À Monsieur Pinaud.

Gentilly, 9 juin 1823.

Monsieur et bien cher confrère,

Notre excellent Jules de Rességuier m’a montré votre lettre, et tout ce qu’elle contient de tendre et d’aimable pour moi m’a vivement touché. Je n’ai pas été moins sensible au sentiment qui vous a inspiré de prononcer mon nom dans votre mémorable séance ; vous avez voulu que quelque chose de l’éclat ajouté par une auguste spectatrice à l’antique fête des fleurs rejaillît jusque sur moi. Je vous en remercie. Vous avez encore plus touché mon cœur que flatté mon orgueil.

Mandez-moi, de grâce, si vous avez reçu la seconde édition de mes Odes, ainsi qu’un autre mauvais ouvrage en quatre volumes, intitulé Han d’Islande'. J’avais chargé, il y a bien longtemps, mon ancien libraire Persan de vous adresser ces ouvrages que j’envoyais également à l’Académie. Cet homme a fait banqueroute depuis, et ayant découvert plusieurs omissions dans les commissions dont je l’avais chargé, je voudrais m’assurer qu’il ne vous a pas compris au nombre de ses oublis intéressés.

Adieu, monsieur et excellent confrère ; ma femme, qui avance heureusement dans sa grossesse, partage les sentiments profonds d’amitié sincère que vous porte votre très humble serviteur et indigne confrère

Victor-M. Hugo.

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