À Paul Meurice.

Guernesey, Hauteville-Terrace,

11 novembre [1855].

L’une des premières lettres de mon troisième exil doit être pour vous. Vous devez savoir maintenant à Paris quelque chose de cet incident. Pyat a fait une lettre fort maladroite, vraie au fond, charivarique dans la forme, à la queen. Ribeyrolles, à regret et mis en demeure, a publié cette gaminerie dans L’Homme. De là, vacarme de police à Jersey, expulsion des hommes de L’Homme. Ceci était grave. Il n’y avait plus d’Angleterre.

J’interviens, j’écris et je signe la Déclaration que vous avez sans doute reçue. Nos amis adhèrent. J’avais détruit le quiproquo, rétabli le vrai terrain, rendu le soufflet. J’attendais de pied ferme. La Déclaration est publiée dans les journaux et affichée sur les murs le 17 ; le 22 conseil de la queen à Windsor ; le 26 on nous signifie l’expioulcheune. Me voilà à Guernesey.

Je demeure à Saint-Pierre, capitale de l’île, Hauteville Street 20, dans une sorte de nid de goëlands que j’ai nommé Hauteville-Terrace. Écrivez-moi là, ou simplement à Guernesey, en attendant l’adresse secrète que je vous enverrai prochainement.

Auguste a oublié le chiffre de l’argent que vous avez à moi ; mais il me dit que je peux tirer hardiment sur vous pour 700 francs ; je le ferai bientôt.

Les liards commencent à me manquer, les expioulcheunes sont hors de prix.

À bientôt donc une lettre. Je serre votre main tendrement. Mettez-moi aux pieds de Mme Paul.

J’oubliais de vous dire que j’ai été admirablement reçu ici. Toute la ville était sur le quai. Toutes les têtes se sont découvertes quand j’ai traversé la foule. Meeting sur meeting en Angleterre pour protester contre l’expulsion.

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