À Alphonse Karr.

2 septembre [1852].

Je suis donc encore à Bruxelles, mon cher Alphonse Karr, vos dix lignes m’ont fait l’effet d’une bonne poignée de main. Je vous en remercie. Tâchez donc d’imaginer que Jersey est sur la route de Bruxelles Ste Adresse.

Nous referons ici de ces mauvais dîners si excellents de nos dimanches d’autrefois. Vous en souvenez-vous ? Je suis charmé que ce petit livre vous ait plu. En m’ôtant la montagne que j’avais sur la poitrine…

C’est ma joie dans l’exil. Je me promène au bord de la mer. Je regarde les goëlands. Je lis quelques chers livres, dont vous êtes. Je suis profondément calme. À propos, on me dit que l’Académie parle de me rayer. J’ai peur qu’elle ne me fasse pas cet honneur. Elle me traiterait après, comme elle a traité Molière avant. En sortant, je trouverais donc ce vieux Poquelin à la porte. Je me consolerais de ne plus être avec Nisard.

Je suis à vous du fond du cœur.

Victor Hugo.

Share on Twitter Share on Facebook