À Victor Cousin, Membre du Conseil de l’Instruction publique.

Je viens, mon cher et honorable ami, vous rappeler la promesse que vous m’avez bien voulu faire. Si je n’étais assez malade, c’est en personne que j’irais vous en entretenir. Voici ce dont il s’agit. Vous avez été assez bon pour me faire espérer une chaire de philosophie en province pour M. Noël, avocat. C’est un jeune homme très lettré et de la plus réelle distinction. C’était un de vos auditeurs les plus assidus. L’occasion se présente aujourd’hui d’acquitter la bonne parole que vous m’avez donnée. La chaire de philosophie est vacante au collège de Saint-Omer. M. Agnaut, principal du collège, est précisément le beau-frère de M. Noël. Il l’a présenté comme candidat. J’appuie donc sa demande près de vous de la manière la plus instante, et, n’est-ce pas, avec tout espoir de succès. J’attends de votre amitié un mot de réponse. M. Noël est en ce moment en vacance chez ses parents à Calais. Est-il nécessaire, pour le succès de sa demande, qu’il vienne à Paris ? Si l’on pouvait sans inconvénient lui épargner ce déplacement, soyez assez bon pour me le dire. Mais surtout, puisque sa nomination dépend de vous, répondez-moi un bon oui. Je vous assure que jamais vous n’aurez donné emploi à un esprit plus grave, plus intelligent, plus laborieux, plus sincère. C’est un service de plus que vous rendrez aux lettres et à l’enseignement et je vous saurai gré de cette nomination du fond du cœur.

Votre ami,

VorHugo.

9, rue Jean-Goujon, Champs-Élysées.

Paris, 3 novembre 1830.

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