Au général Hugo.

Ce 1er juillet 1823.

Mon cher papa,

C’est mon bon petit cousin Adolphe Trébucher qui te remettra cette lettre, où tu trouveras le reçu de M. Esquirol. Nous n’avons pas encore pu voir notre pauvre Eugène à Saint-Maurice ; il faut une permission, et il est assez difficile de l’obtenir. Abel a, du reste, obtenu, en attendant, de ses nouvelles qui sont loin malheureusement d’être satisfaisantes ; il est toujours plongé dans la même mélancolie ; il a pendant quelque temps refusé toute nourriture ; mais enfin la nature a parlé, il a consenti à manger. Le traitement qu’il subit n’exige pas encore, à ce qu’il paraît, un supplément de pension ; quand cela sera nécessaire, on nous en avertira.

Ces détails me navrent, cher papa, et il me faut toute la joie de ton prochain retour pour ne pas me livrer en ce moment au désespoir.

M. Foucher et Abel vont bientôt t’écrire. Moi-même je me hâterai de te transmettre tout ce que l’état de notre cher malade offrira de nouveau.

Adieu, cher papa ; il est inutile de te recommander cet Adolphe que nous aimons tous comme un frère ; je crois qu’il désire vivement voir Chambord, et ce sera pour lui, comme pour toi, une joie de passer quelques jours à Blois si l’urgence de son voyage le lui permet.

Je t’embrasse tendrement pour moi et mon Adèle ; présente nos hommages empressés à notre belle-mère qui, nous l’espérons, est rétablie.

Ton fils soumis et respectueux,

V.-M. H.

Share on Twitter Share on Facebook