À Paul Meurice.

27 décembre 1852.

Cher Meurice, je pense qu’au moment où vous recevrez cette lettre, ma femme vous aura quitté et sera peut-être arrivée ici, avec mon fils, j’espère. Jusqu’à ce moment, je ne sais rien de ce qui se passe à Paris et j’attends avec anxiété. Je ne veux pourtant pas, quels que soient mes soucis, que la fin de l’année se passe sans que je vous aie serré la main et que j’aie déposé mon humble carte aux pieds de madame Meurice. Offrez-lui de ma part ce barbouillage, et si elle trouve ce ciel laid, dites-lui que c’est comme cela qu’il est dans l’exil.

Et puis laissez-moi vous remercier de tout ce que vous faites pour moi et pour nous à Paris ; je suis honteux par moments de toutes les peines, et de tout genre, que nous vous donnons là-bas ; je n’ai à vous donner en échange que le triste merci du proscrit.

Je me rappelle, c’est une de mes joies dans toute cette ombre, les trop courtes journées que vous nous avez données cet été, nos promenades, nos repas en famille, nos rires, nos effusions, toute cette poésie et toute cette gaîté que nous mêlions.

Je pardonne d’avance à l’an prochain de l’hégire impériale s’il doit nous donner encore quelques-unes de ces bonnes semaines-là.

Faites de beaux livres, cher poëte, faites de beaux drames, et pensez un peu à moi. Vous savez que vous avez toujours une partie de mon âme avec vous. Charles vous embrasse et ma fille embrasse madame Meurice.

Granier de Cassagnac, professeur de littérature à Toulouse, vint à Paris où il connut Victor Hugo qui le fit entrer au Journal des Débats ; ses articles de critique littéraire furent très appréciés. Pourtant ses violentes attaques contre Racine inquiétèrent le directeur des Débats et Granier de Cassagnac entra à La Presse qui convenait mieux à son ardeur de polémiste. Il évolua vers la politique en 1848 et fit une vive opposition au gouvernement républicain ; oubliant qu’il avait, lors des tentatives de Strasbourg, couvert d’injures Louis Bonaparte, il approuva et soutint sa politique. Élu en février 1852 dans le Gers, il fut partisan et courtisan de l’empire jusqu’à sa chute ; puis après le 4 septembre 1870, il quitta la France et continua sans succès à l’étranger sa propagande bonapartiste. En 1876, il fut élu député de Mirande. Il laissa plusieurs volumes d’histoire. La brochure de Granier de Cassagnac, apologie du coup d’État, venait d’être publiée sous le titre : Récit authentique des événements de décembre 1851. C’est certainement volontairement qu’il n’avait pas nommé Victor Hugo ; il n’avait pas voulu le mêler à ceux qui avaient osé réclamer la déchéance de Louis Bonaparte, ce qui, à ses yeux, était un crime ; il se souvenait sans doute que l’exilé avait autrefois demandé et obtenu pour lui la croix. « Tu as ceci de particulier que tu te méfies de moi. » Gustave Simon. La Vie d’une femme (lettre du 24 décembre 1851). Quand vint l’exil, Mme d’Aunet s’affola et se crut privée de son dernier appui. C’est encore Mme Victor Hugo qui intervint, la calma, la conseilla et lui facilita l’accès de revues et de journaux où elle put utiliser son réel talent d’écrivain. Dans une lettre du 1er janvier 1852, Mme Victor Hugo écrivait à son mari : « J’ai écrit hier à Mme D… Je vais tâcher d’emmancher quelque chose pour elle à cette Revue de Paris. Je vais beaucoup m’occuper d’elle afin de te dégager et pour que tu aies le moins de souci possible de ce côté. Je remplirai cette tâche avec toute la délicatesse et tous les soins possibles. » Archives de la famille de Victor Hugo. Dupin et Troplong sont les deux magistrats les plus souvent nommés dans les Châtiments et dans l’Histoire d’un Crime où Victor Hugo juge et dépeint l’opportunisme constant de Dupin approuvant tous les décrets abolissant les lois qu’il avait juré de défendre, « et ce Troplong, légiste glorificateur de la violation des lois, jurisconsulte apologiste du coup d’État, magistrat flatteur du parjure... Troplong, Dupin, les deux profils du masque posé sur le front de la loi ». Histoire d’un Crime. Bibliothèque Nationale. Inédite. Louis Blanc. Bibliothèque Nationale. Collection Louis Barthou. — Actes et Paroles. Pendant l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale. Poète belge qui se lia avec Victor Hugo pendant son séjour à Bruxelles. Leurs relations cessèrent du jour où Van Hasselt sollicita de Napoléon III la Légion d’honneur. Copie. Archives de la famille de Victor Hugo. M. de Maupas, préfet de police en novembre 1851, sut gagner la confiance de Louis Bonaparte au point d’être admis aux conciliabules secrets où l’on prépara le coup d’État ; c’est lui qui donna les ordres pour l’arrestation nocturne des représentants et prit jusqu’en juin 1853 toutes les mesures de rigueur contre les journalistes hostiles à l’empire. Devenu sénateur en 1853, il soutint toujours la politique la plus intransigeante. À la chute de l’empire il cessa toute activité politique jusqu’en 1876 où il échoua deux fois en se présentant aux élections. Relation du voyage que Mme Biard fit, en 1839, avec son mari. Xavier Durieu, après la révolution de 1848, fonda, avec Blanqui, un club révolutionnaire : La Société Centrale républicaine. Élu représentant de l’Ariège, il siégea à la Montagne. Hippolyte Magen, républicain ardent, subit plusieurs condamnations pour ses écrits et fut expulsé au coup d’État ; il ne rentra en France qu’en 1870. Il publia plusieurs livres d’histoire et de violentes études contre l’empire, entre autres : Mœurs, débauches et crimes de la famille Bonaparte. C’était un faux bruit. Laussedat, médecin, représentant de l’Allier en 1848, combattit la politique de Louis Bonaparte et appuya la demande de mise en accusation, ce qui le fit inscrire en 1851 sur les listes d’expulsion ; il s’installa à Bruxelles où il reprit sa profession de médecin. On nommait Burgraves les monarchistes de l’Assemblée. Quant au mot Napoléon le Petit, Victor Hugo l’avait prononcé, pour la première fois, dans son mémorable discours du 17 juillet 1851, bien avant de le prendre pour titre du livre auquel, en janvier 1852, il ne songeait pas encore. Bibliothèque Nationale. Le colonel Charras, après s’être distingué dans les campagnes d’Algérie, revint en France en 1848 pour y exercer son mandat de représentant. Au coup d’État, il fut emprisonné, puis exilé et rayé de l’armée. Expulsé de Bruxelles, il se réfugia en Hollande, puis en Suisse. Il écrivit une Histoire de la campagne de 1815. Très dévoué à Victor Hugo, il mit à sa disposition son temps, et le peu d’argent qu’il possédait pour créer à Bruxelles une imprimerie afin de publier les premières œuvres d’exil : Napoléon-le-Petit et les Châtiments. Émile Labrousse, représentant du Lot en 1848 et 1849, vota toujours avec la minorité républicaine et contre Louis Bonaparte. Il fut expulsé en 1851 et se fixa en Belgique. (Extrait de journal collé sur la lettre), démission de m. hody. « Nous avons annoncé avant-hier qu’un grave conflit avait éclaté entre M. de Brouckère, bourgmestre de la ville de Bruxelles, et M. le baron Hody, administrateur de la sûreté publique. Ce conflit avait été provoqué par la conduite de ce dernier à regard des réfugiés français, les tracasseries faites à M. Victor Hugo, la brutale arrestation de M. Félix Pyat, empoigné par des gendarmes, conduit à la frontière dans une voiture cellulaire et retenu pendant 12 heures prisonnier à Ostende, enfin, les violences commises contre trois réfugiés, au nombre desquels se trouvait M. Bianchi, rédacteur en chef du Messager du Nord, membre du conseil général de ce département et conseiller municipal de Lille. M. de Brouckère, dont la conduite mérite les plus vifs éloges, s’en est ému : il a même offert sa démission et mis le cabinet dans la nécessité de choisir entre sa retraite et celle de M. le baron Hody. Le résultat du conflit se trouve dans un arrêté royal qui a paru hier au Moniteur et dont voici la teneur : « Par arrêté royal, en date du 8 janvier 1852, la démission de M. le baron Hody, de ses fonctions d’administrateur de la sûreté publique et des prisons, est acceptée ». Jules Favre fut, à l’Assemblée législative, l’orateur le plus puissant du parti républicain. Au coup d’État, le conseil de l’ordre des avocats lui épargna la proscription. En février 1858, il entra au corps législatif et fut le chef de l’opposition. Après Sedan, il demanda la déchéance de Napoléon III. Il fut ministre des Affaires étrangères jusqu’en août 1871. Il eut alors la douloureuse mission de négocier, de concert avec Thiers, l’armistice d’abord, puis le traité de paix. On a de lui de nombreuses publications de ses discours et plaidoiries. — Michel (de Bourges), démocrate, représentant du Cher en 1849, fut plusieurs fois président de l’Assemblée. Son discours sur la revision de la Constitution fut publié dans la même brochure que celui de Victor Hugo. D’après les renseignements recueillis par Mme Victor Hugo et transmis à son mari dans sa lettre du 14 janvier 1852, le conseil de l’ordre des avocats aurait, comme pour Jules Favre, empêché son expulsion. — Hippolyte Carnot, second fils de Lazare Carnot, fut nommé président de la Société pour l’instruction élémentaire, société fondée par son père ; ministre de l’Instruction publique en 1848, il soutint les projets de loi sur l’instruction gratuite et obligatoire, fit décréter la gratuité de l’École normale et fonda l’école d’administration. Républicain, il refusa de prêter serment à l’empire et ne reprit d’action politique qu’en 1871 ; il fut alors élu député de Seine-et-Oise. Bibliothèque Nationale. Archives de la famille de Victor Hugo. Inédite. Bibliothèque Nationale. Nouvelles acquisitions françaises , fol. 287. En marge de ce brouillon, une phrase qui devrait se placer après ces mots : J’ai fait mon devoir ; Il est tout simple que ce devoir soit un crime quand le crime est un devoir. Archives de la famille de Victor Hugo. Actes et Paroles. Avant l’exil. Charles avait, comme la plupart des prisonniers politiques, des permissions de sortie. L’éditeur Hetzel, en 1835, lança des publications à bon marché, en livraisons, qui, malgré leur prix modique, réunissaient les plus grands noms de l’époque : Balzac, Dumas, Nodier, George Sand, Alfred de Musset et, sous le pseudonyme de P.-J. Stahl, Hetzel lui-même. C’est avec Musset que « Stahl » signa ce charmant Voyage où il vous plaira, en 1842. En février 1848, Hetzel, républicain militant, fut successivement chef de cabinet aux Affaires étrangères, à la Marine, et secrétaire général du gouvernement provisoire. Il donna sa démission quand Louis Bonaparte fut élu président de la République ; il se contenta de combattre dans plusieurs journaux la politique et la personne du prince-président. Aussi fut-il proscrit au coup d’État ; il se réfugia en Belgique jusqu’au décret d’amnistie en 1859. — À Bruxelles, il fonda une nouvelle maison d’édition tout en dirigeant de loin sa maison de Paris. Pour Victor Hugo, il fut plus qu’un éditeur ; pour arriver à publier en 1852 et 1853 Napoléon-le-Petit et les Châtiments, Hetzel montra une ténacité, une patience, un dévouement inlassables. Trouver des capitaux (personnellement, il y consacrait le peu qu’il possédait), trouver un local et surtout un imprimeur assez intrépide pour braver la prison possible, la police impériale française pesant sur la magistrature belge, autant de problèmes qu’Hetzel résolut pourtant. Au prix de quelles luttes, leur correspondance le démontre. Il publia aussi plusieurs éditions des Contemplations, La Légende des Siècles et, dans sa jolie collection elzévirienne, presque toute l’œuvre poétique de Victor Hugo. Bibliothèque Nationale. Bibliothèque Nationale. Les deux lettres datées 19 janvier sont envoyées ensemble. Mme D’Aunet. À cette page Mme Victor Hugo répondit : « Sois bien tranquille, je vais me rendre tout à l’heure chez Mme D… Je te réponds qu’elle ne partira pas. Justement je viens d’écrire à Houssaye lui demandant un rendez-vous afin de lui parler du Voyage en question. Gautier, Houssaye et deux autres sont maîtres de la Revue… Je vais tourner Mme D… du côte de l’art. Ce sera une noble et puissante diversion, je l’espère. De ton côté, je crois qu’il serait bon que tu lui écrivisses des lettres qui satisferaient, sinon son cœur, du moins sa fierté. Fais-en une sœur de ton esprit. Je sais que tu n’as que peu de loisir, mais quelques mots de temps à autre peut-être suffiraient. Cher grand ami, je veille. Travaille en paix et sois calme ». Inédite. Inédite. Cette lettre fait partie de la lettre précédente. Il s’agit de Juliette Drouet. En 1833, elle avait créé le petit rôle de la princesse Negroni dans Lucrèce Borgia : Victor Hugo s’était épris d’elle et leur liaison dura cinquante ans. Pendant les journées qui précédèrent le départ en exil, Juliette Drouet donna à Victor Hugo des preuves d’un dévouement absolu, le prévenant dès qu’elle s’apercevait qu’un des locaux où se réunissaient les représentants traqués était découvert, faisant le guet des heures entières, puis le cachant chez des amis à elle. Le 13 décembre 1851, elle le rejoignit à Bruxelles, partagea son exil et revint à Paris avec lui le 5 septembre 1870. La mort seule les sépara. Bibliothèque Nationale. François-Victor avait encore cinq mois de prison à faire comme Paul Meurice, et Auguste Vacquerie quatre mois. Mme de Kisseleff. Belle-sœur de Mme Victor Hugo qui avait trouvé à celle-ci « l’air bien rayonnant pour une femme dont le mari était en exil ». Dans sa lettre du 18 janvier 1852, Mme Victor Hugo avait fait part à son mari de l’offre que Villemain était venu lui faire ; « ... Je suis un si vieil ami que je porte avec moi l’excuse de cette offre. Votre mari est parti à l’improviste ; pris au dépourvu il n’a pu s’occuper d’affaires, vos fils sont en prison, la prison est onéreuse... Je viens mettre à votre disposition 2 500 francs. Ce n’est qu’un prêt ». Mme Victor Hugo refusa en ces termes : « ... Sachez, cher Monsieur, que dans aucune circonstance, nul argent autre que celui qui me viendra de mon mari ne sera touché par moi. Comme mon mari est, à peu de chose près, du même âge que moi, qu’il se porte très bien, qu’il est hors des griffes du gouvernement, je puis vous dire sans qu’il y ait en mon cœur de crainte, que si mon mari mourait avant moi, je n’accepterais jamais rien d’un gouvernement quel qu’il soit, ni d’une institution quelconque. C’est une promesse que j’ai faite à mon mari, que je me suis faite à moi-même, et que je tiendrais d’une façon absolue ». Bibliothèque Nationale. Inédite. Bibliothèque Nationale. Dinocourt était un romancier trop fécond. Actes et Paroles. Pendant l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale. Testelin fut représentant du Nord en 1847 et 1851 ; républicain, il protesta contre le coup d’État et fut expulsé. Il exerça alors sa profession de médecin à Bruxelles jusqu’à l’amnistie de 1859. En septembre 1870, il fut nommé préfet du Nord et représentant du même département en 1871. Sénateur en 1875. Membre de plusieurs sociétés savantes. Des bruits couraient sur l’annexion de la Belgique à la France. Eugène Rouher, avocat, se fit élire en 1848, comme républicain, représentant du Puy-du-Dôme, mais prit place à droite ; en 1849 il se sépara de la majorité pour soutenir la politique de Louis Bonaparte dont il suivit la fortune dès que l’empire triompha ; il fut plusieurs fois ministre et l’élasticité de sa conscience lui fit plaider les procès les plus contraires avec la même conviction ; il rejoignit l’impératrice après le 4 septembre 1870, mais rentra en France et poursuivit son rôle politique jusqu’en 1881. Actes et Paroles. Pendant l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale. La confiscation des biens de la famille d’Orléans. Béranger avait demandé et obtenu, sans qu’il y eût de demande écrite, un jour de sortie par semaine pour François-Victor. Bibliothèque Nationale. Théodore Pavie. Victor Pavie, sa jeunesse, ses relations littéraires. C’est le Burg à la Croix, donné par Paul Meurice à la Maison de Victor Hugo. À quatre prisonniers. — Les Châtiments. Les Caves de Lille, dont on trouvera une relation écrite par Victor Hugo et publiée dans Actes et Paroles, Avant l’exil. Reliquat, Édition de l’Imprimerie Nationale. Une pièce de cinq francs, selon le mot de Mürger. Victor Hugo qualifiait ainsi Frédérick Lemaître : « le plus grand acteur de ce siècle, le plus merveilleux comédien peut-être de tous les temps ». Après un grand succès dans L’Auberge des Adrets, il eut la joie de créer Gennaro dans Lucrèce Borgia en 1833 et, en 1838, Ruy Blas. À soixante-treize ans, il reparut dans le rôle épisodique du vieux juif dans Marie Tudor. Victor Hugo lui a consacré des vers : À un grand comédien, qui ont paru dans Toute la Lyre. Pièce projetée par Victor Hugo et dont on trouvera des fragments dans le Théâtre inédit. Édition de l’Imprimerie Nationale. Mme Victor Hugo avait réussi à faire accepter un fragment du Voyage de M me d’Aunet. Ce fragment fut publié dans la Revue de Paris d’août 1852 sous le titre : Voyage d’une femme au pôle arctique et fit partie du volume paru en 1853 : Voyage d’une femme au Spitzberg. Mme Victor Hugo avait annoncé l’intention d’écrire un livre sur la jeunesse de son mari ; ce projet se réalisa, s’étendit jusqu’en 1840 et parut en 1863 : Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie. Bibliothèque Nationale. Serrière avait été l’imprimeur de la Presse, de l’Événement, de l’Avènement. Il avait été fort inquiété lors de l’occupation militaire de ces journaux. Après le coup d’État, il quitta Paris et se réfugia à Bruxelles. Mme Drouet. Plusieurs des « faits de province » ont été publiés dans l’Histoire d’un crime. Cahier complémentaire. Édition de l’Imprimerie Nationale. Paul Meurice proposait de faire reparaître l’Événement, sous une forme purement littéraire. Le docteur Yvan, représentant des Basses-Alpes en 1849, protesta vivement contre le coup d’État et reçut chez lui pour y délibérer les représentants restés libres. Quand la lutte fut devenue inutile, il gagna Bruxelles. Barthélemy Terrier, médecin, républicain convaincu, encourut deux condamnations politiques sous le règne de Louis-Philippe. Élu en avril 1848 représentant de l’Allier, il protesta contre le coup d’État, fut expulsé, passa en Belgique, puis en Angleterre où il resta toute la durée de l’Empire. Mme Lucas, femme d’Hippolyte Lucas. Papa chéri. Bibliothèque Nationale. Marc Dufraisse, avocat, élu en 1848 représentant de la Dordogne, républicain démocrate, vota en mars 1851 pour le maintien des lois de bannissement ; il fut l’un des plus énergiques protestataires pour la résistance au coup d’État ; proscrit, il se réfugia en Belgique où, pour vivre, il se fit correcteur d’imprimerie, puis passa à Zurich comme professeur de législation comparée. Rentré en France après le 4 septembre, il fut élu en 1871 représentant de la Seine, siégea à gauche, et repoussa les préliminaires de paix. Il laissa un certain nombre de publications historiques. — Le Cahier complémentaire, Histoire d’un crime, tome 2, Édition de l’Imprimerie Nationale, donne la relation de son emprisonnement à Mazas. Théophile Gautier, dans son feuilleton du 24 février 1852 (La Presse), disséquait un drame en vers d’Émile Augier, Diane, qu’on venait de représenter au Théâtre-Français ; il reprochait à l’auteur d’avoir modernisé et dénaturé Marion de Lorme, établissait un parallèle entre les situations, les personnages et les vers des deux pièces et terminait ainsi : « Mais M. Augier n’a peut-être ni lu, ni vu Marion de Lorme ». Émile Augier écrivit de nombreux drames et comédies ; quelques-unes de ses pièces sont encore représentées avec succès à la Comédie-Française : L’Aventurière, Les Effrontés, Le Fils de Giboyer, Le Gendre de M. Poirier, Les Fourchambault. Comme celui de Théophile Gautier, le feuilleton de Janin (Le Journal des Débats, 23 février 1852) prend à partie Émile Augier en opposant Marion de Lorme à Diane ; analysant le nouveau drame presque scène à scène, il en indique tout au long les rapprochements plutôt maladroits ; Janin, qui avait été en 1831 plus qu’aigre-doux pour Marion de Lorme, en détaille complaisamment les beautés, loue la forme et le fond et revient, en plus d’un point, sur le jugement qu’il avait porté à la création du drame. « Ce que le ministère de l’Intérieur accorde ostensiblement, la liberté de vote, le ministère de la Police est chargé de le retirer. C’est ainsi que M. de Maupas se vante d’avoir étouffé la candidature de M. L. Faucher, et que dans le faubourg Saint-Antoine, plusieurs ouvriers, chefs de famille, ont été menacés d’un procès en impression clandestine, pour avoir imprimé avec une de ces petites presses lithographiques que tout négociant possède des bulletins portant le nom de M. Victor Hugo. La nomination de M. Hugo serait pour l’Élysée un grand sujet de mécontentement. De tous les bannis, l’illustre poète est celui contre lequel M. Bonaparte nourrit le plus de haine : c’est de l’animosité personnelle, avivée par la popularité toujours croissante du proscrit. Détesté dans les salons de la noblesse et de la bourgeoisie avant le coup d’État, M. Hugo y a retrouvé tout le terrain perdu. On le considère aujourd’hui comme un des plus énergiques défenseurs du droit et de la vraie liberté, également ennemi du despotisme et de la licence. C’est principalement à cause de M. Hugo que le bruit a été répandu que le gouvernement ne laisserait élire aucun représentant banni à perpétuité. Les bannis à temps sont seuls exemptés de cet ostracisme ». Piétri, nommé préfet de police en 1852. Carlier, préfet de police de 1849 à fin novembre 1851 ; M. de Maupas lui succéda. Pingard, chef du secrétariat de l’Académie. Musique de Beethoven. Bibliothèque Nationale. Bibliothèque Nationale. Inédite. Bibliothèque Nationale. Inédite. Camille Berru, journaliste, faisait partie de la rédaction de l’Événement en 1851 ; ses opinions lui valurent la proscription, il fut de plus condamné à la déportation, Cayenne l’attendait, il gagna Bruxelles. Charles Hugo, dont il était l’ami, raconta dans Les Hommes de l’exil les luttes de Camille Berru pour gagner sa vie. Il réussit pourtant, après des années de misère, à devenir secrétaire de rédaction à L’Indépendance belge. Extrait de journal collé sur la lettre. Bibliothèque Nationale. C’est le feuilleton sur Diane et Marion de Lorme que nous avons mentionné page 72. Clément-Janin. Victor Hugo en exil. Hippolyte Lucas, journaliste et auteur dramatique, adaptateur de plusieurs pièces du théâtre espagnol et traducteur des Nuées d’Aristophane. Très lié avec Victor Hugo, leur correspondance en fait foi, il obtint, en 1842, l’autorisation de tirer de la Légende du Beau Pécopin une féerie : Le Ciel et l’Enfer, qui ne fut représentée que le 23 mai 1853 au théâtre de l’Ambigu Comique ; l’exilé ne fut naturellement pas nommé. Cette féerie n’a d’ailleurs qu’un très lointain rapport avec le Beau Pécopin. Les correspondants d’Hippolyte Lucas. Les Annales romantiques, juin 1905. Inédite. Boichot, représentant du peuple en 1849, participa à l’émeute du 13 juin, ce qui provoqua sa déchéance. Deux écrits socialistes lui valurent des poursuites ; il se réfugia en Suisse d’où il fut expulsé, et passa en Angleterre où il écrivit nombre de brochures socialistes. Il revint en France en 1854, fut arrêté et interné à Belle-Isle. Amnistié en 1859, il s’installa à Bruxelles. Bibliothèque Nationale. Inédite, moins six lignes publiées dans le Théâtre inédit. Édition de l’Imprimerie Nationale.

Extrait de journal collé sur la lettre :
« Puisque nous sommes en plein scandale, voici cette dédicace :

à monsieur le comte de morny.

Monsieur le Comte,

Voulez-vous accepter la dédicace de cette pièce, dont le succès vous revient de droit. Elle doit d’avoir vu le jour à votre protection que vous m’aviez offerte au mois d’octobre dernier, et qui ne s’est ni arrêtée, ni ralentie, quand vous avez eu l’occasion et le pouvoir de la montrer. C’est un fait assez rare dans l’histoire des protections pour que je le consigne ici avec toute l’expression de ma reconnaissance.
Recevez, M. le Comte, l’assurance de ma parfaite considération.

A. Dumas fils.

«Heureusement pour l’honneur des lettres françaises, Victor Hugo vit en exil, avec Félix Pyat, Lamennais, George Sand sont suspects et menacés. Pierre Dupont et Lachambaudie ont été désignés pour la transportation à Cayenne, Lamartine a protesté, et Beranger au moins se tait. »

Bibliothèque Nationale. À vingt ans, Noël Parfait fut condamné à deux ans de prison, en 1833, pour avoir, dans un poëme : L’aurore d’un beau jour, plaidé la cause des insurgés de juin 1832. Il entra à La Presse en 1836, fut élu représentant du peuple en 1849 et, comme tel, exilé en 1851. À Bruxelles il fut pris par Alexandre Dumas comme secrétaire. Il rentra en France à l’amnistie de 1859. — C’est par Théophile Gautier que Noël Parfait connut Victor Hugo en 1845. Il lui prouva son dévouement et son admiration. Il revit, avec quel scrupule ! les épreuves des Contemplations et de la Légende des Siècles. Nous avons tracé de leur correspondance jusqu’en 1870. Bancel, représentant du peuple en 1849, fut proscrit en 1851 et vécut à Bruxelles où il fut professeur de littérature française à l’Université. Élu député de Paris en 1869, il mourut en janvier 1871. Edgar Quinet, philosophe et historien, vit interdire son cours au Collège de France après ses leçons sur les Jésuites. Élu député en 1848, il fut exilé après le 2 décembre et se réfugia à Bruxelles, puis à Veytaux qu’il ne quitta qu’en 1870 après la chute de l’empire. L’estime que Victor Hugo avait pour Edgar Quinet s’affirme dans le discours qu’il prononça sur sa tombe. Bibliothèque Nationale.

Le baron Coppens, qui avait participé à la résistance au coup d’État, parvint à gagner la Belgique. Un chapitre de L’Histoire d’un Crime raconte les péripéties de son voyage. Le baron Coppens a été inhumé au Père-Lachaise. On voyait encore, en 1907, l’inscription suivante sur sa pierre tombale :
{{c|histoire d’un crime.
Chapitre XV. Fin. — Comment on sortit de Ham.

Victor Hugo.

Pas d’autre indication. Le baron Coppens avait voulu associer son nom à celui du grand poëte. Cette inscription a disparu.

Une partie déchirée de la lettre contenait le mot que nous laissons en blanc. Extrait d’un article collé sur la lettre :
« Le gouvernement se sent si fort qu’il redoute une allusion. Il est vrai que cette fois l’allusion était terrible.
Le directeur de la Porte Saint-Martin ayant fait de nombreuses démarches pour obtenir l’autorisation de rendre au public le drame de Lucrèce Borgia, on lui fit entendre qu’avant toute chose, il devait soumettre l’œuvre du grand poète à la censure.
La censure, entre autres passages, en a retranché celui-ci :
« J’ai horreur de votre père… qui peuple le bagne de personnes illustres et le Sacré Collège de bandits ! »
Le drame, même censuré, ne pourra être toléré sur la scène. Chaque représentation serait l’objet d’une ovation au poète proscrit et une protestation contre les proscripteurs.
La pièce non censurée est dans toutes les mains d’ailleurs, et à chaque passage retranché, l’acteur serait arrêté et la représentation suspendue un instant par des applaudissements trop significatifs. Il n’y a pas de mesure possible dans la compression. »
Mathieu (de la Drôme) socialiste militant, préconisait depuis 1847 le suffrage universel. Il accueillit avec joie la proclamation de la République. Élu en 1848 représentant de la Drôme, il siégea à l’extrême-gauche. Aux élections de 1849, il fut nommé par le département du Rhône, arrêté le 1er décembre 1851, et expulsé. Il passa en Belgique, puis en Suisse, et quand il revint en France, à l’amnistie, il ne s’occupa plus de politique, reprit ses travaux de météorologie et publia une série d’almanachs. George Sand, après avoir demandé une audience à Louis Bonaparte (lettre du 20 janvier 1852, Correspondance de George Sand), sollicita la grâce de plusieurs condamnés et déportés, elle implora l’amnistie pour tous ; tout en affirmant sa foi républicaine et socialiste, elle se résignait au fait accompli et semblait croire à la bonté, à la loyauté du futur empereur. Ponsard fut nommé bibliothécaire du Sénat. Étienne Arago, de 1825 à 1847, écrivit près de cent vaudevilles et comédies et dirigea, de 1830 à 1840, le théâtre du Vaudeville, ce qui ne l’empêchait pas de prendre part aux luttes du parti républicain ; impliqué dans l’affaire du 13 juin 1849, il gagna Bruxelles et fut condamné par contumace à la déportation. Il rentra pourtant en France en 1859, à l’amnistie, et, pendant la durée de l’empire, se consacra à la littérature. Bibliothèque Nationale. Romieu, nommé en 1852 directeur des Beaux-Arts. Louis Desnoyers, journaliste. Promoteur et l’un des premiers présidents de la Société des Gens de lettres, il fonda en 1828 Le Sylphe, collabora au Figaro, au Voleur, au Corsaire, au National, et fut directeur littéraire du Silphe. Il publia plusieurs livres pour la jeunesse ; le plus connu est : Les Aventures de Jean-Paul Choppart. Bibliothèque Nationale. Clément-Janin. Victor Hugo en exil. Bibliothèque Nationale. Inédite. Ces dépositions sont publiées dans le Cahier Complémentaire. Histoire d’un Crime, t. 2. Édition de l’Imprimerie Nationale. Benvenuto Cellini, drame, fut représenté à Paris le 1er avril 1852. Bibliothèque Nationale. Paul Foucher. Extrait d’un article collé sur la lettre :
« Bien que l’on ait démenti dans vos journaux la nouvelle de la rentrée prochaine de M. Victor Hugo, je puis de nouveau vous affirmer qu’il en est question. Je ne veux pas dire certainement que M. Victor Hugo soit en instance auprès du prince pour obtenir le rappel du décret de proscription rendu à son égard, mais M. Victor Hugo a, et c’est à son honneur, à Paris de nombreux amis ainsi que des admirateurs qui s’entremettent vivement en sa faveur. Je ne veux pas seulement parler de littérateurs, de collègues de M. Victor Hugo à l’Institut, mais il est bon qu’on sache que parmi les membres du ministère eux-mêmes, parmi nos hauts dignitaires, il en est qui ont épousé chaudement la cause du poète exilé.
« M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique, a été l’un des premiers à s’associer à une pensée de clémence et d’oubli ; M. Billault, qui a des relations d’amitié avec quelques-uns des membres de la famille Hugo, a parlé dans le même sens au président. Enfin la princesse Mathilde elle-même a insisté et insistera encore aussi longtemps que les portes de France ne se rouvriront pas pour l’une des gloires littéraires de notre époque. À présent, je sais bien qu’il dépend de M. Victor Hugo de rendre inutiles ces démarches en déclarant qu’il n’acceptera aucune grâce, mais c’est un fait personnel qui ne changera rien à ce que je vous ai raconté des précédentes dispositions du pouvoir. »
Extrait de journal collé sur la lettre :
« On nous demande l’insertion de la note suivante :
M. Victor Hugo ne croit pas qu’il puisse venir à l’idée de personne de faire des démarches quelconques pour amener sa rentrée en France ; dans le cas où, par impossible, de telles démarches seraient faites, M. Victor Hugo les désavoue d’avance ; s’il arrivait que l’autorisation dont a parlé le correspondant de l’Observateur belge fût spontanément signée, elle serait accueillie par le dédain. M. Victor Hugo n’a rien à demander à M. Louis Bonaparte, ni rien à recevoir de lui. »
Freslon, avocat, représentant de Maine-et-Loire, et ministre de l’Instruction publique en 1848 ; non réélu, il n’adhéra point au coup d’État et reprit sa profession d’avocat au barreau de Paris. Caylus était, au moment du coup d’État, directeur du National. Il se fixa à New-York avec sa famille.

Cet extrait est collé sur la lettre :
« Aujourd’hui nous rappellerons à propos de M. Lachambaudie une charmante anecdote qu’il nous racontait hier à propos du roi des poètes modernes, qui, si M. Bonaparte se décidait à l’absoudre, ne consentirait pas, lui, à absoudre M. Bonaparte.

victor hugo à montmartre.

« Le 29 juillet 1846, j’allai, accompagné de ma famille et de quelques amis, jusqu’au sommet de Montmartre pour admirer sans danger les illuminations et les feux d’artifice consacrés à l’anniversaire de juillet.
Avant l’heure de la fête, nous parcourions les rues étroites et détournées du Mont des Martyrs, lorsque j’aperçus seul, dans un cabinet de restaurant, Victor Hugo. Aussitôt l’idée me vint de lui adresser quelques vers et nous courûmes vers une auberge où je crayonnai sur un méchant papier bleu, ce qui suit :

Partout où Victor Hugo passe,
De son front, de ses yeux, mille rayons dorés
Sans cesse jaillissant, nous mettent sur sa trace.
De sa présence, amis, nous sommes honorés :
Ce soir, Montmartre est le Parnasse !

pierre lachambaudie.

Une dame de la compagnie se chargea de remettre ces vers au restaurateur pour les faire parvenir à leur adresse, et elle s’esquiva promptement pour éviter d’être vue. Deux jours après, mon concierge me donna trois volumes intitulés : Lettres sur le bord du Rhin avec une lettre ainsi conçue :

Monsieur,

Vous m’avez envoyé cinq louis d’or ; je vous rends trois gros sous. Vous n’en ferez jamais d’autres, monsieur ! Vous donnerez au monde votre âme avec sa foi, et vous recevrez en échange l’indifférence, vous lui donnerez de beaux vers et il vous rendra de la prose, c’est ce qui vous arrive aujourd’hui.
Agréez, etc.

victor hugo.

Je lui répondis sur-le-champ par le quatrain suivant :

Maître, vous vous trompez au sujet de mes rimes ;
Excusez si je vous reprends :
Vous avez reçu cinq centimes,
Moi, trois billets de mille francs. »

Benvenuto Cellini. Bibliothèque Nationale. François-Victor priait son frère d’obtenir pour lui une mensualité de 50 francs. Publiée en partie dans Mes fils. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale. Nefftzer, journaliste, devint directeur politique de La Presse ; il fonda, en 1861, Le Temps, dont il fut le rédacteur en chef jusqu’en 1871. Bibliothèque Nationale. 14 avril 1852. Arsène Houssaye, administrateur de la Comédie-Française, avait demandé en 1852 à Théophile Gautier des vers pour l’anniversaire de Corneille. Alexandre Damas, dans La Presse du 11 avril 1852, raconta comment Gautier, autrefois, avait écrit des vers sur le même sujet d’après le plan que lui avait fourni Victor Hugo. — La censure interdit alors la récitation des vers de Théophile Gautier à la Comédie-Française. Archives Spoelberch de Lovenjoul. En apprenant qu’il était « gracié », François-Victor écrivit, le 16 avril, au directeur du Siècle une lettre dont le catalogue Charavay donne cet extrait :
« ... La situation faite à mon père, faite à mon ami Paul Meurice, qui expie encore sous les verrous la responsabilité d’un article signé de moi seul, m’empêche d’accepter une grâce que je n’ai provoquée en aucune façon. »
Actes et Paroles. Pendant l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale. Mme Victor Hugo avait écrit à son mari : « J’ai reçu une lettre du vieux roi Jérôme afin d’aller aux soirées qu’il donne au petit Luxembourg... Il ne faut pas en vouloir à ce pauvre bonhomme. Il nous aime. Il voudrait arriver par moi à la conciliation. Il est heureux. Il voudrait que tout le monde s’embrasse et mange avec lui ses millions. » — Gustave Simon. La Vie d’une femme. Bibliothèque Nationale. Inédite. Martin (de Strasbourg), avocat, fut élu représentant du Bas-Rhin en 1848. Partisan du général Cavaignac, il combattit la politique de Louis Bonaparte. Non réélu à l’Assemblée législative, il ne fut pas compris dans le décret d’expulsion ; après le coup d’État, il vendit sa charge d’avocat au Conseil d’État pour ne pas prêter serment à l’empereur. François-Victor avait été libéré presque de force sur l’intervention de Napoléon Bonaparte, cousin de l’empereur et ami de la famille Hugo, qui avait cru être agréable à Mme Victor Hugo en faisant gracier son fils. (Voir Actes et Paroles, Pendant l’exil. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale). Paul Foucher. Glésinger, peintre et sculpteur, connut de grands succès. Le buste de Mme Victor Hugo faisait partie de la collection Lefèvre-Vacquerie. Bibliothèque Nationale. Le général Lamoricière, après s’être brillamment distingué en Algérie, fut appelé au ministère de la Guerre le 24 février 1848 ; mais le même jour la République était proclamée : royaliste, il refusa le pouvoir. Pourtant, élu à l’Assemblée constituante, il fut nommé ministre de la Guerre par Cavaignac, mais il donna sa démission le 20 décembre suivant dès que Louis Bonaparte fut président de la République. Vice-président de l’Assemblée législative, il fut arrêté le 2 décembre 1851, enfermé à Mazas, puis à Ham, enfin expulsé ; il fut rayé des cadres de l’armée, ayant refusé de prêter serment ; il revint en France après avoir combattu, en 1859, pour le gouvernement pontifical. Suivent deux extraits sur la mise en liberté de Pierre Dupont, la dédicace d’Alexandre Dumas fils à M. de Morny en publiant La Dame aux Camélias et la place de bibliothécaire de l’Institut acceptée par F. Ponsard. Le deuxième article est terminé ainsi : « Victor Hugo n’a rien à accepter du vainqueur de la civilisation. Il maintient dans l’exil l’honneur des lettres françaises ». Bibliothèque Nationale. Auguste Vacquerie achevait le 8 mai les six mois de prison auxquels il avait été condamné pour avoir publié dans L’Avènement du 19 septembre 1851, la lettre ouverte que lui avait adressée Victor Hugo. Le 10 mai, il y eut au Champ-de-Mars une fête militaire : remise à l’armée des aigles bénies par le clergé, distribution des drapeaux, messe et procession. Bibliothèque Nationale. Lettre insérée dans le volume de G. Bertal. Auguste Vacquerie. Inédite. Peltier fut poursuivi pour outrages au premier consul dans un article publié à Londres en 1802. Baze, représentant du peuple depuis 1848, opposa une résistance acharnée lors de son arrestation en décembre 1851 ; il était alors questeur et fut exilé. Il rentra en France en 1859 et reprit sa profession d’avocat. Élu en 1871 par le Lot-et-Garonne, il fut de nouveau nommé questeur. Article collé contenant la lettre du général Changarnier rappelant ses états de service et refusant le serment. Les Mystères du 2 décembre. Bibliothèque Nationale. Victor Foucher. Bibliothèque Nationale. Mme Victor Hugo avait passé quelques jours à Bruxelles, à partir du 24 mai. Publiée en partie dans l’Histoire d’un crime. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale. Il avait été décidé qu’on vendrait le mobilier. Trouvé-Chauvel. Cet acte est publié dans le troisième volume de théâtre, Édition de l’Imprimerie Nationale, et a été joué pour la première fois au théâtre Sarah Bernhardt, lors de la reprise d’Angelo, le 7 février 1905. Commissaire-priseur chargé de la vente. Bibliothèque Nationale. Inédite. Paul Foucher. Un mot se trouve dans la partie déchirée de la lettre. Trouvé-Chauvel. Bibliothèque Nationale. Inédite. La lettre de Victor Hugo s’arrête là ; la seconde page manque. — Bibliothèque Nationale. Inédite. Lettre de M. Leclanché à Charles Hugo réclamant le paiement de billets souscrits, et menaçant de faire opposition à la vente des meubles de Victor Hugo dans lesquels, ajoute-t-il, sont compris vos meubles et tableaux. Victor Hugo a souligné lui-même cette ligne. M. Leclanché demande un mot de Victor Hugo pour le commissaire-priseur Ridel, l’autorisant à lui remettre 400 francs sur la vente. Cette portière est à la Maison de Victor Hugo. Bibliothèque Nationale. Journal des Débats, 7 juin 1852. Clément-Janin. Victor Hugo en exil. Inédite. La Presse, 7 juin 1852. Éditeur des Œuvres illustrées de Victor Hugo vendues en livraison à 20 centimes. Bibliothèque Nationale. Inédite. Hetzel. Adolphe Dumas, poète provençal, fut chargé sous l’empire de rechercher les vieux chants populaires provençaux, il fut un des plus ardents promoteurs du félibrige ; il fit représenter quelques pièces et publia plusieurs poésies provençales. Après le départ de Victor Hugo pour l’exil, il fit à propos de la vente des meubles de beaux vers qu’il envoya à l’exilé. Bibliothèque Nationale. Bibliothèque Nationale. Clément-Janin, Victor Hugo en exil. Inédite. Bibliothèque Nationale. « Ces rigueurs excessives ne rendent guère vraisemblable l’amnistie que vous annoncez. D’ailleurs serait-ce une amnistie que cette grâce humiliante et conditionnelle dont parle un de vos correspondants ? Les fourches caudines n’ont jamais passé pour un acte généreux. Ne serait-ce pas en outre une plaisanterie que de proposer à des hommes qui ont l’âge de raison de rentrer à des conditions qui ont déjà été offertes à tous les exilés et qu’ils ont tous repoussées ? Est-ce le général Changarnier, ou le général Lamoricière, ou le colonel Charras, ou M. Victor Hugo, ou M. Thiers qu’on suppose ainsi convertis à d’autres sentiments et disposés à se soumettre ?
En vérité, n’est-ce pas calomnier gratuitement des gens dont la situation est digne de respect et mérite les égards de tous les écrivains que de les croire capables d’une pareille lâcheté ? »
« Les correspondances de Paris sont pleines chaque jour des bruits attentatoires à l’honneur de Victor Hugo, que le jésuitisme bonapartiste continue à représenter comme prêt à accepter de M. Napoléon quelque chose que celui-ci appelle une grâce. Si M. Bonaparte demande à amnistier Victor Hugo, nous savons que Victor Hugo n’amnistie point le traître qui a violé la République. M. Bonaparte peut avoir obtenu par la ruse et la force brutale un triomphe qui lui permette aujourd’hui d’offrir des grâces aux défenseurs du droit outragé. Il n’a pas le pouvoir de faire que les représentants du peuple proscrits ne restent ses juges au sein de la proscription. Les bruits bonapartistes relatifs à Victor Hugo partent de trop bas pour qu’il y ait pour l’orateur de la Montagne nécessité d’une nouvelle protestation. Le souverain mépris de Victor Hugo y a de longtemps répondu. Que si une nouvelle réponse est nécessaire, nous pouvons annoncer qu’elle ne se fera pas attendre. Elle paraîtra bientôt sous forme d’un livre où est imprimée la sentence de celui qui voudrait amnistier l’historien et le juge. Ce livre s’appelle : Napoléon-le-Petit. Bibliothèque Nationale. Erdan avait été, en 1851, acquitté lors du procès de L’Événement, mais il avait juge prudent de quitter la France après le coup d’État. Bibliothèque Nationale. Inédite. Bibliothèque Nationale. Inédite. François-Victor avait une liaison et ne se décidait pas à quitter Paris. Bibliothèque Nationale. Madier de Montjau, avocat, républicain ardent, fut élu député de Saône-et-Loire en 1850 ; proscrit lors du coup d’État, il se réfugia en Belgique. Brives, élu représentant de l’Hérault en 1848, fut porté par ce département comme candidat de la République démocratique et sociale. Réélu en 1849, il combattit activement la politique de Louis Bonaparte. Exilé en 1851, il gagna Bruxelles et y fit le commerce des vins. Il ne rentra en France qu’après le 4 septembre 1870 ; mais ayant pris part à la Commune, il fut arrêté ; il parvint à retourner à Bruxelles, et rentra en France à l’amnistie de 1879. Valentin, représentant du Bas-Rhin à l’Assemblée législative, combattit énergiquement la politique de l’Élysée ; arrêté le 2 décembre 1851, il fut expulsé, se retira en Angleterre et ne revint en France qu’en 1870. Nommé préfet du Bas-Rhin, il organisa des expéditions de francs-tireurs et fut fait prisonnier. À l’armistice, il fut libéré et devint préfet du Rhône. Agricol Perdiguier, compagnon menuisier, républicain socialiste, élu député de la Seine en 1848 et 1849, s’associa à toutes les mesures de clémence envers les insurgés. Quand vint le coup d’État, ses protestations violentes le firent arrêter, emprisonner, et enfin exiler ; d’abord réfugié en Belgique, il passa en Suisse où il publia les Mémoires d’un compagnon. Il rentra en France en 1857 et s’y établit libraire. Gaston Dussoubs, avocat, fut en 1842, à Poitiers, un ardent propagandiste de l’idée républicaine. Élu représentant de la Haute-Vienne en 1849, il combattit la politique de Louis Bonaparte. Bien que n’ayant pu prendre part à la résistance au coup d’État, il était malade au lit, il fut néanmoins proscrit. À peine remis, il passa en Belgique, et revint mourir en France en 1856. Buvignier, avocat, fut poursuivi sous Louis-Philippe comme affilié aux sociétés secrètes : Les amis du peuple et les Droits de l’homme. Représentant du peuple en 1848, il s’associa à toutes les propositions de la minorité républicaine. En 1850 il fut condamné à un an de prison. À sa libération, il reprit sa lutte contre le prince-président, fut expulsé au 2 décembre et condamné à la déportation à Cayenne. Il partit alors pour Bruxelles d’où il ne revint qu’en 1860, après l’amnistie. Besse, républicain démocrate socialiste, fut élu représentant du peuple en 1849, siégea à la Montagne et fut expulsé pour avoir protesté contre le coup d’État. Eugène Courmeaux, journaliste, conservateur de la Bibliothèque et des Archives de Reims, fut arrêté et emprisonné pour avoir protesté contre l’expédition de Rome en 1849, puis relâché, mais destitué. Pressentit et combattit le coup d’État du 2 décembre dans des articles qui le firent condamner à un an de prison et 2 000 fr. d’amende. Il se réfugia à Bruxelles. Arsène Meunier, journaliste, membre du comité socialiste. Enfermé à Bicêtre, à Mazas, puis condamné à dix ans de Lambessa. Sa peine fut commuée, à la demande de Béranger, en exil. Bibliothèque Nationale. Éditeur belge de Napoléon-le-Petit. Album d’autographes donné par Mme Victor Hugo à Mme Ch. Asplet. — Archives Spoelberch de Lovenjoul. Inédite. Communiquée par M. Jacques Sévoz, petit-neveu de Madier de Montjau. Victor Hugo devait à Gosselin, d’après un traité de 1831, un roman en deux volumes. Delangle, procureur général en 1847 ; après le coup d’État, il devint membre de la commission consultative ; en 1858, ministre de l’Intérieur, il fut enfin en 1859, ministre de la Justice. Baroche, avocat, devint en 1848 procureur général, puis ministre de l’Intérieur ; partisan et courtisan de l’empire, il fut président du Conseil d’État. Il donna sa démission en 1869 et se réfugia à Jersey en 1870. Ces noms ont été ajoutés au chapitre : Les autres crimes. Collection Jules Hetzel. Publiée en partie dans Napoléon-le-Petit. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.

La troisième page de cette lettre porte en effet cette dédicace :

Hommage et souvenir à Madame Luthereau.

Victor Hugo.

Jersey, 15 août 1852.

Archives de la famille de Victor Hugo. Bibliothèque Nationale. Inédite. Napoléon-le-Petit. Communiquée par la librairie Cornuau. Collection de M. Pol Neveux. Inédite. Inédite. Napoléon-le-Petit. Quelques mots illisibles. Communiquée par M lle Bouyer-Karr. Mme de Girardin avait écrit le 4 septembre, anniversaire de la mort de Léopoldine. Marguerite ou les deux amours. Archives de M. L. Détroyat. Inédite. Deux mots raturés. Sur environ cent adhérents, les malades seuls étaient absents. Communiquée par M. Jacques Sévoz, petit-neveu de Madier de Montjau. Cette loi fut votée le 20 décembre 1852. Elle décrétait des poursuites contre les écrivains qui attaquaient les princes. Victor Hugo tombait sous le coup de cette loi. Les Châtiments. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale. Publiée en partie dans Les Châtiments. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.Collection Jules Hetzel. Hetzel lui avait écrit : « J’aime mieux les Vengeresses que le dernier titre : Le Chant du Vengeur. Il faut que le titre, que son idée soit impersonnelle. C’est vous qui semblez ce vengeur et non votre livre. Je disais : Rimes vengeresses parce que le mot Vengeresses tout court donne le change sur le but du livre. Cela a l’air de dire Charlotte Corday, Jeanne d’Arc, Judith et toutes les héroïnes qui ont pour but de venger. Les Orientales et autres ne peuvent offrir un double sens. Le Chant du Vengeur tombe tout à fait dans cet inconvénient. Lettre d’Hetzel : « Nous ferons des épreuves sur papier mince. Nous les enverrons par la poste comme des lettres en les affranchissant si vous ne pouvez vous passer de les revoir, ce que Dumas, Deschanel et moi pouvons faire cependant ». Les Châtiments. Historique. Édition de l’Imprimerie Nationale.Collection Jules Hetzel. Correspondance entre Victor Hugo et Paul Meurice.

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