À Noël Parfait.

[Début de mai 1853].

Vous savez, cher et excellent collègue, toute la place que vous avez dans mon cœur. J’étais sûr que ce discours irait à votre esprit qui voit l’avenir si juste. Votre lettre m’a fait un vif plaisir. Je n’ai fait autre chose qu’exprimer les idées généreuses et vraies qui sont dans vos âmes à tous. On m’applaudit, on se trompe. C’est vous tous qu’il faut applaudir. Certes, c’est là un beau spectacle : les victimes se refusant d’avance le sang des bourreaux. Ouvrons les yeux de l’Europe ; ouvrons les yeux de la France et tout sera dit. La lumière est avec nous. Le malheur c’est que nous avons affaire à des aveugles. Apportez-donc le soleil aux chauves-souris ! C’est égal, ne nous lassons pas, ne nous décourageons pas, et surtout ne nous désunissons pas.

La publication de mon discours par les proscrits de Bruxelles me touche vivement. C’est encore là un gage de cette douce et fraternelle intimité à laquelle je ne puis songer sans que les larmes me viennent aux yeux. Restons toujours ainsi ; notre accord, c’est notre consolation dans le présent, c’est notre triomphe dans l’avenir.

C’est un bonheur pour moi de penser que vous avez eu un peu de joie des vers qu’on vous a lus. Vous m’en parlez en termes qui m’enchantent. Cet encouragement, dans un groupe comme le vôtre, c’est la gloire. J’espère que vous aurez avant peu le livre tout entier. Il y a un peu de reculade depuis la loi Faider ; mais avançons de tout ce qu’on recule ! Je comblerai l’intervalle, et le livre paraîtra bientôt, soyez tranquille. Châtiment à ces bandits ; secours à la République. C’est le double devoir que je remplis. Napoléon-le-Petit n’est que la moitié de la tâche. Puisque ce drôle a deux joues, il faut que je lui donne deux soufflets.

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