Seul, un sujet, qui enveloppe tous les sujets particuliers est capable d’embrasser un tel objet. Puisque l’univers n’existe qu’autant qu’il est pensé et puisqu’il n’est pensé totalement que par la société, il prend place en elle ; il devient un élément de sa vie intérieure, et ainsi elle est elle-même le genre total en dehors duquel il n’existe rien. Le concept de totalité n’est que la forme abstraite du concept de société : elle est le tout qui comprend toutes choses, la classe suprême qui renferme toutes les autres classes. Tel est le principe profond sur lequel reposent ces classifications primitives où les êtres de tous les règnes sont situés et classés dans les cadres sociaux au même titre que les hommes

Une autre raison explique que les éléments constitutifs des catégories aient dû être empruntés à la vie sociale : c’est que les relations qu’elles expriment ne pouvaient devenir conscientes que dans et par la société. Si, en un sens, elles sont immanentes à la vie de l’individu, celui-ci n’avait aucune raison ni aucun moyen de les appréhender, de les réfléchir, de les expliciter et de les ériger en notions distinctes. Pour s’orienter personnellement dans l’étendue, pour savoir à quels moments il devait satisfaire aux différentes nécessités organiques, il n’avait nul besoin de se faire, une fois pour toutes, une représentation conceptuelle du temps ou de l’espace. Bien des animaux savent retrouver le chemin qui les mène aux endroits qui leur sont familiers ; ils y reviennent au moment convenable, sans qu’ils aient pourtant aucune catégorie ; des sensations suffisent à les diriger automatiquement. Elles suffiraient également à l’homme si ses mouvements n’avaient à satisfaire qu’à des besoins individuels. Pour reconnaître qu’une chose ressemble à d’autres dont nous avons déjà l’expérience, il n’est nullement nécessaire que nous rangions les unes et les autres en genres et en espèces : la manière dont les images semblables s’appellent et fusionnent suffit à donner le sentiment de la ressemblance. L’impression du déjà vu, du déjà éprouvé, n’implique aucune classification. Pour discerner les choses que nous devons rechercher de celles que nous devons fuir, nous n’avons que faire de rattacher les effets des unes et des autres à leurs causes par un lien logique, lorsque des convenances individuelles sont seules en jeu. Des consécutions purement empiriques, de fortes connexions entre des représentations concrètes sont, pour la volonté, des guides tout aussi sûrs. Non seulement l’animal n’en a pas d’autres, mais très souvent notre pratique privée ne suppose rien de plus. L’homme avisé est celui qui a, de ce qu’il faut faire, une sensation très nette, mais qu’il serait, le plus souvent, incapable de traduire en loi.

Il en est autrement de la société. Celle-ci n’est possible que si les individus et les choses qui la composent sont répartis entre différents groupes, c’est-à-dire classés, et si ces groupes eux-mêmes sont classés les uns par rapport aux autres. La société suppose donc une organisation consciente de soi qui n’est autre chose qu’une classification. Cette organisation de la société se communique naturellement à l’espace qu’elle occupe. Pour prévenir tout heurt, il faut que, à chaque groupe particulier, une portion déterminée d’espace soit affectée : en d’autres termes, il faut que l’espace total soit divisé, différencié, orienté, et que ces divisions et ces orientations soient connues de tous les esprits. D’autre part, toute convocation à une fête, à une chasse, à une expédition militaire implique que des dates sont fixées, convenues et, par conséquent, qu’un temps commun est établi que tout le monde conçoit de la même façon. Enfin, le concours de plusieurs en vue de poursuivre une fin commune n’est possible que si l’on s’entend sur le rapport qui existe entre cette fin et les moyens qui permettent de l’atteindre, c’est-à-dire si une même relation causale est admise par tous les coopérateurs de la même entreprise. Il n’est donc pas étonnant que le temps social, l’espace social, les classes sociales, la causalité collective soient à la base des catégories correspondantes, puisque c’est sous leurs formes sociales que des différentes relations ont, pour la première fois, été appréhendées avec une certaine clarté par la conscience humaine.

En résumé, la société n’est nullement l’être illogique ou alogique, incohérent et fantasque qu’on se plaît trop souvent à voir en elle. Tout au contraire, la conscience collective est la forme la plus haute de la vie psychique, puisque c’est une conscience de consciences. Placée en dehors et au-dessus des contingences individuelles et locales, elle ne voit les choses que par leur aspect permanent et essentiel qu’elle fixe en des notions communicables. En même temps qu’elle voit de haut, elle voit au loin ; à chaque moment du temps, elle embrasse toute la réalité connue ; c’est pourquoi elle seule peut fournir à l’esprit des cadres qui s’appliquent à la totalité des êtres et qui permettent de les penser. Ces cadres, elle ne les crée pas artificiellement ; elle les trouve en elle ; elle ne fait qu’en prendre conscience. Ils traduisent des manières d’être qui se rencontrent à tous les degrés du réel, mais qui n’apparaissent en pleine clarté qu’au sommet, parce que l’extrême complexité de la vie psychique qui s’y déroule nécessite un plus grand développement de la conscience. Attribuer à la pensée logique des origines sociales, ce n’est donc pas la rabaisser, en diminuer la valeur, la réduire à n’être qu’un système de combinaisons artificielles ; c’est, au contraire, la rapporter à une cause qui l’implique naturellement. Ce n’est pas à dire assurément que des notions élaborées de cette manière puissent se trouver immédiatement adéquates à leurs objets. Si la société est quelque chose d’universel par rapport à l’individu, elle ne laisse pas d’être elle-même une individualité qui a sa physionomie personnelle, son idiosyncrasie ; c’est un sujet particulier et qui, par suite, particularise ce qu’il pense. Les représentations collectives contiennent donc, elles aussi, des éléments subjectifs et il est nécessaire qu’elles soient progressivement épurées pour devenir plus proches des choses. Mais, si grossières qu’elles puissent être à l’origine, il reste qu’avec elles le germe d’une mentalité nouvelle était donné à laquelle l’individu n’aurait jamais pu s’élever par ses seules forces : dès lors, la voie était ouverte à la pensée stable, impersonnelle et organisée qui n’avait plus ensuite qu’à développer sa nature.

D’ailleurs, les causes qui ont déterminé ce développement semblent bien ne pas différer spécifiquement de celles qui en ont suscité le germe initial. Si la pensée logique tend de plus en plus à se débarrasser des éléments subjectifs et personnels qu’elle charrie encore à l’origine, ce n’est pas parce que des facteurs extra-sociaux sont intervenus ; c’est beaucoup plutôt parce qu’une vie sociale d’un genre nouveau s’est de plus en plus développée. Il s’agit de cette vie internationale qui a déjà pour effet d’universaliser les croyances religieuses. À mesure qu’elle s’étend, l’horizon collectif s’élargit ; la société cesse d’apparaître comme le tout par excellence, pour devenir la partie d’un tout beaucoup plus vaste, aux frontières indéterminées et susceptibles de reculer indéfiniment. Par suite, les choses ne peuvent plus tenir dans les cadres sociaux où elles étaient primitivement classées ; elles demandent à être organisées d’après des principes qui leur soient propres et, ainsi, l’organisation logique se différencie de l’organisation sociale et devient autonome. Voilà, semble-t-il, comment le lien qui rattachait tout d’abord la pensée à des individualités collectives déterminées va de plus en plus en se détachant ; comment, par suite, elle devient toujours impersonnelle et s’universalise. La pensée vraiment et proprement humaine n’est pas une donnée primitive ; c’est un produit de l’histoire ; c’est une limite idéale dont nous nous rapprochons toujours davantage, mais que, selon toute vraisemblance, nous ne parviendrons jamais à atteindre.

Ainsi, bien loin qu’il y ait entre la science d’une part, la morale et la religion de l’autre, l’espèce d’antinomie qu’on a si souvent admise, ces différents modes de l’activité humaine dérivent, en réalité, d’une seule et même source. C’est ce qu’avait bien compris Kant, et c’est pourquoi il a fait de la raison spéculative et de la raison pratique deux aspects différents de la même faculté. Ce qui, suivant lui, fait leur unité, c’est qu’elles sont toutes deux orientées vers l’universel. Penser rationnellement, c’est penser suivant des lois qui s’imposent à l’universalité des êtres raisonnables ; agir moralement, c’est se conduire suivant des maximes qui puissent, sans contradictions, être étendues à l’universalité des volontés. En d’autres termes, la science et la morale impliquent que l’individu est capable de s’élever au-dessus de son point de vue propre et de vivre d’une vie impersonnelle. Et il n’est pas douteux, en effet, que ce ne soit là un trait commun à toutes les formes supérieures de la pensée et de l’action. Seulement, ce que le kantisme n’explique pas, c’est d’où vient l’espèce de contradiction que l’homme se trouve ainsi réaliser. Pourquoi est-il contraint de se faire violence pour dépasser sa nature d’individu, et inversement, pourquoi la loi impersonnelle est-elle obligée de déchoir en s’incarnant dans des individus ? Dira-t-on qu’il existe deux mondes antagonistes auxquels nous participons également : le monde de la matière et des sens d’une part, le monde de la raison pure et impersonnelle de l’autre ? Mais c’est répéter la question dans des termes à peine différents ; car il s’agit précisément de savoir pourquoi il nous fait mener concurremment ces deux existences. Pourquoi ces deux mondes, qui semblent se contredire, ne restent-ils pas en dehors l’un de l’autre et qu’est-ce qui les nécessite à se pénétrer mutuellement en dépit de leur antagonisme ? La seule explication qui ait jamais été donnée de cette nécessité singulière est l’hypothèse de la chute, avec toutes les difficultés qu’elle implique et qu’il est inutile de rappeler ici. Au contraire, tout mystère disparaît du moment où l’on a reconnu que la raison impersonnelle n’est qu’un autre nom donné à la pensée collective. Car celle-ci n’est possible que par le groupement des individus ; elle les suppose donc et, à leur tour, ils la supposent parce qu’ils ne peuvent se maintenir qu’en se groupant. Le règne des fins et des vérités impersonnelles ne peut se réaliser que par le concours des volontés et des sensibilités particulières, et les raisons pour lesquelles celles-ci y participent sont les raisons mêmes pour lesquelles elles concourent. En un mot, il y a de l’impersonnel en nous parce qu’il y a du social en nous et, comme la vie sociale comprend à la fois des représentations et des pratiques, cette impersonnalité s’étend tout naturellement aux idées comme aux actes.

On s’étonnera peut-être de nous voir rapporter à la société les formes les plus élevées de la mentalité humaine : la cause paraît bien humble, eu égard à la valeur que nous prêtons à l’effet. Entre le monde des sens et des appétits d’une part, celui de la raison et de la morale de l’autre, la distance est si considérable que le second semble n’avoir pu se surajouter au premier que par un acte créateur. — Mais attribuer à la société ce rôle prépondérant dans la genèse de notre nature, ce n’est pas nier cette création ; car la société dispose précisément d’une puissance créatrice qu’aucun être observable ne peut égaler. Toute création, en effet, à moins d’être une opération mystique qui échappe à la science et à l’intelligence, est le produit d’une synthèse. Or, si les synthèses de représentations particulières qui se produisent au sein de chaque conscience individuelle sont déjà, par elles-mêmes, productrices de nouveautés, combien sont plus efficaces ces vastes synthèses de consciences complètes que les sociétés ! Une société, c’est le plus puissant faisceau de forces physiques et morales dont la nature nous offre le spectacle. Nulle part, on ne trouve une telle richesse de matériaux divers, portés à un tel degré de concentration. Il n’est donc pas surprenant qu’une vie plus haute s’en dégage, qui, réagissant sur les éléments dont elle résulte, les élève à une forme supérieure d’existence et les transforme.

Ainsi, la sociologie paraît appelée à ouvrir une voie nouvelle à la science de l’homme. Jusqu’ici, on était placé en face de cette alternative : ou bien expliquer les facultés supérieures et spécifiques de l’homme en les ramenant aux formes inférieures de l’être, la raison aux sens, l’esprit à la matière, ce qui revenait à nier leur spécificité ; ou bien les rattacher à quelque réalité supra-expérimentale que l’on postulait, mais dont aucune observation ne peut établir l’existence. Ce qui mettait l’esprit dans cet embarras, c’est que l’individu passait pour être finis naturaœ : il semblait qu’au-delà il n’y eût plus rien, du moins rien que la science pût atteindre. Mais du moment où l’on a reconnu qu’au-dessus de l’individu il y a la société et, que celle-ci n’est pas un être nominal et de raison, mais un système de forces agissantes, une nouvelle manière d’expliquer l’homme devient possible. Pour lui conserver ses attributs distinctifs, il n’est plus nécessaire de les mettre en dehors de l’expérience. Tout au moins, avant d’en venir à cette extrémité, il convient de rechercher si ce qui, dans l’individu, dépasse l’individu ne lui viendrait pas de cette réalité supra-individuelle, mais donnée dans l’expérience, qu’est la société. Certes, on ne saurait dire dès maintenant jusqu’où ces explications peuvent s’étendre et si elles sont de nature à supprimer tous les problèmes. Mais il est tout aussi impossible de marquer par avance une limite qu’elles ne sauraient dépasser. Ce qu’il faut, c’est essayer l’hypothèse, la soumettre aussi méthodiquement qu’on peut au contrôle des faits. C’est ce que nous avons essayé de réaliser.

William James, The Varieties of Religious Experience. James, op. cit. (p. 19 de la traduction française). V. plus haut, p. 329 et suiv. Une seule forme de l’activité sociale n’a pas encore été expressément rattachée à la religion : c’est l’activité économique. Toutefois les techniques qui dérivent de la magie se trouvent, par cela même, avoir des origines indirectement religieuses. De plus, la valeur économique est une sorte de pouvoir, d’efficacité, et nous savons les origines religieuses de l’idée de pouvoir. La richesse peut conférer du mana ; c’est donc qu’elle en a. Par là, on entrevoit que l’idée de valeur économique et celle de valeur religieuse ne doivent pas être sans rapports. Mais la question de savoir quelle est la nature de ces rapports n’a pas encore été étudiée. C’est pour cette raison que Frazer et même Preuss mettent les forces religieuses impersonnelles en dehors ou, tout au plus, sur le seuil de la religion, pour les rattacher à la magie. Boutroux, Science et religion, p. 206-207. V. plus haut, p. 542 et suiv. Cf. sur cette même question notre article : Représentations individuelles et représentations collectives, in Revue de Métaphysique, mai 1898. William James, The Principles of Psychology, I, p. 464. Cette universalité du concept ne doit pas être confondue avec sa généralité : ce sont choses très différentes. Ce que nous appelons universalité, c’est la propriété qu’a le concept d’être communiqué à une pluralité d’esprits, et même, en principe, à tous les esprits ; or cette communicabilité est tout à fait indépendante de son degré d’extension. Un concept qui ne s’applique qu’à un seul objet, dont l’extension, par suite, est minima, peut être universel en ce sens qu’il est le même pour tous les entendements : tel, le concept d’une divinité. On objectera que souvent, chez l’individu, par le seul effet de la répétition, des manières d’agir ou de penser se fixent et se cristallisent sous forme d’habitudes qui résistent au changement. Mais l’habitude n’est qu’une tendance à répéter automatiquement un acte ou une idée, toutes les fois que les mêmes circonstances la réveillent ; elle n’implique pas que l’idée ou l’acte soient constitués à l’état de types exemplaires, proposés ou imposés à l’esprit ou à la volonté. C’est seulement quand un type de ce genre est préétabli, c’est-à-dire quand une règle, une norme est instituée, que l’action sociale peut et doit être présumée. On voit combien il s’en faut qu’une représentation manque de valeur objective par cela seul qu’elle a une origine sociale. Cf. plus haut, p. 298. Les fonctions mentales dans les sociétés inférieures, p. 131-138. Ibid., p. 446. V. plus haut, p. 26. William James, Principes of Psychology, I, p. 134. On parle souvent de l’espace et du temps comme s’ils n’étaient que l’étendue et la durée concrètes, telles que peut les sentir la conscience individuelle, mais appauvries par l’abstraction. En réalité, ce sont des représentations d’un tout autre genre, construites avec d’autres éléments, suivant un plan très différent, et en vue de fins également différentes. Au fond, concept de totalité, concept de société, concept de divinité ne sont vraisemblablement que des aspects différents d’une seule et même notion. V. Classifications primitives, loc. cit., p. 40 et suiv.

Share on Twitter Share on Facebook