À Messieurs les membres de l’Académie française.

Bruxelles, janvier 1852.

Messieurs et chers confrères.

Le malfaiteur politique dont le gouvernement pèse en ce moment sur la France a cru pouvoir rendre un décret d’expulsion dans lequel il m’a compris.

Mon crime, le voici :

J’ai fait mon devoir.

J’ai, par tous les moyens, y compris la résistance armée, défendu contre le guet-apens du 2 décembre la Constitution issue du suffrage universel, la République et la Loi.

Il est interdit aux bannis, de par le coup d’État, de rentrer en France sous peine d’être déportés à Cayenne, c’est-à-dire sous peine de mort.

Dans cette situation, en présence de la force brutale qui règne et contre laquelle je renouvelle du fond de mon exil mes protestations indignées, je ne puis prendre part à l’élection académique qui aura lieu le 22 janvier, et je vous prie, Messieurs et chers confrères, d’agréer, avec l’expression de mes regrets, l’assurance de ma vive cordialité et de ma haute considération.

Victor Hugo,

Représentant du peuple.

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