À M. G. N. Sanders.

Marine-Terrace, 31 octobre 1854.

Quand vous écrivez, monsieur, c’est votre âme qui écrit, une âme haute et libre. Vous êtes digne de parler à la France, et de parler au nom de l’Amérique. À quelques égards nos points de vue diffèrent, et c’est tout simple. Mais le fond de nos cœurs est le même ; vous voulez ce que nous voulons, la dignité de l’homme et la liberté du monde. Je vous applaudis jusqu’à vous aimer. Vous vous êtes donné à vous-même une noble mission ; continuez-la. Continuez votre beau et saint travail de propagande ; dites la vérité à tous, à la France esclave qui a jadis aidé l’Amérique, à l’Amérique libre qui doit aujourd’hui aider la France. Ni vous ni moi, permettez-moi de rapprocher mon nom du vôtre, ne sommes gens à flatter les peuples. Disons-leur donc leurs vérités afin de leur rendre leurs grandeurs. Le jour où l’Amérique voudra, la France pourra ; le jour où la France pourra, le monde vivra.

Cher concitoyen de la grande république unique, je serre cordialement votre main loyale.

Victor Hugo.

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