À Monsieur Henri de Lacretelle.

À l’Assemblée, 3 juin 1850.

Merci, cher poëte. Quelles belles et bonnes paroles vous m’envoyez ! La lutte est vive, les ennemis sont ardents, les haines hurlent à pleins poumons, mais que votre serrement de main m’est doux au milieu de cette mêlée ! En ce moment, pendant que je vous écris, j’entends aboyer la droite ; ma pensée cherche la vôtre à travers ce vacarme, et il me semble que je ressens la douce contagion de votre sérénité.

Que vous êtes heureux parmi vos fleurs et vos arbres, avec votre bon père qui vous parle, avec votre charmante femme qui vous sourit ! Vous avez la nature, la poésie, l’amour, le bonheur. Nous, nous n’avons sous les yeux que la rage dans le sénat et la honte dans les lois. Que cette minute que nous traversons est laide et petite ! Heureusement que le siècle est grand.

Faites-nous de beaux vers, envoyez-moi de nobles pages et aimez-moi.

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