L'Odyssée Scène 18 : La fin des prétendants

Alors Ulysse se débarassa de ses haillons et bondit vers le seuil, brandissant l'arc et le carquois.

« L'épreuve est enfin terminée, s'écria-t-il ; et maintenant choisissons une nouvelle cible, que personne n'a encore atteinte ! »

Ce disant, il décocha une flèche fatale à Antinoos, en train de soulever un grand gobelet à deux anses, pour y boire. La flèche lui perça la gorge et le renversa parmi les victuailles.

Quel tumulte irrité s'éleva, quand les prétendants virent tomber leur chef ! Ils cherchèrent des armes au mur, mais aucune n'était visible.

Ulysse leur lança un regard noir et s'écria : « Chiens, vous croyiez que je ne reviendrais jamais de Troie. Vous avez cru pouvoir être maîtres chez moi, faire la cour à ma femme et gaspiller mon bien. Vous ne craigniez ni les dieux, ni les mortels. Mais maintenant l'heure de la mort a sonné pour vous ! »

Les hommes blêmirent de peur. Seul Eurymaque trouva la force de parler.

« Si tu es vraiment Ulysse, tu as raison, dit-il. Mais tout est de la faute d'Antinoos. C'est lui qui voulait tuer ton fils et régner à ta place. Il est mort maintenant. Épargne le reste d'entre nous et nous parcourrons la campagne, rassemblant des troupeaux de moutons et de bétail et de l'or pour te dédommager de tout ce que nous avons détruit. »

« Eurymaque, dit Ulysse, même si vous me donniez toutes vos terres, cela ne m'empêcherait pas de vous tuer les uns après les autres, jusqu'à ce que ma vengeance soit complète. Donc, je vous le dis, défendez-vous ou fuyez si vous pouvez. »

À ces paroles, le coeur de tous les prétendants trembla.

« Renversez les tables, elles nous serviront de boucliers, cria Eurymaque. Tirez vos épées, mes amis. Ensemble nous le chasserons de la porte et nous irons chercher du secours en ville. »

Il bondit sur Ulysse, l'épée nue, mais Ulysse décocha une seconde flèche qui lui perça la poitrine. Son épée s'échappa de sa main et son front heurta le sol au moment où la mort lui obscurcissait les yeux.

Ensuite, Amphinomos se précipita sur Ulysse. Télémaque le frappa par derrière, de sa lance, qui le perça de part en part et l'abattit sur le sol.

Télémaque n'osa pas prendre le temps de retirer son épieu. Il courut chercher dans la réserve des boucliers, des lances et des casques pour lui-même et son père, n'oubliant pas des armes pour les deux serviteurs fidèles, le porcher et le pâtre.

Quand il revint, les morts s'entassaient : chaque flèche d'Ulysse en faisait un. Ulysse posa son arc contre une colonne, mit son bouclier et son casque, et saisit deux javelots. Puis ses trois amis et lui fondirent sur les prétendants, les massacrant jusqu'à ce que le plancher fût inondé de sang.

Seuls furent épargnés l'aède, qui avait été forcé de jouer et de chanter pour les prétendants, et le héraut Médon, depuis longtemps ami de Télémaque. Ulysse leur sourit, et les envoya attendre dans la cour, loin du massacre.

Tous les prétendants étaient morts. Ulysse fit le tour de la salle, pour être sûr qu'aucun ne s'était caché pour échapper à la mort. Puis il ordonna à ses serviteurs de sortir les cadavres et de nettoyer les tables, les sièges et les planchers.

On brûla ensuite du soufre pour purifier l'air, et Ulysse envoya sa vieille nourrice dire à Pénélope que son mari était de retour.

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