À Monsieur Duriez gérant de la Société des œuvres de Victor Hugo.

Monsieur,

La présente année 1848 a été mauvaise pour le commerce et pour la librairie en particulier. Cette année se trouve comprise parmi celles dont vous m’avez acheté l’usufruit. Il me paraît juste de ne point vous la compter, c’est une perte dont les événements politiques sont la cause et que je crois devoir supporter seul. Permettez-moi donc d’ajouter volontairement et de mon plein gré une année de plus à celles que vous m’avez achetées par notre traité du 2 septembre 1839.

Je n’y mets qu’une condition, c’est que vous ne vous écarterez pas, dans les cessions de droits que vous croirez pouvoir consentir, des formes et des limites que vous vous êtes tracées dans tous vos traités précédents avec vos divers cessionnaires, que vous ne consentirez aucune vente de mes ouvrages à vil prix et que vous continuerez d’en administrer l’usufruit comme tout usufruit doit être administré, en bon père de famille. Moyennant quoi, vous pouvez considérer par ces précédentes (sic) votre droit de tirage comme prorogé jusqu’au 31 juillet 1850 et votre droit de vente exclusive des exemplaires imprimés comme prorogé jusqu’au 31 juillet 1851, époque à laquelle je rentrerai dans la pleine possession de ma propriété, n’étant du reste dérogé à aucune des conditions de notre traité.

Je suis heureux, monsieur, de donner à vous et à la Compagnie que vous administrez cette preuve de mon bon vouloir et cette marque de tous mes sentiments de cordialité.

Veuillez, je vous prie, en agréer la nouvelle expression.

Victor Hugo.

24 décembre 1848.

Voici, monsieur, la lettre rédigée comme je la crois indispensable aux intérêts de tout le monde et aux termes du traité. Serez-vous assez bon, si vous l’approuvez ainsi que MM. vos associés, pour me la renvoyer revêtue de votre signature.

Agréez, monsieur, la nouvelle assurance de mes sentiments très distingués.

Victor Hugo.

Ce 27 [décembre 1848].

Inédite. Histoire du Consulat et de l’Empire. Collection Louis Barthou. Après la Révolution de 1848. Au-dessus de ce brouillon, ces deux lignes : J’ai écrit à Lamartine qui était venu chez moi dimanche 27 février. Archives de la famille de Victor Hugo. La Revue, 1er octobre 1903. Madame Dorval venait de perdre son petit-fils, le 20 mai. L. Coupy. Marie Dorval. Inédite. La place Royale était nommée Place des Vosges depuis le 14 mars 1848. Victor Hugo fut élu représentant du peuple le 4 juin 1848. Bibliothèque Nationale. Lamartine venait de donner sa démission de ministre des Affaires étrangères. Jules Bastide, homme politique. Condamné à mort par contumace pour sa participation à l’émeute des obsèques du général Lamarque (1832), il se réfugia en Angleterre et revint en 1834 en France où un nouveau jugement cassa le premier. Directeur du National, puis collaborateur de la Revue Nationale, il s’affirma républicain. Après le coup d’État, il cessa toute activité politique. Brouillon avec ratures et ajoutés marginaux. Archives de la famille de Victor Hugo. Inédite. Communiquée par M. le principal du Collège de Calais. Le général Duvivier fit presque toute sa carrière militaire en Algérie. Après les deux sièges de Constantine, il fut nommé maréchal de camp. Élu représentant du peuple à l’Assemblée constituante en 1848, il fut promu général de division et commandant en chef de la garde mobile. C’est à ce dernier titre qu’il combattit les insurgés de juin ; il mourut en défendant contre eux l’Hôtel de Ville. Insurrection de juin 1848. Bixio participa, avec Buloz, à la création de la Revue des Deux Mondes et fonda, en 1837, le Journal d’agriculture pratique. À l’abdication de Louis-Philippe il se prononça pour la régence, mais se rallia à la république proclamée. Élu représentant du peuple, il siégea parmi la gauche modérée, fut désigné pour réprimer l’insurrection de juin et fut blessé. Au 2 décembre 1851, il fut un des représentants qui prononcèrent la déchéance de Louis Bonaparte. Arrêté, mais relâché au bout d’un mois, il renonça à la politique et se consacra aux entreprises industrielles. Auguste Dornès fut un des principaux rédacteurs du National. Élu représentant à l’Assemblée constituante, il siégea à gauche. En juin 1848, il commanda un détachement de gardes mobiles et fut blessé à l’attaque de la barricade de la Porte Saint-Martin. Il mourut de ses blessures le 20 juillet suivant. Clément Thomas, après de brillantes études, s’engagea et devint maréchal des logis. En 1834, il fomenta, à Lunéville, une insurrection militaire : trois régiments de cuirassiers devaient marcher sur Nancy et sur Metz, y soulever le peuple au cri de : Vive la République ! et pousser vers Paris une armée de citoyens et de soldats révoltés. Condamné lors du procès d’avril 1835, Clément Thomas s’évada de Sainte-Pélagie et gagna l’Angleterre jusqu’à l’amnistie de 1839. Élu réprésentant en 1848, il ne fut pas réélu par l’Assemblée législative. Il essaya, lors du coup d’État, de soulever le département de la Gironde, échoua, et dut s’enfuir en Belgique. Il ne rentra en France qu’en 1870, prit part à la répression de la Commune et fut fusillé par les insurgés le 18 mars 1871. Le général Bedeau conquit ses grades en Algérie dont il devint gouverneur général en 1847. Il rentra en France peu avant la révolution de 1848, fut nommé ministre de la Guerre. Élu représentant par l’Assemblée constituante, il en devint le vice-président. Au coup d’État il fut arrêté, puis banni. Il habita la Belgique jusqu’à l’amnistie de 1859, et cessa alors toute activité politique. Écrit au crayon. Les Guêpes, 4 mai 1873. Colfavru, avocat, l’un des principaux rédacteurs du journal Le père Duchêne, et J.-E. Bérard, rédacteur du Napoléonien ; ces deux journaux révolutionnaires combattaient avec violence les décisions de l’Assemblée et s’attaquaient surtout aux républicains de fraîche date ; les républico-monarchistes, disait le Père Duchêne ; or Victor Hugo siégeait encore dans les groupes de droite, ne s’étant rallié vraiment à la République qu’en 1849, il le dit lui-même. Mais après son discours sur la liberté de la presse et contre l’arrestation des écrivains, Colfavru et Bérard avaient écrit à Victor Hugo pour le remercier d’avoir défendu leurs droits et plaidé leur cause. — Colfavru fut élu représentant de Saône-et-Loire en 1850, arrêté et proscrit après le coup d’État et rentra en France en 1859. Actes et Paroles. Avant l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale. Inédite. — En août 1848, les aveugles des Quinze-Vingts furent chassés de l’établissement et la pension alimentaire que leur faisaient les fondateurs fut supprimée. Le chapelain réclama pour eux au ministre qui le pria de ne pas intervenir. Le chapelain écrivit alors à Victor Hugo. Lettre et réponse sont reliées dans un volume : Le Pape. Bihliothèque Nationale. Réserve. Trouvé-Chauvel créa, au Mans, la Banque de la Sarthe ; après février 1848 il fut nommé commissaire général de la République en Maine-et-Loire et dans la Mayenne ; élu représentant de la Sarthe, il devint préfet de police après l’émeute du 15 mai, puis préfet de la Seine et, en octobre 1848, ministre des Finances. Dès que Louis Bonaparte fut président de la République, Trouvé-Chauvel ne s’occupa plus de politique. A. Asseline. Victor Hugo intime. Inédite. Victor Hugo et sa famille quittaient la rue d’Isly pour la rue de la Tour-d’Auvergne, 37. Mme d’Aunet, épouse divorcée du peintre Biard. Asseline, greffier au 2e conseil de guerre. Bibliothèque Nationale. Inédite. — Hyacinthe Vinson, auteur de plusieurs recueils de vers et d’une traduction de l’Enfer de Dante ; il publia, en 1885, un index des poésies de Victor Hugo. Communiquée par M. Paul Vinson. Publiée en partie dans Actes et Paroles, Avant l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale. Bibliothèque de l’Arsenal. Inédite Note remise le 14 décembre 1848 au Président de la République ; réformes et lois proposées. Publiée au début de 1849. Archives Spoelberch de Lovenjoul. Inédite. Société en commandite pour l’exploitation des œuvres de Victor Hugo sous la raison sociale Duriez et Cie, constituée le 31 juillet 1839. Communiquée par M. Blaizot.

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