§ 4. — Il était écrit que le relèvement de ce petit peuple oriental des Moldo-Valaques ne pouvait se faire que par l’influence française et qu’il devait en recevoir les germes des directions les plus opposées. Tandis que, en temps de pais, l’influence française venait d’outre-Danube, de Constantinople, par l’intermédiaire des Grecs, — elle était apportée d’outre-Dniester, en temps de guerre, par les armées russes.
On sait que les Russes avaient fortement subi l’influence française pendant tout le XVIIIe siècle. Cest à cette inflence qu'ils durent d’arriver à se mettre au niveau des autres Etats civilisés et à prendre, peu à peu, conscience d’eux-mêmes. Déjà sous Pierre le Grand († 1725), le peuple russe, encore tout barbare, avait vu des ingénieurs, des officiers, des amiraux même, des artistes français ramenés par le tzar ou appelés de France. Sous Anna Ivanovna (1730-1744), après la prise de Dantzig (1734), qui fut le premier contact des deux peuples, on voit les Français étudiés avec curiosité, envie et admiration. Anna fait accrocher dans ses appartements le portrait du Français Plélo, tombé en combattant contre son armée, tandis que le poète favori de la cour, Trediakovski, pour célébrer la victoire des Russes, n’imagine rien de mieux que d’imiter l’ode de Boileau sur la Pris e de Namur. — Pierre le Grand, c’est encore surtout l’influence hollandaise, et Anna Ivanovna, l’influence allemande. C’est sous Élisabeth (1741-1762), que commence vraiment le règne de l’influence française. Cette impératrice, offerte jadis en mariage, tour à tour au duc de Chartres et à Louis XV, qui devait son trône à la réaction contre les Allemands, provoquée par l’ambassadeur français La Chétardie, lit tout ce qu’elle put pour franciser la Russie inculte, et pour se donner l’illusion de la vie de Versailles. « Jamais on n’arrachera la France de mon cœur ». Sa cour fut bientôt modelée à la française : les Razoumovski, les Schouvalov, les Yoronzov, les Dachkov, tous les dignitaires et tous les favoris s’habillaient à la française, mangeaient à la française, gesticulaient à la française, avaient leurs maisons pleines de meubles venus de France, parlaient et écrivaient le français comme leur propre langue. L'ambassadeur d’Élisabeth à Paris, le poète Antioch Cantemir, fils de l’ancien prince de Moldavie Démètre Cantemir, était en rapport avec Montesquieu, la princesse Dachkov écrivait à Diderot, Elisabeth elle-même était en correspondance avec Voltaire, qui écrivit la plus grande partie de son Histoire de Pierre le Grand d’après les documents fournis par le ministre et favori Schouvalov. Une Académie des beaux-arts et une Académie des sciences furent créées à Saint-Pétersbourg sur le modèle de celles de France et avec le con cours d’artistes et de savants français. La littérature du temps est toute française : les Antioch Cantemir et les Lomonosov imitent Boileau et la Pléiade. Au théâtre, on joue, en français ou en russe, des pièces françaises ou imitées du français. Bon nombre de jeunes gens sont envoyés à Paris pour y étudier la littérature, la médecine, et le chiffre de la colonie russe à Paris devint si considérable, vers le milieu du siècle, qu’on dut y bâtir la chapelle russe. — Pourtant l’influence française n’était pas encore dans son plein épanouissement.
Ce fut sous Catherine II (1762-1796) que les manières, les idées et la langue françaises achevèrent de se répandre dans les hauts rangs de la société russe. Si c’est la faiblesse, l'instinct en quelques sorte, en partie même I’ignorance qui pousse Elisabeth vers la France, c’est par un acte de volonté réfléchie, c’est à cause de ses connaissances étendues que Catherine favorise l’influence française et recherche le commerce d’un Voltaire ou d'un Diderot. Les « Instructions » pour la confection du „Nouveau Code », imprégnées des idées de Montesquieu et de Beccaria; l’institution de Smolna, pour jeunes filles, organisée d’après les instructions de Diderot et mise sous la direction d’une Française, Mme Lafond; la création d'une Académie littéraire d'après le modèle de l’Académie française; — sont autant de témoignages de son admiration pour la civilisation française. Elle appelle auprès d’elle Diderot, Mercier de la Rivière, Bernardin de Saint-Pierre; correspond avec Voltaire, Grimm, d’Alembert, Mme Geoffrin. Elle aime à être en relation — surtout de loin — avec ces philosophes qui tiennent son intelligence et sa curiosité en éveil, et « qui sont, en quelque sorte, les arbitres de la renommée en Europe ». Elle fait venir de France le sculpteur Falconnet pour exécuter la statue équestre de Pierre le Grand, et le professeur suisse La Harpe, partisan des idées de Rousseau, est chargé de l’éducation des héritiers du trône. Elle a un instant même l'idée de peupler les districts déserts de la Russie avec des colons français. En Russie, plus qu’ailleurs, tous ceux qui vivent dans l'entourage du souverain l’imitent en tout. Les Potemkine, les Platon Zoubov, les Nikita Panine, les Bezborokdo, les Ostermann, les Markov, les Galitzyne, les Ivan Betzky sont les représentants les plus célèbres, sous Catherine, de cette génération d'aristocrates francisés. Ils ont presque tous chez eux un secrétaire, un instituteur, un employé français, pas toujours bien traité, mais bien récompensé, et qui exerce sur eux une influence prolongée ; ces « outitcheli » deviennent toujours plus nombreux dans les maisons des grands aristocrates. Savoir le français, et, è plus forte raison, être Français, constituent un titre, des droits. Des littérateurs russes murmurent déjà contre cet envahissement de l’esprit étranger, mais c’est en français qu'ils se plaignent, ou dans des œuvres imitées du français. Von Vizin, pour lequel l’idiome russe est l’idiome riche et sonore par excellence, et qui regarde les Français comme des malveillants et des envieux à l’égard de la Russie, avait été élevé à Paris, et ses œuvres sont directement imitées du français.
Ces lignes suffisent, pour nous faire comprendre, dans une étude qui n’est pas consacrée à l’histoire de la civilisation chez les Russes, quel pouvait être l’état d’esprit et les idées sur la civilisation européenne, de ces maîtres intermittents des Principautés danubiennes. La lecture de l’Encyclopédie et les « outitcheli » laissèrent, paraît-il, dans leur esprit quelque chose de plus sérieux et de plus profond qu’on ne pourrait le croire au premier abord : une aversion toujours plus grande pour l’ancien état de choses, des tendances nouvelles, d’ailleurs encore vagues ; et comme conséquence dans la vie : l’idée de la tolérance religieuse, un vague sentiment de la dignité humaine, partant l’amélioration de la condition des serfs. Mais on remarque déjà un certain sentiment de méfiance, une vague conscience de la supériorité du peuple russe, qui s’opposent à ce que cette influence des idées nouvelles pénètre plus avant. Elle est restée essentiellement aristocratique, et ne s’exerce que sur l’élite de la noblesse et de l’intelligence russes. Encore n’affecte-t-elle, surtout chez les nobles, que les apparences les plus extérieures. Peut-être n’en vaudra-t-il que mieux lorsque les Russes seront appelés à exercer eux-mêmes une influence sur d’autres peuples encore moins avancés en civilisation, ayant plutôt des yeux que du raisonnement, plus près à s’attacher aux dehors brillants d’une civilisation qu’à ce qu’elle pourrait avoir de solide. Les Russes n’ont réussi qu’en partie à donner à ces peuples ce même vernis de civilisation qu’ils avaient acquis au contact des Français, mais s’ils s’étaient civilisés plus profondément eux-mêmes, peut- être ne leur auraient-ils rien pu transmettre, et peut-être la civilisation qu’ils y introduisirent fut-elle d'autant plus contagieuse qu’elle était chez eux-mêmes plus superficielle.
§ 2. — En effet, en même temps que les Russes s’assimilent la civilisation occidentale, ils agissent au dehors, ils développent leurs instincts de race, ils profitent des grands imbroglios et bouleversements de la politique européenne. S’ils empruntent des formes extérieures de civilisation, au fond ils restent Russes et veulent rester Russes. Peut-être même doivent-ils à l’influence étrangère d’avoir pris plus vite conscience d’eux-mèmes. Ces « francisés » sont poussés peu à peu, par le développement naturel de leur politique, à détruire ou à miner une à une les trois alliées séculaires de la France : la Suède, la Pologne, la Turquie. C’est qu’ils convoitent les deux mers qui bornent leur empire, ils veulent se rapprocher de l’Europe, la connaître, lui emprunter sa vieille civilisation, pour lui disputer ensuite la mission civilisatrice, ils veulent répandre l’orthodoxie dans le monde, et planter le signe de la croix là où il se trouvait avant l’invasion des barbares, à Constantinople. Or la Suède ferme la Baltique à leur commerce, la Pologne leur barre le chemin de l’Europe, la Turquie détient Byzance. La Turquie surtout semble destinée à être pour eux l’ennemie implacable : maîtresse de la mer Noire, elle a planté le croissant sur les basiliques chrétiennes de la ville de Constantin, elle détient sous le joug et dans la plus noire barbarie leurs frères de race ou de religion. — Aussi, dès que les Russes eurent tourné les yeux vers l’empire des sultans, leur conduite ne varia plus : car de ce côté s’imposait la direction de leur activité et de leurs efforts futurs. Ils avaient trouvé l’objet de leurs rêves : Constantinople ! Qu’ils combattent les Suédois ou fomentent des troubles en Pologne, ils ne perdent pas de vue un seul instant l’ancienne capitale des empereurs byzantins : c’est elle qu’ils visent, ils renonceraient à tout pour elle. Cest pourquoi ils se contentent bien d’une partie de la Suède, ils consentent à partager les dépouilles de la Pologne avec deux autres puissances, mais la Turquie, ils la veulent à eux tout entière ; ils ne souffrent même pas qu’elle ait d’autres ennemis qu’eux, et, souvent, on verra la Russie garder la neutralité ou même se précipiter au secours de la Turquie, quand elle sera attaquée par d’autres quelle, que ce soit l’Autriche, la France ou Mehemet-Ali. On sait sous quelles formes multiples cette haine de race irréconciliable s’est manifestée dans l’histoire. Jamais peuples ennemis n’ont étalé plus souvent leur haine, n’en sont venus plus souvent aux mains, n’ont fait durer leurs guerres plus longtemps. De toutes ces guerres, sauf la première, la Russie sort victorieuse. Au moment de la Révolution française, les Russes ont fait démolir les forteresses turques entre Boug et Dniester, ont chassé les Turcs au delà du Danube, se sont emparés de la Crimée, et les Tartares, qui faisaient autrefois la force du Sultan, se sont retournés, depuis cette occupation, contre lui ; la mer Noire est devenue presque une mer russe; la Russie a un agent ofliciel à Constantinople qui a le droit quasi-officiel de fomenter des troubles ; elle protège les chrétiens de l’Empire, jouit de toutes sortes d'avantages commerciaux, possède presque les Lieux Saints.
Dans cette marche maintes fois recommencée vers Constantinople, les Russes avaient besoin de s’assurer les sympathies des peuples balkaniques. Tous ces peuples étaient attachés aux Russes par la religion, quelques-uns étaient leurs frères de race. Le joug inintelligent et insupportable des Turcs leur facilita beaucoup la tâche. Enfin, des traditions, des superstitions populaires, des prophéties resserrèrent encore ces liens. De même que les Russes se crurent de bonne heure destinés à conquérir Byzance, et à protéger et répandre l'orthodoxie dans le monde, de même les petits peuples de religion grecque accueillirent de bonne heure la croyance que l’Empire de leurs maîtres serait ruiné et renversé par une nation blonde. Il est curieux de voir qu’en meme temps, les Turcs, après leurs premières défaites, se souvinrent d'une ancienne prophétie, d’après laquelle un peuple voisin détruirait leur Empire et les chasserait de l’Europe. Après la chute de Pologne, le prestige des Russes est à son comble chez les peuples balkaniques. Des émissaires russes parcouraient les Etats du Sultan en parlant partout d’affranchissement. Des prêtres serbes, grecs, monténégrins faisaient leurs études à Saint-Pétersbourg. A chaque annonce d’une guerre russo-turque, tous ces petits peuples se remuent; à chaque nouvelle d’une victoire russe, ils tressaillent de joie et tournent des regards confiants vers le Nord.
Parmi ces petits peuples, le premier que les Russes devaient rencontrer sur leur chemin, était le peuple moldo-valaque. Leur pays fertile était destiné à servir de théâtre aux guerres incessantes, ce sont ces provinces qui étaient toujours envahies en premier lieu et où les Russes prolongeaient le plus volontiers leur séjour. Nous avons vu quelle fut l’attitude de l’aristocratie moldave envers les Russes, pendant la guerre de 1771 où les Principautés apprirent pour la première fois à connaître leurs puissants voisins et quel traité Pierre le Grand conclut à Jassy avec cette aristocratie. Nous avons vu aussi les effets des occupations réitérées qui suivirent. Pourtant ces envahisseurs continuels et toujours plus exigeants, qui se servaient de la misère du paysan comme prétexte et de la corruption des boyars comme moyen pour s’implanter de plus en plus dans les Principautés, ces « libérateurs » dont les vraies intentions perçaient déjà à l’époque où Catherine II faisait adopter par les Boyars agenouillés devant son trône ses projets de réforme, et qui ne se retirèrent en 1812 qu’après avoir pris à leurs protégés la moitié de la Moldavie, la Bessarabie, — ces singuliers amis des Principautés roumaines, ne furent pas néanmoins sans leur rendre des services réels. Si les Principautés furent les seules provinces chrétiennes de la Turquie qui eurent le malheur de connaître de près les Russes, elles furent les premières aussi, et, pour longtemps, les seules à jouir des avantages de leur intervention, grâce à ce contact direct. Les Russes tâchèrent d’effacer, par l’habileté de leur diplomatie, les mauvais souvenirs qu’avait laissés le passage de leurs armées, — ces mêmes armées qui firent au pays tant de mal y répandirent, d'autre part, la civilisation française.
Autant on eut peur à Constantinople, autant la joie fut grande à Bucarest, en 1781, lorsqu’on apprit que, conformément à l’article XI du traité de Kaïnardji, les Russes allaient établir dans les Principautés un consul. Les Turcs employèrent tous les moyens de persuasion pour les en détourner. Il est presque touchant d’entendre leurs gémissements, de considérer tous les tons qu’ils emploient : — « Cela va coûter beaucoup d’argent, et pourquoi? Le commerce russe dans les Principautés est insignifiant... d’ailleurs, est-ce que les Moldo-Valaques ne savent pas tous le russe? » (sic !)... Puis, ils se lamentent sur leur propre sort. — « Les boyars, déjà insoumis par leur nature, ne sauront plus de qui ils sont les sujets... leur don d’intrigue n’est que trop connu... que le consul s’établisse au moins à Silistrie »... Le consulat fut créé en 1781 : sa résidence fut Bucarest, et ce fut un ancien « raïa », un Grec, qui occupa le premier la place. — Les prédictions du cabinet turc ne tardèrent pas à se réaliser. La maison du consul Lascarov devint le rendez-vous des principaux boyars, on y discutait les affaires politiques de la péninsule. Quatre ans seulement après son arrivée, une société secrète fut découverte : le hospodar de Moldavie Alexandre Mavrocordat et plusieurs boyars qui en faisaient partie s’enfuirent en Russie, où ils furent traités avec la plus grande distinction : le consul russe resta en place; tandis que, sur sa demande, le hospodar de Moldavie Constantin Moruzzi devait être destitué, pour ne l’avoir pas assez bien accueilli...
Pour le pays lui-même, la création du consulat fut plutôt un événement heureux. Il est vrai que maintenant, pour devenir hospodar, il ne suffit plus d’acheter tous les agents du Sultan, il faut déposer quelques centaines de bourses au consulat russe de Bucarest; il est vrai que le consul s’est fait le protecteur des étrangers résidant dans le pays, auquels il faut accorder tous les droits, et gagne à ce métier des centaines de milliers de piastres; il est vrai enfin que, s’il lui arrive d’étre mécontent, il prend tout de suite une attitude menaçante, et qu’il lui échappe même parfois le mot de « Sibérie. » ; — il n’est pas moins vrai que la Russie a tenu jusqu'à un certain point sa promesse. Par la voix de son consul de Bucarest, elle intervint maintes fois en faveur des Principautés. Ainsi, en 1802, le consul adresse une note au prince Alexandre Şuțu, l'invitant à réduire les impôts. Auprès du Sultan, les interventions sont bien plus fréquentes et les Russes n’en négligent pas une. En 1782, ils exigèrent que les Principautés fussent gouvernées conformément à la convention de 1774, que la Porte en fixât avec précision le tribut, qu’elle supprimât tous les abus qu’elle y avait introduits. Deux ans plus lard, sous la pression de la Russie, qui avait conquis la Crimée, le Sultan donnait un firman dont voici la teneur : suppression de tout ce qui excède le tribut ordinaire, les hospodars ne seront plus destitués sans motif plausible, le tribut sera versé par les agents du Prince à Constantinople, le Prince n’aura plus rien à payer lors de sa confirmation, ni lors du changement de vizir, défense au Turcs d’acheter des immeubles dans les Principautés, d'y faire paître leurs troupeaux, d’y molester les habitants; le tribut sera fixé d’une façon précise. — En 1801, lors des invasions de Pasvan-Oglou, la Russie intervint encore et le menaça d'avoir affaire à elle. — En 1802, elle profite de l’émigration en Russie de plusieurs boyars du pays, pour leur faire demander à Constantinople un prince à vie, la réduction du tribut au taux initial, le droit pour le pays d'avoir une armée de dix mille hommes. — La même année le Sultan est obligé d’émettre un hattischeriff où il accorde, en outre, aux hospodars le règne de sept ans, à la Russie le droit d’intervenir encore plus directement. — La guerre de 1806 n’eut d'autre prétexte que la violation des engagements du Sultan à l’égard des Principautés.
Mais les interventions réitérées des consuls russes ne furent pour les Principautés qu’un bienfait passager ; l’introduction de l’influence française par les armées Russes fut un avantage de conséquences plus durables.
§ 3. — Dès le milieu du XVIIIe siècle, mais surtout dans leurs dernières campagnes, de 1789 et de 1806, il y avait parmi les officiers russes, des militaires de toutes les nations : des Français, des Grecs, des Polonais, des Anglais, des Allemands. Tout ce monde-là s’entendait plutôt en français qu’en russe et parlait français avec les boyars du pays envahi. L’usage du français était tellement répandu et tellement constant parmi eux, qu'un officier allemand, Von Camphausen, de l’amée russe de 1789, publia, dans les premières années du siècle, un livre en allemand intitulé Observation sur la Russie, dans la préface duquel il nous apprend qu’il l'avait écrit d’abord en français, pour son usage personnel. Parmi tous ces étrangers, c’étaient encore les Russes qui l’emportaient par leur connaissance du français. L’éducation de la plupart de ces officiers avait été toute française. Presque tous nobles, ils avaient connu dans leur famille un « outitschel » qui leur avait fait lire l’ Encyclopédie et leur avait appris la langue de Voltaire. A « l’Ecole des cadets », ils avaient connu, les plus vieux, Levesque, professeur de littéralure, les plus jeunes, Clerc, professeurde déclamation. Ils avaient étudié le livre de Vauban sur les Fortifications, ou le livre de Saint-Rémy sur l’Artillerie. Au théâtre, ils avaient entendu les pièces de Racine et de Corneille, en français, au théâtre de Sérigny. Peut-être quelques uns d’entre eux avaient-ils épousé de ces jeunes filles de l’institution de Smolna, auxquelles Mme Lafond avait appris le français et que Catherine II dotait. Toujours est-il qu'ils attirèrent de plus en plus la jeunesse dans les Principautés et qu’ils y gagnèrent la sympathie des femmes, par leurs manières extérieures, par leur connaissance du français et par l’usage constant qu’ils en faisaient. C’est surtout leur manière de prononcer cette langue qui attirait l’admiration. Les sons variés des voyelles et des consonnes de l’alphabet russe, habituent le Russe, dès l’enfance, à vaincre toutes les difficultés de la prononciation. Il étonne même les Français par sa facilité à prononcer leur langue, il va jusqu’à faire illusion à qui l’entend prononcer une langue étrangère, — jusqu’à faire croire qu’il en pénètre toutes les nuances comme ceux qui la parlent depuis leur naissance. Ajoutez que les Russes apprenaient, surtout à l’époque où nous sommes, le français dès leur plus tendre enfance, qu’ils s’en servaient constamment, qu ils l’entendaient prononcer journellement autour d’eux, qu’il n’apprenaient même guère autre chose, que c’était pour eux la langue du monde et de la diplomatie. — Toutes ces questions n’occupaient guère, il est vrai, l'aristocratie moldo-valaque. La jeunesse, les femmes surtout, se laissaient tout simplement captiver et séduire par cette excellente prononciation du français. Si les Phanariotes donnèrent les premières leçons de français à l’aristocratie moldo-valaque, ce furent certainement les Russes qui leur en seignèrent à le bien prononcer. De langue officielle, le français devint de plus en plus la langue des salons, la langue familière des jeunes gens et des femmes dans leur srelations avec les envahisseurs. On trouvait même que les Russes parlaient presque mieux le français que les quelques Français, secrétaires ou instituteurs, qu’on avait connus personnellement : ils employaient un français plus recherché, ressemblant moins au langage ordinaire, plus proche de celui des lettres de Voltaire, ils affectaient d’en exagérer d’une façon charmante la prononciation. Il restera comme une sorte d'idéal pour ceux qui font leurs études dans les Principautés, jusque vers le milieu de notre siècle, de pouvoir « parler et prononcer le français comme un général russe. »
Bien prononcer le français ne fut pas la seule chose que les Russes apprirent aux Moldo-Valaques : ils leur apprirent aussi à danser. Ce fut encore « à la française », « à l’européenne ». — « Ces dames, écrira Langeron, un général français qui fit la campagne de 1800 — « ayant beaucoup d’aptitudes pour tout ce qu’elles veulent apprendre, parvinrent en un an à danser à merveille; lors que nous arrivâmes en Moldavie, elles ne savaient pas marcher ». Cela s’entend. Si l’on devait apprendre de quelque part à danser, ce devait être évidemment des militaires. Quand on ne se bat point, il faut bien s’amuser. Et les officiers russes s'amusèrent de leur mieux. Ils trouvèrent dans les Principautés toute une jeunesse séduite par leur exemple, tout un monde féminin amoureux de leur tournure. Il y en avait parmi eux qui savaient presque aussi bien danser que prononcer le français. Le général Milloradovilch était, parait-il, élève du « fameux Pic ».
Il aurait pu, nous dit le même Langeron, danser sur le théâtre, et surtout passe à merveille des entrechats très élevés... A Bucarest, dans les bals, il ne quittait jamais la place et sautait de manière à exciter l'admiration de tous les Vaiaques, qui marchent à peine, même quand ils dansent... Il avait fait accrocher dans son appartement son portrait portant l’inscription : « Miloradovitch, le sauveur de Bucarest ».
Langeron, aussi mauvais plaisant que méchante langue, se vante de lui avoir joué un bon tour, en transformant l’inscription, par un changement facile, en celle de « Sauteur de Bucarest ».
Avant les Russes, on ne connaissait dans les Principautés que les vieilles danses locales, souvenirs des mœurs romaines ou du contact avec les peuples balkaniques : la hora, où l’on danse en rond, le brîu, où l’on se prend par la ceinture et où l’on saute à tour de rôle et à qui mieux mieux, la bătut a où l’on frappe le sol de toutes ses forces, danses fougueuses, dans l’emportement desquelle on ouvrait portes et fenêtres, où l’on sortait dans la cour, dans la rue. — Bientôt toutes ces danses locales furent abandonnées et classées parmi les amusements d’« autrefois » ou parmi les amusements « populaires ». On adopta, à leur place, les « danses européennes » : les polonaises, les anglaises, les françaises, les valses, les polkas, les quadrilles. On apprit de cette façon à employer ses soirées ». Le mot même de « soirée » fut introduit, à cette occasion, dans la langue, et y resta. Auparavant, on n’employait pas ses soirées, on se couchait de bonne heure. Les veillées et les danses furent dans les Principautés l’œuvre des Russes. Pour apprendre à danser « à la française », « à l’européenne », on se donna beau coup de mal, et l’on fit souvent venir des maîtres exprès de Saint-Pétersbourg.
Mais les danses nécessitèrent la musiqne, nécessitèrent des accompagnements d’instruments. Avec la danse, les Russes introduisirent la musique européenne. On ne connaissait jusqu’alors que la musique lente et plaintive des tziganes ou la « metercheneà » turque, musique bruyante et discordante, qui fit tant rire lady Graven à la cour du hospodar Mavrogheni et que Langeron appelle dans ses Mémoires « la terrible musique ». Bientôt cette musique fit rire ou agaça les indigènes eux-mêmes. Les dames se mirent à cultiver « la musique de l’Occident » : dans quelques familles, on voit apparaître, à la fin du siècle, un piano, qu’on faisait venir de Vienne; les dames apprenaient à chanter, à jouer de la mandoline ». L’année 1788 marque une date dans l’histoire musicale de la ville de Jassy : on y entendit le premier concert ; il fut donné en présence du cneaz Potemkine, par des chanteurs et musiciens russes en l’honneur de laprise d'Otchakov. — Bientôt on prit le goût de la musique pour elle-même. Vers 1812, la princesse Ralu, fille du terrible hospodar Carageà, aimera la musique de Beethoven. - Mais les documents sont si rares, si vagues, en général si douteux sur tout ceci, qu il vaut mieux ne pas trop insister.
Pendant que la jeunesse et les femmes apprenaient à danser, à chanter ou à jouer de quelque instrument, les vieillards, les maris apprenaient des envahisseurs d’autres passe-temps moins innocents, d'autres manières d’employer leurs « soirées ». Nous voulons parler du jeu de cartes et des jeux de hasard en général, qui eurent malheureusement bientôt un grand succès auprès des esprits incultes des Principautés, et qui devinrent bientôt un fléau s’ajoutant aux autres vices de l’aristocratie moldo-valaque...
En revanche, les manières extérieures commencèrent à se policer. Les Russes séduisirent la haute aristocratie par la politesse exquise de leur manières, politesse qu’ils eurent la modestie d’appeler la « politesse française ». Cest sur cet article-là qu’on voulut surtout les imiter. On s’efforça dans les grandes familles de rivaliser avec eux de « politesse française ». Il est peu probable que ces dehors nouveaux répondissent à quelque changement intérieur. Il s'agissait d’être poli, non par respect d’autrui, pour ménager les susceptibilités du voisin, moins encore par devoir, mais tout simplement pour être à la mode, pour ressembler aux Russes, qui, peut-être, à cause de cela plaisaient tant aux femmes, et parce que cette politesse russe était une « politesse française ». Mais sans doute faudrait-il accorder plus d'importance qu'on ne le fait aux changements extérieurs. Peut-être amenèrent-ils plus souvent qu’on ne le croit une modification de l’intérieur, et tel qui ne change aujourd'hui que de manières changera demain peut-être d’âme. On en a la preuve dans les Principautés danubiennes. Les relations sociales devinrent en peu de temps plus faciles au sein de la classe aris tocratique, Ce fut surtout la condition de la femme qui changea de caractère. S’il est juste de dire que les Russes introduisirent un peu de trouble dans les familles et, par leurs épaulettes, leurs manières, leur prononciation du français, plurent malheureusement un peu trop, aux femmes moldaves et valaques, il est juste de dire aussi que la femme roumaine leur dut son premier relèvement, sa première émancipation. Peu à peu, après le départ des Russes, on vit sortir les jeunes filles de leurs harems grillés, on commença à les montrer à leurs fiancés un peu avant le jour même du mariage. On se préoccupa aussi de leur éducation; on leur apprit autre chose qu’à faire des confitures ou à élever des vers à soie; on fit venir pour elles des institutrices d’Italie, d’Allemagne, de France ». Savoir le français et le piano devinrent les deux articles indispensables de l’éducation d’une jeune fille, du moins dans les grandes familles : savoir bien ces deux choses, c’était le summum de l’éducation, cela constituait pour la jeune fille comme un brevet à la veille du mariage. — Dans la société, la femme commença à être respectée; dans l'intérieur, à être aimée davantage. On cessa d’attendre qu’une femme vous cédât la place, ou qu’elle vous laissât passer le premier. Les femmes furent admises à table avec les hommes. Il leur fut même permis dorénavant de recevoir et de rendre des visites. On n’exigea plus de la femme de se tenir debout devant son mari, elle osa occuper sur le divan la première place.
Les habitudes de la vie quotidienne se modifièrent aussi lentement; on se contenta d’abord d’introduire quelques changements dans le mobilier, — à côté des sophas, quelques chaises, au milieu de la chambre quelque table « à l’européenne », et sur les tapis qui ornaient les murs, à côté des portraits en tapisserie des pachas et des sultans, quelque peinture. — On se mit à faire bâtir : « Jassy, depuis la guerre de 1792 », écrit un contemporain, « s’embellit singulièrement ». Les maisons commencèrent à s’avancer jusqu'au bord de la rue, on plaça des colonnes à leur entrée. Quantité de maisons neuves, bâties toujours sans grand goût et placées encore un peu au hasard remplacèrent les vieilles habitations uniformes. On fit même venir exprès des architectes de Vienne, auxquels on demandait surtout de leur donner une certaine apparence extérieure.
Celte influence franco-russe ou plutôt russo-française dans les Principautés, au XVIIIe siècle, fut donc considérable, mais seulement en largeur, car elle resta pour l’instant essentiellement extérieure et superficielle. Sous cette seule forme, l’influence française aurait signifié peu de chose et n’aurait même pas valu une étude à part. Mais nous ne sommes encore que tout au début. Si cette influence est, pour commencer, toute superficielle, cela s’explique d’un côté par son intermittence, car les armées russes ne la répandirent qu’au moment des guerres, et de l’autre par l’état de civilisation inférieure aussi bien des initiés que des initiateurs. Ajoutons que cette influence est due exclusivement aux militaires, — de sorte qu’on peut dire que, si les Russes avaient imité superficiellement la France au XVIIIe siècle, les boyars moldo-valaques se contentèrent d’imiter superficiellement leurs représentants les plus superficiels.
Pourtant, il n’en est pas moins vrai que, grâce aux Russes surtout, à partir de la campagne de 1769, l’influence française fit un pas de plus dans les Principautés : si les Phanariotes avaient appris le français aux aristocrates moldo-valaques, les Russes leur apprirent à le bien prononcer, ce qui indique certainement un progrès, et d’autre part introduisirent chez eux les manières de l’Occident, ce qui en indique certainement un autre. Leur influence renforça donc celle des Phanariotes, qui se continua parallèlement à la leur.
Des deux Principautés, ce fut la Moldavie qui se prêta le plus à cette intluence russo-française. On se l’explique aisément par le voisinage. Ce furent les Moldaves qui connurent les premiers les Russes en 1711. La Moldavie était toujours la première province envahie en temps de guerre, c’était elle qu’on désertait en dernier lieu; elle constituait le plus souvent, le quartier général des armées russes et le théâtre de la guerre. C’est pourquoi on s’explique comment, même aujourd’hui, ce sont les Moldaves qui ont le plus d’aptitude à apprendre le français et qui ont le plus de respect pour les formes extérieures.
§ 4. — Les Russes ont encore contribué d’une manière indirecte, sans le vouloir, parfois à leur insu, à l’introduction « des mœurs de l’Occident » dans les Principautés. Ce fut en première ligne par la création du consulat, en 1781. Dans leurs relations diplomatiques avec les grands dignitaires du pays, les consuls russes de Bucarest et leur personnel se servaient du français comme langue officielle. — De plus, la cour d’Autriche, la cour de Prusse et la cour d’Angleterre, qui suivaient d’un œil jaloux les progrès des Russes dans la péninsule balkanique, ne tardèrent point à envoyer des représentants auprès des hospodars, pour surveiller les démarches du consul russe et pour protéger leur commerce dans ces provinces. Un an après la nomination de Lascarov, en 1782, l’Autriche nomma comme « secrétaire aulique pour les affaires du commerce en Valachie, Moldavie et Bessarabie » le sieur Raicevich, Ragusin, ancien secrétaire du prince de Valachie, Alexandre Ypsilanti. — Cinq ans plus tard, Frédéric-Guillaume II, le roi de Prusse, qui avait déjà envoyé, depuis trois ans, un agent officieux à Jassy, réussit à le faire agréer par la Porte et à lui faire donner le titre de consul. Nous verrons dans le chapitre suivant comment, sur ces entrefaites, et pour des considérations d’une autre nature, la France enverra
aussi un consul dans les Principautés. Enfin en 1802, « pour faciliter les relations de terre entre la Grande-Bretagne et la Turquie », un consul anglais fut également envoyé à Bucarest : rappelé après la paix de Tilsit, il fut rétabli en 1813...
Les mœurs ont changé depuis que les étrangers ont introduit le goût des arts et surtout depuis les dernières campagnes des Russes,
écrira un de ces consuls. Et un autre :
L’influence des résidents étrangers sur les indigènes fut considérable : Un grand nombre de coutumes barbares qui existaient auparavant ont été abolies; on a introduit des mœurs et des institutions qui avaient pour but de policer; et les manières extérieures des boyars se sont perfectionnées et ne sont plus indignes des nations les plus éclairées...
Si ces éloges sont peut-être exagérés, du moins les rapports fréquents que ces agents consulaires devaient entretenir avec la cour princière des Phanariotes et avec les dignitaires du pays nécessitaient l’emploi d’une langue européenne unique, et cette langue fut, à Bucarest et à lassy, encore une fois le français.
Les événements qui amenèrent le premier partage de la Pologne avaient jeté hors de ce malheureux pays une foule d’émigrés dont un grand nombre se réfugièrent dans les Principautés. C’étaient surtout des officiers : un certain nombre d’entre eux s’étaient établis, en 1768, dans la petite ville de Balta, à la frontière de la Bessarabie : une troupe de Cosaques Zaporojans, suivie d’un détachement russe, les poursuivit, les attaqua et démolit complètement la petite ville. Beaucoup d’officiers français étaient inscrits dans les cadres de l’armée de Pologne et étaient venus manifester par leur vaillance toute la sympathie de la France pour ce peuple infortuné qui avait eu des Français pour rois et qui avait pris depuis longtemps la civilisation française pour modèle. Viomesnil, Dumouriez, Dussaillans, Choisy avaient montré leur bravoure près du château de Cracovie, dont ils réussirent à s’emparer une fois. Bon nombre de ces officiers passaient par la Moldavie et la Valachie, où ils étaient parfaitement accueillis. Un certain M. de Châteaufort serait venu exprès en Valachie, au moment du premier démembrement de la Pologne, et s’y serait fait l’âme de la propagande pour les Polonais. Parmi ces officiers français, il y en a un surtout, dont le nom revient sans cesse dans les documents diplomatiques de l’an 1770. C’est M. de Valcroissant. D'abord au service du Sultan, il chercha petit à petit à reprendre sa liberté, pour se mettre à la tète d’un corps de confédérés polonais. Il va et vient de Pologne aux bords du Danube ; il écrit de Semlin à Choiseul lui-même; le roi lui envoya, en 1771, outre son traitement de huit mille livres, trente-six mille livres pour ses frais de guerre; et le ministre des Affaires étrangères disait de lui le 13 novembre 1770, à l’ambassadeur de Constantinople :
Si les autres projets de M. de Valcroissant réussissent, cet officier deviendra un homme précieux... M. de Valcroissant périra ou rendra des services importants à la Turquie : c’est là son horoscope. Qu’il devienne prince de Valachie ou non, je ne lui écrirai plus tant qu'il sera sur le Danube et au milieu du théâtre de la guerre...
Les bords du Danube paraissent donc avoir inspiré à M. de Valcroissant le projet de devenir hospodar de Valachie et lui avaient fait oublier un instant la cause polonaise. Il eut été bien curieux de voir son nom figurer au milieu des princes phanariotes du XVIIIe siècle. Il est à regretter qu’on sache si peu de chose sur le personnage M. de Valcroissant, avant ses projets bizarres, et que les documents ne parlent plus de lui à partir du 4 septembre 1771. Prisonnier en Russie, pendant six ans de sa jeunesse, on ne sait à la suite de quels malentendus, il s’était acquis l’estime des Puissances « à Varna; il était à Bar avec les confédérés polonais ». Blessé, décoré, honoré par les maréchaux du titre de général major au service de la République polonaise, il eut son quart d’heure de célébrité sur les bords du Danube. Son histoire ne saurait mieux se rattacher qu’aux machinations et aux progrès de la politique russe en Orient. Pourtant, il semble qu’il y ait eu dans ses discours, un peu d’exagération et de forfanterie, un peu d’orgueil et de vanité enfantine. Il finit par exaspérer l’ambassa deur Saint-Priest, qui ne veut plus le soutenir à Paris, où son étoile commença à pâlir a partir du mois de février 1771, et où elle s'éteignit tout à fait avec la disgrâce de Choiseul et son remplacement par M. d’Aiguillon aux Affaires étrangères.
Toute curieuse que soit l'histoire de M. de Valcroissant. ce brave officier n’est pas le seul, ni le premier Français qui ait brigué le trône de Valachie. Le chapitre suivant, qui traite des relations officielles de la France avec les Principautés danubiennes à la fin du XVIIIe siècle, et des précédents qu'on constate dans les siècles antérieurs, nous parlera d'un homme qui l’avait précédé dans cette voie.