CONCLUSION

J’ai fini. Après avoir montré au lecteur qui a bien voulu me suivre, le passé glorieux, héroïque et douloureux de la péninsule balkanique et lui avoir, je l’espère du moins, prouvé que les peuples qui viennent de se réveiller ne sont pas nés d’hier et possèdent eux aussi une histoire, je me suis efforcé de lui mettre sous les yeux quelques « vérités » sur les massacres qui ensanglantèrent la Macédoine et la Thrace. Je crois, ainsi que je l’ai déjà dit, qu’il ne faut pas en accuser exclusivement les Bulgares que l’on s’est trop souvent acharné à peindre sous les couleurs les plus noires, en les accablant sans hésitation après les avoir comblés d’éloges tandis qu’en 1912 ils étaient victorieux.

L’origine même du dernier conflit qu’ils sont censés avoir provoqué n’est nullement de leur fait, pas plus que de celui des Serbes, mais bien de celui de certaines puissances intéressées à la dissolution de l’Union Balkanique, et qui ont voulu, par la guerre de 1913 et le traité de Bucarest, séparer définitivement les anciens alliés. Le fossé ainsi creusé est-il impossible à combler ? J’ose en douter fortement, car je me permets de croire que Serbes et Bulgares qui n’ont entre eux aucun motif de haine comprendront que leur intérêt véritable est dans une entente loyale et complète, à laquelle ils pourraient aisément arriver si la Serbie occupait du côté de la dangereuse Albanie les territoires qui lui sont nécessaires et consentait vis-à-vis de la Bulgarie à une rectification de frontière en Macédoine. Il est, en effet, de toute nécessité pour Belgrade et Sofia de s’opposer à l’invasion germanique, si le tsar Ferdinand et le roi Pierre ne veulent pas voir leurs nations affaiblies, diminuées et morcelées par ce fléau, dont nous devons nous aussi nous préoccuper en tenant compte des paroles du général Von Bernhardi :

 

LES CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES
DE LA GUERRE

27 août.

 

Notre correspondant de Berlin télégraphie :

Dans le Tag, le général von Bernhardi précise en un long article les inconvénients économiques qu’aurait en temps de guerre la position géographique de l’Allemagne.

Nous ne sommes pas seulement menacés d’un désastre militaire, mais d’une catastrophe économique. On ne saurait trop insister sur ce dernier point. L’Allemagne, pour subvenir aux besoins de sa population, doit continuellement avoir recours à l’étranger. Sans doute, elle trouve sur son territoire environ 95 % de la viande que nous consommons, mais nous ne produisons pas de pain en quantité suffisante. Il nous manque environ 15 à 20 % de notre consommation annuelle. La situation de notre industrie est encore plus critique. Elle doit importer une bonne partie des matières premières dont elle a besoin. Notre industrie de l’acier importe annuellement 12 millions de tonnes de matières premières. Notre industrie textile a importé en 1909 pour 1.240.000.000 de marks de matières premières. Nos échanges commerciaux, importations et exportations, se sont élevés en 1911 à 18 milliards de marks. Sur cette somme, 13 milliards ont été échangés par mer.

Nous ne saurions donc nous dissimuler combien nous avons besoin de nous assurer qu’en cas de guerre, toutes les routes ne soient pas fermées. Or, il faut compter qu’au jour de la déclaration de guerre, l’Angleterre fermerait la Manche et instituerait le blocus de la mer du Nord entre les côtes de Norvège et celles d’Ecosse. La Méditerranée ne nous serait pas accessible, étant dominée par les escadres françaises et anglaises. Par terre, nous nous heurterions à l’ouest, à la France, et à l’est à la Russie. La Belgique et le Da-mark seraient probablement hostiles. La Hollande serait dominée par les canons anglais. Il ne nous reste plus que deux chemins : l’un par la voie de la péninsule balkanique, l’autre par la Suède et la Norvège. Le premier nous était assuré tant que la Turquie d’Europe était forte. Aujourd’hui, il nous serait vraisemblablement fermé par la Serbie et par la Grèce. Il n’y aurait rien d’impossible même à ce que la Serbie prît part à une guerre contre l’Autriche. Nous devons donc tâcher de passer par la Roumanie, la Bulgarie et Constantinople. Il n’est pas sûr que nous y réussissions.

Le second chemin par la Suède et la Norvège ne reste ouvert que si nous dominons la Baltique. Or, la Russie qui ne dispose actuellement que de forces médiocres dans cette mer, est en train de construire une flotte et, l’an prochain, quatre grands navires de guerre russes navigueront dans les eaux de la Baltique. Dans ces conditions, le chemin pourra être fermé à assez brève échéance.

En résumé, notre situation est dangereuse. Nous nous trouvons placés dans l’alternative d’augmenter notre puissance militaire à un degré tel que nous soyons sûrs du succès ou de renoncer à tout avenir. Il n’y a pas de choix : être une grande puissance mondiale ou s’abandonner à une irrémédiable décadence.

 

Soutenons donc Serbes et Bulgares qui, d’abord, sont nos amis, et ensuite, en dehors de toute question de sentiment, ont des intérêts vitaux absolument conformes aux nôtres. Des nations rénovées nous appellent ; commerce, industrie, armée.... nous accueillent mieux que tout autre ; enfin, ce grand principe des nationalités nous offre ici une splendide occasion de montrer encore à l’Europe que la grande France n’a pas changé  !

1

Marie-Jeanne Assen était fille du roi de Hongrie et de Yolande, princesse française, sœur de Beaudouin II.

2

Histoire de la Bulgarie, Guérin-Songeon, p. 293.

3

Voir chapitre VIII : « Question religieuse ».

4

Le roi de Serbie voulut secourir les Bulgares, mais fut accablé par les Turcs, et ce fut la Russie qui obligea ces derniers à faire la paix.

5

Ferdinand de Saxe-Cobourg-Gotha naquit à Vienne le 26 février 1861 du prince Charles-Auguste de Saxe et de Clémentine d’Orléans, fille du roi Louis-Philippe.

6

Stamboulof fut assailli le 15 juillet 1895, à 8 heures du soir, par plusieurs hommes qui le blessèrent affreusement au visage et aux mains. Il mourut trois jours après.

7

Voir chapitre II.

8

La question albanaise est brièvement traitée au chapitre II, quant à ses rapports avec la Serbie.

9

La Bulgarie a eu sur pied pendant a guerre :

490.000 hommes dans l’armée régulière
70.000 — dans les services des derrières de l’armée ;
70.000 — dans le train des équipages.

10

Il faut croire que cette appréciation ethnologique repose sur des bases plus sérieuses qu’elle ne le semble à première vue. Les indigènes des territoires occupés en effet par les troupes serbes après leurs victoires de 1912 et revendiqués par eux en mars 1913, sont beaucoup moins enthousiastes pour les vainqueurs de Kumanovo que ceux-ci ne veulent bien le dire. Quand on se renseigne auprès des habitants du pays, on constate que, sauf exception, ils se considèrent comme Bulgares et, tout en respectant le traité d’alliance conclu entre Belgrade et Sofia, ils manifestaient, au printemps dernier, une tendance générale, un sentiment profond et tenace d’attraction vers la Bulgarie et d’opposition contre la Serbie.

« Nous avons beaucoup souffert, répétaient à l’envi les gens de la ville (Okrida) ; mais au milieu de nos souffrances, notre seul espoir était que nous serions un jour réunis à la Bulgarie, notre patrie. Si la conférence des puissances devait donner à la Serbie notre pays et nos foyers, ce serait pour nous le dernier coup, nous n’aurions plus qu’une ressource : émigrer. »

Telles sont les paroles qu’entendit à Okrida M. Paul Scott-Mowrer et qu’il a répétées dans ses notes du Chicago Daily News et de l’Illustration. Les indigènes d’Okrida n’avaient donc aucune envie de devenir sujets serbes, bien que la Serbie soit indiscutablement un pays civilisé  ; et cette phrase d’un habitant de la petite cité à M. Stéphanof se passe de commentaires : « Eh ! dites-moi, comment cela va-t-il à Sofia ? Ils ne vont pas nous trahir avec les Serbes ! Nous ont-ils oubliés ? »

Mais il y avait encore mieux et je ne saurais rien trouver de plus typique que la lettre adressée par le lieutenant serbe à l’évéque bulgare d’Okrida lui notifiant d’avoir à ne mentionner dorénavant dans les prières de l’Eglise que les noms du roi Pierre et du prince héritier ; et même ce qui est plus curieux encore, c’est que le prélat recevait bientôt une seconde lettre lui demandant de rendre la première, ce qu’il refusa. Il est bien probable que les hautes autorités serbes ne furent pour rien dans l’incident qui n’est pas grave, et il est à supposer qu’elles ne se livrèrent pas à la petite enquête de M. Scott Mowrer qui lui révéla dans la ville huit écoles bulgares, une serbe et une valaque, et qu’elles crurent aux récits trop zélés peut-être de certains fonctionnaires ou officiers. Les habitants des régions environnant Okrida n’étaient pas seulement en conflit avec les Serbes, gens organisés, mais encore avec les Albanais qui occupent toutes les terres de l’Ouest et font encore de perpétuelles incursions sur les provinces voisines dans lesquelles ils laissent des traces... visibles à l’œil nu.

11

Il faut rendre à César ce qui est à César. Je tiens à spécifier que ces remarquables observations sur le conflit serbo-bulgare ne sont nullement de mon cru, mais de M. Ludovic Naudeau à qui je les emprunte ne pouvant trouver mieux à ce sujet.

12

Pour le commerce et l’industrie serbes, se reporter aux notes qui leur sont consacrées au chapitre XI.

13

La tutelle autrichienne s’exerça surtout jusqu’en 1905. Depuis sa rupture avec l’Autriche-Hongrie, la Serbie a changé la direction de ses produits et les a poussés par Salonique vers l’Italie et l’Egypte. Mais ce n’est pas suffisant !

14

Les objections italiennes reposent sur deux points : 1° caractère ethnologique des frontières demandées par la Grèce ; 2° raisons stratégiques ayant trait à la sécurité du canal d’Otrante. Or, l’armée grecque en s’avançant jusqu’à Tebelen n’a pas dépassé, paraît-il, les limites ethniques indiquées par la langue grecque et les écoles et églises grecques. Des habitants des régions situées au delà de la Voüssa ont même demandé au Diadoque (aujourd’hui roi) de faire avancer ses troupes jusqu’à Vallona et Bérat. Il y a en outre dans ce pays 2 diocèses grecs, 84 écoles, 151 églises et 8 couvents. Or, il est juste de dire qu’au point de vue albanais même, il est hasardeux de constituer un pays nouveau en lui désignant immédiatement des éléments hétérogènes.

15

séance de la Chambre hellénique en mars 1912. Journaux grecs de ce mois.

16

Si la Grèce se préparait comme le disait MM. Kalargis et Lambros à des concessions nécessaires, elle devait prévoir, sinon l’abandon d’une partie de l’hinterland de Salonique, au moins celui de Cavalla indispensable à la Bulgarie sur l’Egée. Eut-elle donc réellement cette intention ?

17

Nous examinerons ces projets dans les chapitres III et IX.

18

L’un des régiments de la 7e division, le 13e, a été détruit presque en entier à Kotchana.

19

Les détails techniques m’ont été communiqués officiellement.

20

Nous n’avons pu donner encore un aperçu de l’organisation militaire serbe : la durée du service militaire est en Serbie de 21 à 45 ans inclus (dix-huit mois de présence dans l’infanterie, deux ans dans la cavalerie). Les conscrits sont affectés aux armes diverses suivant leur situation de fortune. Les hommes font partie : du premier ban de 21 à 30 ans, du deuxième de 30 à 38, du troisième de 38 à 45. Avec le premier on a formé 5 divisions comprenant chacune 4 régiments d’infanterie à 4 bataillons et un de dépôt, 3 groupes d’artillerie et 3 escadrons de cavalerie. Avec les disponibilités du premier ban on a formé une division de cavalerie de 4 régiments, 1 groupe d’artillerie et tj régiments d’infanterie. Le deuxième ban a donné 5 divisions de 3 régiments d’infanterie (4 bataillons), 1 groupe d’artillerie et 3 escadrons de cavalerie Les officiers supérieurs sont presque tous des officiers de carrière, mais les contingents de ce deuxième ban sont uniquement formés de réservistes.

Le troisième ban a donné 7 régiments d’infanterie et 7 escadrons. L’armée serbe, qui était de 27.000 hommes en temps de paix, est montée à 340.000 en 1912 contre la Turquie. Les pertes serbes dans la dernière guerre furent de 30.000 hommes tués ou blessés, 10.000 malades (officiel).

21

Correspondant, 10 septembre 1913.

22

Remarque commentant le Mémoire du baron de Rosen.

23

Lire au sujet de l’alliance russe ce numéro du Correspondant et les notes complètes du baron de Rosen, que je ne puis donner ici entièrement.

24

A preuve, un article retentissant du mois dernier de M. Menchikoff, où il lance carrément par dessus bord les « petits frères slaves » (Note du commentateur des Mémoires de Rosen.)

25

La question macédonienne. — Je n’insisterai pas sur les origines anciennes de la question macédonienne, origines qui rentrent dans le domaine purement historique. La Macédoine, dont la population en majeure partie bulgare en plusieurs points, en partie serbe dans d’autres, était, sous le régime ottoman, soumise à la plus affreuse tyrannie, devant supporter à la fois les incursions des pillards albanais et les cruautés des Turcs. Exaspérés, les Macédoniens, que l’Europe ne voulut pas écouter, s’organisèrent eux-mêmes pour hâter leur délivrance. Un Haut Comité fut formé, qui résida à Sofia, avec, à sa tête, un ex-lieutenant, Boris Sarafoff, à qui succéda un professeur, M. Stoyan Mihailossky.

En 1902, ils soulevèrent la population macédonienne ; ayant échoué, ils recommencèrent en 1903 ; leur révolte ne réussit qu’à attirer de terribles représailles ottomanes. En outre, la Bulgarie, quoique sympathique à ses frères de race, ne voulait intervenir ni officiellement, ni secrètement, trouvant le moment inopportun. Et ce furent chaque année, jusqu’en 1912, des atrocités de plus en plus nombreuses commises sur eux !

Les Comités demandèrent soit le rattachement à la Bulgarie, soit l’autonomie de la Macédoine. Ils n’eurent pas de succès. Vint la victoire des alliés sur la Turquie. On ne parla plus d’autonomie et la Bulgarie réclama la plus grande partie de la Macédoine où vivait une population qui lui était attachée ; la guerre de 1913 changea complètement, et pour la seconde fois, les événements.

Comme nous le verrons plus loin, la moitié de la Macédoine revient à la Serbie, tandis que l’autre seulement est laissée à la Bulgarie qui a dû en céder une partie à la Grèce. La question albanaise préoccupe aujourd’hui l’Europe, mais elle est liée à la question macédonienne et on pourrait résoudre les deux en même temps, ainsi que nous le dirons d’ailleurs tout à l’heure.

26

Les Serbes reprochent surtout aux Bulgares d’avoir tué leurs prisonniers de guerre et leurs blessés. Je crois cette accusation sincère, mais je lui ajoute cette observation que « fusillés » est toujours sévère, mais n’est pas « massacrés  ».

27

Parmi les villages qui ont été les plus éprouvés je citerai Vinitza, Subnitza, Kavasdartzi, Oraovatz, Tremnik, Piperovo, et l’arrondissement de Vidin.

28

Que l’on ne croie pas que je fasse ici allusion en particulier à nos campagnes d’Indo-Chine, de Madagascar ou du Maroc. Je veux dire toutes les guerres modernes.

29

A Kisselez, près d’Egri-Palanka, que s’est-il passé  ? Il vaut mieux ne pas l’écrire ; à Tyrnovo, à Djéclilovo.....

30

Echo de Bulgarie, 12 juillet 1913.

31

Les anthartes sont des sortes de francs-tireurs obéissant à qui ils veulent et quand ils veulent.

32

Le docteur Rebreyend, de la Croix-Rouge française, a dit au sujet des massacres dont les Grecs accusaient les Bulgares à Koukouch : « Quand on parle des massacres de Koukouch, je me méfie, car à Koukouch il n’y a que des Bulgares ! Il faudrait qu’ils se soient massacrés eux-mêmes ! »

33

J’avoue ma complète incompétence en matière de faux de cette nature (si faux il y a).

34

A titre de précision, donnons la copie de la note adressée par le Ministère bulgare des Affaires étrangères aux légations des six grandes puissances à Sofia, le 4 août 1912.

Note adressée par le Ministère bulgare des Affaires Étrangères aux légations des six grandes puissances à Sofia, le 4 août 1913.

Au cours des combats récents, les troupes grecques se sont servies contre les soldats bulgares de balles dont les bouts sont coupés et portant des incisions de de diamètre et 4, 6, 5 de profondeur pratiquées au milieu de la partie sectionnée et produisant des ravages dans le corps humain dix fois plus graves que les balles ordinaires. Tandis que les plaies à la sortie de la balle grecque ordinaire après avoir traversé le corps humain ont d’habitude un diamètre de 6,5 égal au calibre du fusil grec, celles produites à la sortie des balles à bouts coupés atteignent 7 centimètres en diamètre ; donc, des ravages dix fois plus graves. Nombre de cas de ce genre ont été constatés par les médecins auprès de l’armée opérant contre les Grecs. Un procès-verbal a notamment été dressé ad hoc par trois médecins, dont deux sont des médecins étrangers.

L’effet de ces balles ainsi coupées et portant des incisions au milieu de la partie sectionnée s’explique comme suit : par suite du choc avec le corps humain, la balle coupée se déforme, tout en continuant son mouvement, tandis que l’air de la cavité pratiquée au milieu de la partie sectionnée agit, au moment de la déformation de la balle dans le corps humain, comme matière explosive produisant des ravages énormes.

L’emploi de pareilles balles étant prohibé par l’article 23 du Règlement concernant les lois et coutumes de la guerre sur terre, élaboré par la deuxième Conférence de la Paix à La Haye, en 1907, le Ministre Royal des Affaires étrangères proteste contre cette infraction commise par les troupes grecques et prie la Légation... de bien vouloir faire connaître les faits ci-dessus.

Les autorités militaires sont en possession des cartouches grecques contenant les balles en question.

35

Voir chapitre III. Question macédonienne.

36

Chapitre III.

37

En dépit de démentis assez vagues d’ailleurs, on affirme que, dans la nuit qui suivit le meurtre de Nazim Pacha, Enver Bey eut avec le baron de Wangenheim, ambassadeur d’Allemagne. une longue conversation.

38

L’influence française dont nous parlerons plus longuement au chapitre IX.

39

A lire, les belles et intéressantes pages de M. Rémond, dans son livre Avec les vaincus.

40

Kirdjali fut occupé le 22 août par les troupes régulières turques.

41

Saïd Halim-Mahmoud Chefket ayant été tué le 11 juin par des « Vengeurs » de Nazim-Pacha.

42

Voir chapitre m, p. 84.

43

Les financiers italiens déclarèrent officiellement qu’ils étaient prêts à soutenir la Turquie en prenant une grande quantité de bons du Trésor.

44

Écho de Paris, 23 août 1913.

45

Voir au chapitre III, ce que disait en effet le baron de Rosen sur l’alliance austro-russe et l’abandon des « petits frères slaves » ?

46

Le 3 septembre, au Baïram, Enver Bey refusa de saluer son adversaire politique Achmed Abouk-Pacha. Les efforts de Hourchid Pacha n’aboutirent qu’à exaspérer les deux hommes qui, des insultes, passèrent au revolver. Enver Bey reçut une balle dans le bras. L’ordre d’arrêter Abouk Pacha venu de Constantinople provoqua une échauffourée.

47

Signé le 3 mars 1878 par le tsar Alexandre II et le Sultan.

48

Tension immédiate des relations gréco-turques. La situation s’aggrave entre Athènes et Constantinople.

49

Le Temps du 10 septembre a publié les déclarations faites par le général Mustatza, chef de la 2e division de cavalerie roumaine qui a occupé Orhanié et Plewna, à un diplomate ottoman : le génézal Mustatza aurait constaté que les Bulgares faisaient subir à leurs prisonniers turcs de durs traitements, et lorsque ceux-ci réclamaient quoi que ce soit, les assommaient à coups de gourdins.

Ces déclarations sont sujettes à caution, ayant été faites à un diplomate ottoman et, en outre, le général Mustatza n’en avant jamais fait part officiellement ni à son gouvernement ni à aucun représentant de la presse. MM. de Pennenrun et Kann, qui ont été en Roumanie et ont fréquenté officiers et soldats roumains, ne racontent rien de semblable !

50

Voir au chapitre VIII.

51

Au sujet de la photographie publiée par M. Pierre Loti et représentant « le repêchage des prisonniers de guerre turcs jetés par les Bulgares dans le puits d’Andrinople », le Mir de Sofia fait remarquer que leurs uniformes impeccablement boutonnés, nullement déchirés, sans la moindre trace de boue sur eux, fait penser que nous sommes en présence de soldats couchés pour faire les « noyés ». L’un d’eux a même oublié d’enlever son fez. Les musulmans n’ôtent généralement pas leur fez, mais tout de même, quand on a passé un mois dans les eaux d’un puits, on n’en revient pas le fez sur la tête. »

52

Voir plus loin quelques opinions de RR. Pères catholiques français.

53

Sœur Gudule vient d’être décorée par le Gouvernement belge, ce qui prouve l’exactitude de ce rapport.

54

J’ai entre les mains le témoignage écrit que je cite.

55

Ceux qui s’intéressent aux questions militaires balkaniques doivent lire les remarquables articles de M. R. Kann dans le Temps.

56

Je rappelle, à titre de précision, que ces populations macédoniennes dont nous avons parlé au chapitre III ont manifesté mainte et mainte fois leur attachement à la Bulgarie. Les Bulgares auraient donc massacré leurs frères de race !

57

La Croix, 31 août 1913.

58

A rapprocher des déclarations du baron de Rosen. de la lettre de Sofia et des commentaires russes du chapitre III.

59

Le Temps, 2 septembre, télégrammes de Salonique.

60

Le slavon fut composé avec les dialectes du pays, le grec et plusieurs langues orientales.

61

Les Bogomiles, secte fondée par un certain Jérôme Bogomil vers 927. Ils proscrivaient le mariage, déclaraient non valables et absurdes les serments et admettaient le suicide auquel ils poussaient même quelquefois.

62

La question des chemins de fer orientaux va dans quelque temps prendre une place importante dans les préoccupations politiques austro-serbes, car on ne sait encore comment vont s’accorder les gouvernements de Belgrade et de Vienne, au sujet des lignes qui se trouvent aujourd’hui en Serbie et que les Serbes désireront posséder.

63

Nous avons vu au chapitre v les menées berlinoises à Constantinople, mais nous n’avons pu examiner comment l’Allemagne avait pu se créer une situation économique aussi considérable dans l’Empire ottoman. L’Allemagne n’était rien en Turquie il y a trente ans ; le fait vaut la peine d’être remarqué. Ce fut seulement en 1882 qu’une mission militaire prussienne fut envoyée au Sultan ; à la tête de cette mission se trouvait celui qui est devenu le maréchal Von der Goltz, qui jeta les premières bases de la politique allemande en Turquie en créant au commerce allemand, surtout au sujet des armements et fournitures militaires, un débouché d’autant plus intéressant pour nos voisins que cette expansion sur notre zone d’influence allait nous gêner très fortement. Le voyage de Guillaume II en 1898 augmenta sérieusement la force germanique en attirant aux projets de Berlin nombre de fonctionnaires et d’hommes d’Etat ottomans, et depuis l’expédition célèbre du Kaiser en Asie Mineure, ses sujets ont réussi à s’emparer de tous les chemins de fer ottomans, en organisant surtout l’affaire du Bagdad, qui constitue pour eux une question primordiale puisque l’acquisition complète de cette ligne, que nous venons de leur abandonner, leur permettra de poursuivre leur plan de jonction de Hambourg au golfe persique dont on voit facilement l’importance. Le chemin de fer du Bagdad a donné lieu à des discussions connues sur lesquelles d’autres que nous se sont déjà prononcés ; un des plus acharné ennemi du Bagdad allemand fut M. A. Chéradame, dont chacun doit lire les remarquables articles écrits à ce sujet depuis 1900. L’Allemagne veut bien nous laisser une ligne en Anatolie, dont le tracé serait le suivant (Temps, 4 octobre) : « La ligne partirait de Samsoun sur la mer Noire et remonterait la rivière Mederinak jusqu’à Ladik ; de là. un embranchement ira rejoindre le réseau allemand. De Ladik la ligne principale française se dirigera sur Tokad, nouvel embranchement vers les voies allemandes. De Tokad, elle gagnera Egin, troisième embranchement. Enfin, à Kharfurt, dernier embranchement d’une part sur Palu-Musiki et le lac de Van, d’autre part, sur Mezeré et Arghana-Maden. Les lignes des mines de cuivre d’Arghana resteront dans le réseau allemand. »

Parailleurs, la convention franco-turque de septembre 1913 nous assurerait un traitement spécial dans certains ports syriens et le droit de prolonger le chemin de ter d’Aleppo-Homs, au sud, pour lui faire rejoindre la ligne projetée de Jérusalem à Jaffa. Mais il n’est que temps de prendre des mesures sérieuses pour empêcher notre écrasement en Orient par l’invasion germanique.

64

Correspondant, 10 juillet 1913.

65

Matin, 9 septembre.

66

La Liberté rappelle un détail significatif pour les financiers français qui, sûrs de la paix et de l’ordre en Grèce, voudraient y envoyer leurs capitaux. Les glorieux principes de Postdam ont été éprouvés encore quand, en 1910, l’état major de la marine hellénique somma le roi Georges d’avoir à lui épargner sur l’heure le commandement à la prussienne du diadoque Constantin contre qui grandissait les menaces d’un pronunciamento où la dynastie tout entière faillit sombrer.

67

Le Cri de Paris donne au sujet des débuts du roi Georges en Grèce, et de M. Venizelos, de bien curieux aperçus. Les voici textuellement : « Lorsque les Grecs offrirent la couronne au roi Georges en 1863, leurs finances étaient dans un triste état. On promettait bien une liste civile au jeune souverain, mais il courait beaucoup de chances de ne pas la recevoir. Cependant les cabinets de Londres et de Paris insistaient pour qu’il prit possession de son trône au plus tôt. Il leur demanda de garantir au moins le pain quotidien sous forme d’une annuité fixe. D’un commun accord, la France et l’Angleterre s’engagèrent à lui verser chacune cent mille francs par an. Cette somme fut régulièrement payée jusqu’à ce jour, c’est-à-dire pendant cinquante ans. Nous espérons que cette même pension continuera à être payée au successeur du roi Georges et il y a des chances pour qu’il ne la refuse pas.

Nous sommes surtout convaincus qu’il restera reconnaissant aux deux gouvernements protecteurs qui ont assuré la « matérielle » à son père, tandis que son beau-frère Guillaume n’a donné qu’une dot médiocre à sa femme.

M. Venizelos vient de recevoir le grand cordon de la Légion d’honneur. Il y a moins de vingt ans, M. Venizelos n’était qu’un jeune et ardent avocat crétois à la Canée. Entre

deux plaidoiries devant les tribunaux turcs — qui acceptaient la langue grecque au prétoire — il conspirait avec ses confrères contre le Croissant.

A chaque prise d’armes, il partait pour la brousse, bardé de cartouches, le fusil à la main, excitant les palikares d’Apokorona et de Sphakia à la lutte contre l’oppresseur.

Avec un groupe de confrères il avait formé le Comité révolutionnaire crétois qui siégeait autour d’une table recouverte d’un drap noir, symbole du deuil de la patrie. Les consuls des puissances européennes évitaient ses conversations et ses récriminations contre la tyrannie turque. Les journalistes étrangers le considéraient comme un exalté dont il fallait se méfier. Aujourd’hui, c’est un grand homme d’Etat.

M. Romanos, ministre de Grèce à Paris, était un des membres les plus actifs du comité crétois d’Athènes. Aux premiers coups de fusil tirés dans l’île, on le voyait apparaître, en compagnie de deux ou trois patriotes, portant le salut de la patrie aux antharthes crétois. Les amiraux des flottes internationales eurent une fois l’occasion de le prendre et de l’embarquer sans égard sur le premier bateau en partance pour le Pirée en le priant de ne pas recommencer. Aujourd’hui, ils le saluent avec respect.

68

A. Muzet, Serbie, page 120. Ouvrage remarquable et que j’ai consulté avec fruit. C’est de M. Muzet que j’ai tiré une grande partie de ces renseignements.

69

Au lieu de laisser ainsi l’Allemagne s’emparer de produits dont nous avons besoin, il serait peut-être utile de chercher à porter nos efforts sur ce point et de nous fournir directement ainsi.

70

Une loi un peu différente que je n’ai pu me procurer, vu les troubles politiques des Balkans, donnera une plus grande liberté au concessionnaire bien qu’en augmentant, je crois, les droits de douane et de redevance à l’Etat.

71

« La mine de Phakalnitza en exploitation depuis 1908, renferme, dit M. Muzet, les minerais suivants : 1° La comité qui se présente en masses (nodules ou petites veines) ; 2° la trétraédrite ; 3° la chalcopyrite qu’on trouve en nodules avec les deux précédents et presque toujours sous forme d’imprégnations dans les parties galéneuses. »

72

La loi de 1906, faite dans un esprit trop nationaliste, n’accordait que peu de libertés et de facilités aux concessionnaires.

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