À Mademoiselle Mars, rue Saint-Lazare.

6 janvier 1831.

Je reçois, madame, une lettre de Paul où il me fait part d’une conversation qu’il a eu l’honneur d’avoir hier avec vous relativement à Marion de Lorme. Je m’empresse de vous envoyer les explications que vous lui avez semblé désirer. Je n’ai qu’un souhait, madame, c’est de vous voir dans Marion de Lorme. Vous avez donné une si admirable couleur au rôle de doña Sol qu’il m’est impossible de ne pas songer souvent au parti que vous tireriez de Marion. Vous avez ensuite été si excellente pour moi qu’il m’est doux de penser que je pourrais vous témoigner quelque chose de ma reconnaissance en mettant à vos pieds ce rôle que vous avez la bonté de désirer. Je vous le réserve donc, et vous pouvez savoir que j’ai refusé tout ce qui m’a été proposé d’autre part.

J’ai donc toujours l’espérance de vous voir jouer Marion. Cependant, vous le savez, madame, les obstacles qui m’ont arrêté, ceux du moins qui sont relatifs à la composition actuelle de l’administration du théâtre et à sa situation, subsistent. On me fait espérer qu’ils disparaîtront bientôt, c’est-à-dire que la société sera dissoute et le théâtre mis en entreprise. Alors, madame, j’accourrai à vous, si vous voulez toujours de moi.

Je compte vous aller voir bientôt. Ma première sortie sera pour vous. J’achève en ce moment un travail très pressé. Permettez-moi, en attendant, de vous baiser la main et de mettre mes hommages et mon admiration à vos pieds.

Victor Hugo.

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