Monsieur,—Il y a à peu près un an que notre commerce épistolaire a commencé, et j'ai grand regret que par des contretems de tout espèce il ait été sitôt interrompu. Vous m'avez donné trop de preuves de votre politesse pour que je ne sois pas à présent convaincu que vous n'avez reçu aucune des lettres que je vous ai écrites de Dresde, et que j'avois essayé de vous faire passer par la voie de votre ambassadeur à cette cour. Prêt a quitter la Saxe, je vous écrivis encor de Leïpzic, pour vous rendre compte de mon séjour en ce pays, et vous dire que la dissipation où j'y avois vécu forcément, ne m'avoit pas permis d'avancer beaucoup dans la traduction de votre histoire de la malheureuse famille des Stuarts. J'ai depuis été en Hollande, et, comme je l'avois prévu j'ai appris qu'un de ces auteurs, qui travaillent à la fois aux gages des libraires qui les employent, en avoit fait une de son coté, qui étoit toute prête à paroître. Vous pouvez aisément juger du découragement où une pareille nouvelle m'a jetté. La manufacture des livres de Hollande fait réellement grand tort à notre littérature Françoise. On y employe à traduire un excellent ouvrage des gens qui ne seroient bons qu'à travailler à la fabrique du papier.
FOOTNOTES:
[456:1] From the MSS. R.S.E.