À Lamartine.

27 mai [1848].

Mon illustre ami,

Vous avez été pour mon fils ce que j’eusse été pour le vôtre. Vous l’avez spontanément appelé près de vous, vous lui avez donné place dans votre cabinet, et vous l’avez comblé de toutes les bontés de votre grande âme. Je vous en remercie du fond du cœur. Ce moment de sa jeunesse où il vous a approché sera l’orgueil de sa vie.

En quittant le ministère, vous m’avez fait offrir d’attacher mon fils à la légation du Brésil. Aujourd’hui j’apprends que l’exécution de votre désir rencontre un obstacle inattendu et que M. Bastide, le ministre des Affaires étrangères, éprouve des scrupules démocratiques et patriotiques à mon occasion et discute mon nom. Permettez-moi de donner à cette hésitation la seule fin qui convienne. J’écris aujourd’hui à M. le ministre des Affaires étrangères pour le prier de ne point nommer mon fils.

Mon fils renvoie en même temps au ministre sa nomination d’aspirant diplomatique. Il en conservera ce qu’elle avait de plus précieux pour lui, le souvenir de l’avoir reçue de vous.

Je vous serre la main, cher Lamartine, et je vous renouvelle les effusions

de mon admiration profonde et de ma vieille amitié.

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