XI

En sortant de la chambre de Mlle Lucienne :

– Rien ne me retient plus à l’Hôtel des Folies, dit le commissaire de police à Maxence. Tout ce qui est possible sera fait et bien fait par le marquis de Trégars. Donc, je regagne mon logis et je vous emmène, j’ai de la besogne par-dessus la tête, vous me donnerez un coup de main…

Ce n’était rien moins qu’exact, ce qu’il disait là ; mais il craignait que Maxence, dont la tête était absolument perdue, ne commît quelque imprudence et ne compromît le succès de la mission de M. de Trégars.

Il s’efforçait de penser à tout, de livrer au hasard le moins possible, en homme qui a vu les entreprises les mieux combinées échouer faute d’une futile précaution.

Une fois dans la cour, il ouvrit la porte de la loge où les honorables époux Fortin délibéraient et échangeaient leurs conjectures au lieu de songer à se mettre au lit. Car ils étaient extraordinairement intrigués de tous ces événements qui se succédaient, et inquiets de tant d’allées et de venues. Et leur locataire, Lucienne, qui tout à coup se trouvait la sœur d’un marquis !…

– Je rentre chez moi, leur dit le commissaire, mais avant, écoutez une recommandation : vous ne laisserez monter personne, vous m’entendez bien, personne d’étranger près de Mlle Lucienne. Et rappelez-vous que je n’admettrais aucune excuse, et qu’il ne s’agirait pas de venir me dire après : « Ce n’est pas notre faute, on ne voit pas tous les gens qui entrent, » et autres niaiseries…

Il s’exprimait de ce ton dur et impérieux dont les hommes de police ont le secret, lorsqu’ils s’adressent à des gens que leur conduite a fait tomber sous leur dépendance…

– Nous allons fermer notre porte, répondirent les estimables hôteliers. Monsieur le commissaire peut être tranquille…

– Je le suis, parce que si vous veniez à me désobéir j’en serais averti, et qu’il en résulterait pour vous les plus graves désagréments… Outre que votre hôtel serait fermé sans miséricorde, vous vous trouveriez impliqués dans une très-mauvaise affaire…

La plus ardente curiosité flambait dans les petits yeux de la Fortin.

– J’ai bien compris tout de suite, commença-t-elle, qu’il se passait quelque chose d’extraordinaire…

Mais le commissaire lui coupa la parole.

– Je n’ai pas fini. Il se peut que ce soir ou demain il se présente quelqu’un qui vous demande des nouvelles de Mlle Lucienne…

– Et alors ?

– Vous répondrez qu’elle est au plus mal, et qu’elle n’a ni prononcé une parole ni repris connaissance depuis sa chute, et que certainement elle ne passera pas la journée…

L’effort que s’imposait la Fortin, pour garder le silence, donnait mieux que tout la mesure de la frayeur que lui inspirait le commissaire.

– Ce n’est pas tout, poursuivit-il. Dès que le quelqu’un en question se retirera, vous le suivrez sans affectation jusqu’à la porte de la rue, et vous le désignerez du doigt, tenez, comme cela, à un de mes agents qui se trouvera par hasard sur le boulevard…

– Et s’il ne s’y trouvait pas ?…

– Il s’y trouvera, rassurez-vous…

Les regards de détresse qu’échangeaient les honorables hôteliers n’annonçaient pas une conscience bien tranquille.

– C’est-à-dire que nous voilà en surveillance, gémit le sieur Fortin. Qu’avons-nous fait pour qu’on se défie ainsi de nous ?…

Lui répondre eût été plus long que difficile.

– Faites ce que je vous dis, insista durement le commissaire, et ne vous occupez pas du reste. Et sur ce, bonne nuit !…

Il avait raison de se porter garant de l’exactitude de son agent, car aussitôt qu’il sortit de l’étroit couloir de l’Hôtel des Folies, un homme passa près de lui qui, sans paraître s’adresser à lui ni seulement le connaître, dit à demi-voix :

– Quoi de nouveau ?

– Rien, répondit-il, sinon que la Fortin a le mot. La souricière est bien tendue, à toi d’ouvrir l’œil et de filer quiconque viendrait s’informer de Mlle Lucienne.

Et il pressa le pas, toujours suivi de Maxence, qui s’en allait comme un corps sans âme, torturé par les plus effroyables angoisses.

Comme le commissaire avait été absent toute la soirée, quatre ou cinq personnes l’attendaient à son bureau pour des affaires courantes. Il les expédia en moins de rien, après quoi, s’adressant à un agent de service :

– Ce soir, lui dit-il, vers neuf heures, dans un des restaurants du boulevard, une rixe a eu lieu… Un consommateur en a provoqué grossièrement un autre…

Vous allez vous rendre dans ce restaurant ; vous vous ferez expliquer ce qui s’est passé, et vous me saurez qui est au juste ce provocateur, son nom, sa profession, son domicile…

En homme accoutumé à de telles commissions :

– Peut-on avoir son signalement ? demanda l’agent.

– Oui. C’est un homme d’un certain âge déjà, tournure militaire, grosses moustaches, chapeau sur l’oreille…

– Un « crâneur », quoi ! Je vois ça d’ici.

– Eh bien ! allez, je ne me coucherai pas que vous ne soyez de retour… Ah ! j’oubliais : sachez aussi ce qu’on pensait ce soir à la petite Bourse de l’affaire du Crédit mutuel, et ce qu’on disait de l’arrestation du sieur Saint-Pavin, directeur du Pilote financier, et d’un banquier nommé Jottras…

– Peut-on prendre une voiture ?

– Prenez.

L’agent prit ses jambes à son cou, et il n’était pas hors de la maison, que le commissaire ouvrant une porte qui donnait dans un petit cabinet de travail, appela :

– Félix !

C’était son secrétaire, un garçon d’une trentaine d’années, blond, à l’air doux et timide, ayant dans sa longue redingote les allures d’un ancien séminariste. Il parut tout aussitôt.

– Vous m’appelez, monsieur ?

– Mon cher Félix, reprit le commissaire, je vous ai vu autrefois imiter fort joliment toutes sortes d’écritures…

Le secrétaire rougit, beaucoup sans doute à cause de Maxence, qu’il voyait assis près de son patron. C’était un garçon très-honnête, mais il est de ces petits talents dont on n’aime pas à s’entendre louer, et le talent de contrefaire l’écriture d’autrui est de ce nombre, par la raison que, fatalement et tout de suite, il éveille des idées de faux…

– C’est en m’amusant que je faisais cela, monsieur ! balbutia-t-il.

– Seriez-vous ici s’il en était autrement ? fit le commissaire. Seulement il s’agit cette fois non de vous amuser, mais de me rendre service.

Et tirant de son portefeuille la lettre arrachée par M. de Trégars à l’homme du restaurant :

– Examinez-moi cette écriture, reprit-il, et dites-moi si vous êtes de force à l’imiter passablement.

Étalant la lettre sous la lampe, en pleine lumière, le secrétaire resta bien deux minutes à l’étudier avec la minutieuse attention d’un expert. Et en même temps, il grommelait :

– Pas commode du tout !… Fichue écriture à contrefaire… Pas un trait saillant, pas un signe caractéristique !… Rien qui frappe l’œil et saisisse l’attention !… Ce doit être quelque ancien huissier qui a griffonné cela…

En dépit de ses préoccupations, le commissaire souriait.

– Vous pourriez bien avoir deviné, dit-il.

Ainsi encouragé :

– Enfin, je vais essayer, déclara Félix.

Il prit une plume, et après une douzaine de tentatives :

– Est-ce cela ? demanda-t-il, en tendant une feuille de papier.

Soigneusement le commissaire compara l’original et la copie.

– Ce n’est pas parfait, murmura-t-il, mais la nuit, l’imagination troublée par un grand péril… Ne faut-il pas risquer quelque chose, d’ailleurs…

– Si j’avais quelques heures pour m’exercer…

– Vous ne les avez pas… Allons, reprenez la plume, et écrivez de cette même écriture ce que je vais vous dire.

Et après un moment de réflexion, il dicta :

« Tout va bien. T… provoqué, se bat demain à l’épée. Seulement, notre homme, que je ne quitte pas, refuse de marcher si on ne lui compte pas deux mille francs avant l’affaire. Je ne les ai pas. Remettez-les au porteur, qui a l’ordre de vous attendre. »

Le commissaire suivait, penché sur l’épaule de son secrétaire, et le dernier mot écrit :

– Parfait ! s’écria-t-il. Vite l’adresse : Madame la baronne de Thaller, rue de la Pépinière…

Il est des professions qui éteignent chez ceux qui les exercent, toute curiosité. C’est avec la plus profonde indifférence et sans une question, que le secrétaire avait fait ce qu’on lui avait demandé.

– Maintenant, reprit le commissaire, vous allez, mon cher Félix, vous donner autant que possible la tournure d’un garçon de restaurant, et porter cette lettre à son adresse…

– À cette heure…

– Oui. La baronne de Thaller est en soirée. Vous direz à ses domestiques que vous lui apportez la réponse de l’affaire de tantôt. Ils ne comprendront pas, mais ils vous permettront d’attendre leur maîtresse chez le concierge. Dès qu’elle rentrera, vous lui remettrez la lettre, en disant que la réponse est attendue par deux messieurs qui soupent dans votre restaurant. Il se peut qu’elle s’écrie que vous êtes un drôle, qu’elle ne sait pas ce que cela signifie… c’est que nous aurions été prévenus.

En ce cas, déguerpissez sans demander votre reste. Mais il y a bien des chances pour qu’elle vous donne les deux mille francs, et alors il faudra vous arranger de façon à ce qu’on la voie bien vous les donner… C’est bien entendu ?

– Très-bien.

– En route alors, et ne perdez une minute. J’attends…

Loin de Mlle Lucienne, Maxence, peu à peu, avait été rappelé au sentiment de la situation, et c’est avec une curiosité mêlée d’étonnement qu’il regardait agir et s’empresser le commissaire de police.

L’excellent homme retrouvait son activité de vingt ans et cette fièvre d’espoir et cette impatience du succès qu’éteignent les années.

Il y avait si longtemps que cette affaire était sa constante préoccupation !…

Il n’était encore qu’officier de paix lorsqu’il avait eu l’occasion de soustraire Mlle Lucienne aux suites désastreuses d’une dénonciation infâme. De ce jour, il s’y était attaché, à mesure qu’il l’avait mieux connue.

Pour un homme de sa profession, confident obligé de toutes les hontes secrètes et de toutes les flétrissures ignorées, condamné à laver le linge sale d’une société corrompue, c’était un rare phénomène et digne d’étude que cette jeune fille d’une exquise beauté, livrée à elle-même, et qui conservait intact le pur sentiment de l’honneur, qui savait se défendre de toutes les séductions, résister à des tentations presque irrésistibles et repousser même les épouvantables suggestions de la misère et de la faim.

Dès cette époque, il s’était demandé :

– Qui donc peut lui en vouloir ? Qui donc gêne-t-elle ?

Mais il n’avait que de vagues soupçons. Plus tard seulement, lors de l’attaque de nuit, il avait eu la certitude d’une machination ayant pour but de se défaire de Mlle Lucienne.

Qu’y avait-il au fond de ce crime avorté ?…

– Je le saurai, dit-il, je saurai quels gens ont un si puissant intérêt à supprimer ma protégée.

Ce devint, en effet, sa préoccupation habituelle, quelque chose comme une de ces innocentes manies qui bouchent tous les vides de l’existence.

Quand il avait fait son métier, comme il disait, expédié toutes ces affaires banales, stupides, ridicules ou ignobles, qui sont du ressort d’un commissaire, c’est à l’énigme qu’il s’était juré de déchiffrer qu’il songeait.

Pour guider ses recherches, il n’avait rien que le récit que lui avait fait de sa vie Mlle Lucienne. C’était assez pour qu’il en tirât des déductions dont l’événement devait démontrer la justesse.

Aisément les hommes de police se laissent aller aux conjectures les plus aventurées. Ils ont vu si souvent l’impossible se réaliser, qu’il n’est pas pour eux de combinaisons inadmissibles. Les plus bizarres conceptions des romanciers ne sauraient surprendre des gens qui ont étudié les complications des intérêts, les écarts des passions, tous les vertiges de l’esprit et des sens.

– Lucienne a été abandonnée par ses parents, pensait le digne homme, c’est eux qu’elle gêne, et c’est eux qu’il s’agit de retrouver.

C’était aisé à dire, non à exécuter. Où prendre le bout de fil qui pouvait conduire à la vérité ?

Des recherches qu’il fit à Louveciennes n’amenèrent aucun résultat.

Après la Commune, lorsque Lucienne fut dénoncée en même temps que son amie Zélie et conduite à Versailles, alors seulement le brave commissaire eut un indice. On lui confia la lettre qui avait motivé l’arrestation. C’était peu de chose, pour le moment ; ce pouvait devenir décisif, car c’était un moyen de vérification.

C’est pourquoi, lorsque Van Klopen proposa à Mlle Lucienne de devenir en quelque sorte l’enseigne vivante de sa maison, le commissaire de police, combattant ses répugnances, la détermina à accepter cette offre.

Il était persuadé que parmi le « beau monde » qui fréquente le bois de Boulogne, elle rencontrerait ses parents, et qu’un mouvement de physionomie les trahirait.

Et chaque fois que Mlle Lucienne se rendait au bois, il faisait monter sur le siége, vêtu d’une livrée de valet de pied, un homme à lui, un observateur intelligent et subtil.

L’expérience ne devait pas être inutile.

Dès la fin de la seconde semaine, cet observateur était venu lui dire.

– Il est une femme qui, toutes les fois que sa voiture croise la nôtre, détourne la tête ou regarde Mlle Lucienne avec des yeux enflammés de haine et de colère… Cette femme est la baronne de Thaller.

Le commissaire, aussitôt, s’était procuré des lettres de la baronne et de son mari. Déception cruelle ! Leur écriture ne se rapprochait en rien de celle de la dénonciation.

Voilà exactement où il en était de ses investigations, lorsque Marius de Trégars, qu’il avait perdu de vue depuis plus de deux ans, vint lui confier la résolution qu’il avait prise de revendiquer la fortune de son père, et lui demander conseil.

En le revoyant, éclairé soudainement par sa ressemblance avec Mlle Lucienne :

– J’ai trouvé ! s’écria-t-il.

Et, en effet, grâce aux renseignements que lui apportait Marius, ce n’avait été qu’un jeu, pour lui, de remonter jusqu’à la marquise de Javelle, et de reconstituer le passé de Mme de Thaller.

Maître de la vérité, il n’avait plus qu’à rechercher les moyens de la démontrer, lorsque arriva le désastre du Crédit mutuel.

Il ne crut pas une minute à l’innocence de Vincent Favoral, mais il fut persuadé qu’il n’était pas seul coupable, que ce n’était pas à lui qu’était revenue la plus grosse part des douze millions volés, et qu’enfin il avait été dupe des mêmes gredins qui avaient, si audacieusement autrefois, dépouillé le marquis de Trégars…

– Et je le prouverai ! s’était-il écrié…

Il se voyait à la veille de tenir parole, et de là lui venait cette exaltation joyeuse dont Maxence s’étonnait.

– Maintenant que nous voilà seuls, reprit-il, examinons un peu nos pièces de conviction.

Ayant dit, il tira d’un carton la dénonciation qui lui avait été confiée, et il la rapprocha de la lettre arrachée par M. de Trégars à son adversaire.

Manifestement l’écriture était la même.

– Ce qui prouve, s’écria le commissaire, que ce n’est pas d’hier que l’homme suspect du grand salon est l’âme damnée de Mme de Thaller… Aux mêmes procédés, il m’avait bien semblé reconnaître les mêmes intrigants… Si M. de Trégars pouvait réussir !… D’un seul coup de filet, nous prendrions toute la bande !…

Le claquement de la porte brusquement ouverte lui coupa la parole. M. de Trégars entrait, tout essoufflé d’avoir couru :

– Zélie a parlé ! dit-il.

Et tout de suite, s’adressant à Maxence :

– Vous, mon cher ami, reprit-il, vous allez courir l’Hôtel des Folies

– Lucienne serait-elle plus mal !…

– Non. Ce n’est pas de Lucienne qu’il s’agit. Zélie a parlé, mais rien ne nous prouve qu’à la réflexion elle ne s’en repentira pas. Rien ne nous dit que l’idée ne lui viendra pas d’aller donner l’éveil. Donc, vous allez rentrer et ne pas la perdre de vue jusqu’au moment où j’irai la prendre, demain matin. Si elle voulait sortir, vous l’en empêcheriez.

Le commissaire avait compris l’importance de la précaution.

– Vous l’en empêcherez, fût-ce de force, insista-t-il. Et au besoin, je vous autorise à requérir l’agent que j’ai en observation devant l’Hôtel des Folies, et que je vais faire prévenir.

Maxence sortit en courant.

– Pauvre garçon, murmura Marius, je sais où est ton père ; maintenant qu’allons-nous apprendre ?…

Il avait à peine eu le temps de rapporter les renseignements qu’il venait d’obtenir de Mme Cadelle, lorsque reparut le premier des émissaires du commissaire de police.

– La commission est faite, dit-il, du ton de suffisance d’un homme qui a mené à bien une tâche difficile.

– Vous avez le nom de l’individu qui a provoqué M. de Trégars ?

– C’est un nommé Corvi, dont la réputation est faite dans toutes les tables d’hôte où il y a des femmes et où on taille un petit bac de santé après le dîner. Je ne connais que lui. C’est un mauvais gars, qui se donne pour un ancien officier supérieur de l’armée italienne…

– Son adresse ?

– Il demeure rue de la Michodière…, chez une dame qui loue des chambres meublées. J’y suis allé, le portier m’a répondu que mon homme venait de sortir avec un particulier de mauvaise mine, et qu’ils devaient être à un petit café borgne au coin de la rue. J’y ai couru, et, en effet, j’ai vu mes deux gaillards attablés devant des bocks…

– Ne nous glisseront-ils pas entre les doigts ?…

– Pas de danger, ils sont bouclés !…

– Comment cela ?…

– C’est une idée qui m’est venue. Je me suis dit : s’ils allaient filer ! Et tout de suite, je suis allé avertir des sergents de ville. Je suis alors revenu m’embusquer près du café. Justement on le fermait. Mes deux particuliers sont sortis, je leur ai cherché une querelle d’Allemand… et maintenant ils sont au poste, bien recommandés…

Le commissaire fronçait les sourcils.

– C’est peut-être beaucoup de zèle, murmura-t-il. Enfin, puisque c’est fait !… Vous êtes-vous informé de M. Saint-Pavin et du banquier Jottras ?…

– Je n’ai pas eu le temps, il était trop tard… Monsieur le commissaire oublie qu’il est près de deux heures.

Comme il finissait, le secrétaire qui avait été envoyé rue de la Pépinière reparut.

– Eh bien ? interrogea le commissaire de police, non sans une visible anxiété.

– J’ai attendu Mme de Thaller plus d’une heure, répondit-il. Quand elle est rentrée en voiture, je lui ai remis la lettre, elle l’a lue et m’a donné les deux mille francs que voici, en présence de plusieurs domestiques…

À la vue des billets de banque, le commissaire de police s’était dressé d’un bond.

– C’est fini ! s’écria-t-il de l’accent du triomphe, voilà la preuve qui nous manquait !…

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