À Hetzel.


Marine-Terrace, 9 août 1853.

Je comprends, mon cher monsieur Hetzel, toutes vos raisons, et, bien à contre-cœur, je m’y rends. Je vais me tourner d’un autre côté. Il m’en coûte de ne pas vous associer à cette publication. Quand le poëte est proscrit et que le libraire l’est aussi, il semble que ce serait le cas de marcher ensemble. Le mauvais sort en dispose autrement. Vous avez été rudement éprouvé cette année ; vous demandez une trêve, un moment pour respirer, un peu de repos, je comprends tout cela, et, croyez-le bien, ce n’est pas du bout des lèvres que je vous le dis, après tant de luttes, vous avez le droit, nous aurions tous le droit de nous reposer et de reprendre haleine. — Moi, je dois rentrer en lice.

Vous insistez, vous croyez que je pense que vous manquez à un devoir en reculant devant la publication des Châtiments. Non, je ne le pense point. Si je le pensais, je vous le dirais. Rassurez-vous donc de ce côté. — Et quant au livre, ne vous inquiétez pas non plus. Je veux qu’il paraisse. Il paraîtra.

Je vous écris ces quelques lignes à la hâte, et je vous envoie mon meilleur serrement de main.

Victor Hugo.

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