À Noël Parfait.

Guernesey, Hauteville-Terrace,

11 9bre [1855].

Grâce à notre exode qui recommence, votre lettre du 2 m’est arrivée hier. Écrivez-moi désormais simplement à Guernesey, et envoyez-moi le plus tôt possible les bonnes feuilles qu’il me faut pour dresser l’erratum. Oui, certes, des cartons. Qui donc lit les errata ? et puis, pour l’éditeur de Paris, ces corrections aideront.

Je crois bien que la grève devait vous donner des migraines, si vous teniez à comprendre. Mais en lisant la feuille corrigée, vous avez dû admettre qu’il n’y a rien d’étrange à ce qu’une âme se soit échappée aux grands cieux comme la grive aux bois. Donc, ô cher Parfait, veillez aux e, veillez aux i, veillez aux grives et gare aux grèves.

Notre ami H. me paraît un peu ébouriffé des dix mille vers ; mais c’est la longueur de Jocelyn, et les Châtiments en ont sept mille. Ô hommes de peu de foi, laissez-moi bâtir ma grande pyramide.

Je ne dis pas cela pour vous, trois fois cher correcteur. À ce propos, insondable est comme infini, comme absolu, comme éternel, comme inconnu, comme ineffable ; un de ces mots que rien ne remplace, et qui doivent, par conséquent, revenir souvent. Il y a des mots qui sont comme Dieu au fond de la langue.

Remerciez mon excellent et cher L. P. pour son cri éloquent et indigné à propos du dithyrambe Waldor. Le Sancho a-t-il parlé de l’expioulcheune ? Le National a été bien laconique, ce me semble. Voulez-vous leur donner ma nouvelle adresse. À Guernesey.

Je vous embrasse sur les deux joues.

La presse anglaise nous revient en masse. Il y a dans le Morning advertiser, dans le Daily News etc. d’excellents articles sur l’expulsion. — Comment se fait-il que le National n’en cite rien ?

Cette expulsion qui grandit l’exil et déshonore l’alliance anglo-française, est un fait immense.

Vous recevrez prochainement la dernière pièce et la préface. (2 pages).

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