À Paul Meurice.

Marine-Terrace, 21 août [1854].

Votre bon petit paquet de lettres nous a charmés. Je n’y avais que deux pages, mais qu’elles étaient charmantes ! Et puis je tiens votre lettre à ma femme pour mienne. Le dialogue avec Th. Gautier a eu un prodigieux succès. Hélas ! vous m’aimez donc toujours un peu là-bas. Je vous le rends bien, je vous assure. Le souvenir dans l’exil a des échos sans fin. Je ne comprends rien à ce que vous m’avez pris dans Schamyl ? Qu’est-ce donc ? On m’applaudit, dites-vous. Quand on vous applaudit, cher poëte, il me semble que c’est moi ; et c’est ainsi que je le comprends.

Les journaux d’Espagne, répétés par les journaux anglais, donnent le texte d’une délibération spontanée de la Junte de Madrid qui m’ouvre l’Espagne. Il n’y a jamais eu de demande de ma part, comme Conailhac paraît le croire. Je reçois la chose avec reconnaissance, mais sans l’avoir personnellement demandée. La conduite de la Junte à mon égard est admirable. Si vous voyez Girardin, expliquez-lui cela. Rapprochez cette façon d’agir de la Belgique expulsant Charras.

Mme d’Aunet vous présentera un bon de 500 francs que je vous serai obligé de lui payer ; je vais tirer en outre 500 francs sur vous par Godfray. Ceci vous arrivera avant la traite.

Je n’ai plus que la place de vous embrasser et de me mettre aux pieds de madame Meurice qui sont assez petits pour tenir dans ce bout de papier.

Voudriez-vous faire remettre ce mot chez Mme d’Aunet ?

Mes plus tendres cordialités à Gautier, à Limayrac, à Pelletan, à Jourdan, à Boulanger, à tous ceux qui m’aiment.

V.

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