À Charles.

Bruxelles, lundi 5 janvier 1852.

Dans trois semaines, mon Charles, tu seras ici. Ce sera un peu d’exil pour toi, et bien du bonheur pour moi. Nous vivrons de la vie austère et douce du travail. Je suis sûr de toi, et je ferai ce qui sera en mon pouvoir pour te rendre Bruxelles aimable. Les gens d’ici ont de la bonne volonté pour les affaires de journal et de librairie, mais je crains que l’argent ne leur manque. Cependant je pense que nous finirons par nouer quelque chose. En attendant, nous vivrons comme le frère aîné et le frère cadet. S’il y a quelques privations à subir (il y en aura) je commencerai par moi. Et puis, je t’envoie toutes mes tendresses, mon enfant.

On me disait ce matin : votre fils Charles sera le premier journaliste d’ici, s’il veut. Mais il est difficile pour un étranger d’écrire dans les journaux, et ils me font l’effet de n’avoir pas le sou. — C’est égal, nous verrons. — Et puis c’est une œuvre de dévouement.

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