À Octave Lacroix.

16 décembre 1853, Marine-Terrace.

Merci, doux et cher poëte. Vos charmantes hirondelles sont venues nicher dans ma fenêtre. Elles battent de l’aile à travers mon orage. Les hirondelles du poëte valent mieux encore que les hirondelles de Dieu. Les hirondelles de Dieu ont peur de l’hiver ; les vôtres n’ont pas eu peur de l’exil. Merci !

J’ai lu tout ce noble et gracieux volume. J’y ai trouvé mon nom, celui de ma femme, tous nos souvenirs amis, tous mes chauds rayons d’autrefois. Que de beaux vers ! que de jolis vers ! Tout cela est jeune, probe, frais et bon. Vous avez un talent qui panse le cœur.

Continuez. Tant que vous ferez des vers, j’en lirai. Que la poésie soit la bienvenue dans l’adversité ! Tant que l’oiseau bleu viendra cogner du bec à ma croisée, je l’ouvrirai, et je dirai à Dieu comme à vous : merci !

Je vous serre la main.

Victor Hugo.

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