À Arsène Houssaye.

6 février 1847.

Madame Victor Hugo me dit l’affreuse douleur qui vient de vous frapper. Mon cher poëte, je vous envoie ainsi qu’à la pauvre mère ma plus vive et ma plus profonde sympathie. Je sais trop souffrir pour savoir consoler. Vous avez perdu la grâce du foyer, la fleur, la joie, le doux et charmant avril de la vie. Hélas ! le même malheur m’a éprouvé. Vous en sortirez comme moi ; la vie reprend son cours parce que Dieu le veut.

Nous sommes les forçats de la destinée et de la pensée ; on va, on vient, on travaille, on sourit même ; mais, quoi qu’on fasse, il y a toujours une chose sombre et morne dans le cœur, le souvenir de l’enfant disparu. Que Dieu vous aide, cher poëte ! Je ne puis que vous tendre la main, et baisser la tête sous vos afflictions comme sous les miennes.

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