À Hetzel.

21 décembre [1852].

Par quel moyen vous ferai-je tenir le manuscrit ? Il faut une voie sûre. Creusez votre excellente et spirituelle tête et trouvez-moi un procédé d’expédition du manuscrit à l’abri de tout danger d’infidélité.

Je vous avais dit 1 600 vers, il y en aura près de trois mille. La veine a jailli ; il n’y a pas de mal à cela. Cela fera un volume gros comme la moitié de Nap.-le-Petit (environ 250 pages) ; il faudra, ce me semble, un caractère plus fin que Nap.-le-Petit qui, je crois, serait trop large pour les alexandrins. Avez-vous ce caractère ? Il le faudrait fin, étroit et très lisible. Faites donc faire un spécimen (25 vers à la page) que vous m’enverrez dans une lettre. — Je suis de votre avis sur le mot Vengeur et je préfère aussi les Vengeresses. Cependant ne vous attendez pas à ce que ce livre soit aussi impersonnel que Nap.-le-Petit ; il n’y a pas de poésie lyrique sans le moi. — J’ai lu ici quelques pièces à plusieurs de mes amis, et j’ai été content de l’effet.

Je reviens à Vengeresses. Rimes est parfaitement inutile et ôterait du sérieux. On s’attendra à Judith, à Ch. Corday, etc. Eh bien, qu’importe ? Avec les Orientales ne pouvait-on pas s’attendre aussi à des femmes comme celles de Byron, à des Haydée, à des Rebecca, etc. Cela n’a rien fait. — On saura bien vite qu’il n’est pas question d’Holopherne ni de Marat, mais de Louis Bonaparte. — Somme toute je reviens à mon titre et je m’y cramponne.

Ne voulait-on pas me faire changer aussi Napoléon-le-Petit ? Souvenez-vous de ma résistance à tous, vous excepté. J’avais raison.

Impossible que les épreuves soient corrigées par d’autres que par moi. Vous tâcherez de me les envoyer assez pures pour que je n’aie qu’une épreuve à recevoir sur laquelle je donnerai le bon à tirer.

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