Au colonel Charras.

18 août 1854, Marine-Terrace.

Mon vaillant et cher collègue, il y a deux ans, presque à pareille époque, vous me conduisiez à la frontière belge, quelle joie c’eût été pour moi de venir vous recevoir à la frontière anglaise ! Je dis joie, quoique ce soit pour vous une épreuve de plus ; mais vous n’en êtes pas à compter avec les sacrifices, et vous êtes de ces hommes que l’adversité réjouit, parce qu’elle les grandit. Je vous félicite donc de cette nouvelle persécution qui est venue vous chercher ; nos persécutions sont bonnes, elles sont les consécrations de l’épreuve et les affirmations du droit.

Cher proscrit, vous n’êtes pas moins intrépide sur la brèche civile que sur la brèche militaire.

Je vous serre la main.

Victor Hugo.

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