À Chateaubriand.

Décembre 1840.

Après vingt-cinq ans, il ne reste que les grandes choses et les grands hommes. Napoléon et Chateaubriand. Trouvez bon que je dépose ces vers à votre porte. Depuis longtemps vous avez fait une paix généreuse avec l’ombre illustre qui les a inspirés.

Permettez-moi de vous les offrir comme une nouvelle marque de mon ancienne et profonde admiration.

Victor Hugo.

Eugène Pelletan avait publié, en signant « l’Inconnu », un article sur les Rayons et les Ombres, dans la Presse du 4 juillet 1840. Eugène Pelletan, venu à Paris pour y faire son droit, l’abandonna pour les lettres, l’histoire et la philosophie. Dès 1837 il publia des articles de critique dans la Nouvelle Minerve, puis entra à la Presse où, sous le pseudonyme de l’Inconnu, il fit paraître un feuilleton de critique sur les livres nouveaux. Ami de Lamartine, il acclama la république de 1848, mais combattit les écoles socialistes.
Sous l’empire il collabora au XIX e Siècle, il fut élu député de la Seine en 1863, dans les rangs de l’opposition démocratique. À la chute de l’empire, il devint membre du gouvernement de la Défense nationale, puis en février 1871 député des Bouches-du-Rhône. — Sénateur le 30 janvier 1876 et questeur en 1881. Il publia dix-sept volumes d’histoire et de politique.
Directeur de l’institution Jauffret où Charles et François-Victor étaient internes. Proviseur du collège Charlemagne.

Bibliothèque Nationale. — Cette lettre est écrite sur la page restée libre de la lettre suivante :
Je veux vous serrer la main aujourd’hui, Monsieur, et me trouver un moment proche de ce cœur de père bondissant de joie et d’orgueil. Il y a dans votre vie bien des instants de plus de gloire, de plus d’enivrement : y en a-t-il eu un seul de plus de bonheur ?

A. Poirson.

Inédite. — James Pradier, grand prix de sculpture en 1813, fut célèbre dès son retour de Rome. Chaque exposition lui valut un nouveau succès ; on a de lui à Versailles, aux Tuileries, aux Invalides (les Victoires au tombeau de Napoléon), place de la Concorde (Strasbourg et Lille), des statues que l’on admire encore. Victor Hugo prit souvent la défense de Pradier contre Thiers, notamment à propos du couronnement de l’Arc de l’Étoile (Revue de Paris, juillet-août 1834) par deux articles non signés, mais identifiés par une lettre de Victor Hugo au secrétaire de la Revue de Paris. Claire était la fille de Pradier et de Juliette Drouet ; le sculpteur avait fait demander à Victor Hugo de payer la pension de Claire. Les Contemplations contiennent plusieurs poésies sur Claire Pradier. Lettre inédite, communiquée par Mlle Hélène Holzmann, d’après une copie faite par Juliette Drouet. Émile Deschanel, après de brillantes études, fut professeur de rhétorique dans divers lycées ; il devint, en 1845, maître de conférences à l’École Normale ; mais en 1851, un écrit : Catholicisme et socialisme, provoqua sa destitution. Il combattit alors dans la presse républicaine militante et fut exilé en décembre 1851. Il vécut en Belgique du produit de conférences publiques qui obtinrent un grand succès. Après l’amnistie de 1859 il rentra en France et devint rédacteur au Journal des Débats et au National. Député en 1876 et sénateur en 1881. — Émile Deschanel, dès ses débuts, trouva chez Victor Hugo un appui dans sa carrière de professeur. C’est grâce à lui qu’il revint de Bourges à Paris et fut nommé au lycée Charlemagne. Leurs relations gagnèrent en cordialité pendant l’exil et leur correspondance, dont nous trouvons encore trace en 1869, témoigne d’une longue et inaltérable amitié. Mme Ménessier-Nodier, fille de Charles Nodier. Mme Émile de Girardin (Delphine Gay), débuta à dix-neuf ans en 1823 dans la Muse Française et publia de nombreuses poésies qui eurent un grand succès ; en 1831 Delphine Gay épousa Émile de Girardin et fit paraître alors plusieurs nouvelles poésies élégiaques ; à la fondation de la Presse en 1836, elle signa, du pseudonyme : Vicomte de Launay, des feuilletons hebdomadaires de critique vive et spirituelle. Elle publia aussi plusieurs romans et, à partir de 1839, des drames et des comédies, dont une : La joie fait peur, est restée au répertoire du Théâtre-Français. — Mme de Girardin fut pour Victor Hugo une amie dévouée ; à partir de l’exil du poète, elle lui écrivit fréquemment et alla même le voir Jersey. Quand elle mourut, en 1855, il lui consacra deux poésies, une qui parut dans les Contemplations et une autre qui fut insérée dans Toute la Lyre en 1893. Louis Boulanger. Archives de la famille de Victor Hugo. Archives de la famille de Victor Hugo. Archives de la famille de Victor Hugo. Archives de la famille de Victor Hugo. Archives de la famille de Victor Hugo. Archives de la famille de Victor Hugo. Bibliothèque Nationale. Bibliothèque Nationale. Archives de la famille de Victor Hugo. Archives de la famille de Victor Hugo. Archives de la famille de Victor Hugo. Archives de la famille de Victor Hugo. Inédite. Le 15 décembre 1840, les restes de Napoléon, ramenés de Sainte-Hélène, étaient transportés aux Invalides ; Paris avait été décoré d’emblèmes et de drapeaux sur tout le trajet que devait parcourir le char funéraire. Le Retour de l’Empereur, publié en décembre 1840 et inséré en 1883 dans la dernière série de La Légende des Siècles.

Correspondance de Thiers. Bibliothèque Nationale. Nouvelles acquisitions françaises. — Thiers répondit le 16 décembre :
Mon cher Monsieur Hugo, je vous remercie de vos beaux vers. Ils m’ont fortement remué. Je garderai la lettre qui les accompagne, car les sympathies d’un homme tel que vous consolent de bien des traverses. J’espère que nous serons le mois prochain en majorité suffisante et que nous vous mettrons où vous devriez être depuis si longtemps (à l’Académie).
Adieu, mille amitiés.

A. Thiers.


Venez me voir plus souvent.

Le Retour de l’Empereur.

Chateaubriand fit à Victor Hugo la réponse suivante :

Ce soir, 18 Xbre 1840.

Je ne crois point à moi, Monsieur, je ne crois qu’en Bonaparte ; c’est lui qui a fait et écrit la paix qu’il a bien voulu me donner à Sainte-Hélène. Votre dernier poëme est digne de votre talent ; je sens plus que personne l’immensité du génie de Napoléon, mais avec les réserves que vous avez faites vous-même, dans deux ou trois de vos plus belles odes ; quelle que soit la grandeur d’une renommée, je préférerai toujours la liberté à la gloire.
Vous savez, Monsieur, que je vous attends à l’Académie.

Dévouement et admiration.

Châteaubriand.

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