À George Sand.

Hauteville-House, 2 octobre 1856.

C’est une joie pour moi de penser que votre grand esprit se tourne de temps en temps vers le mien, et, quand je lis mon nom dans ces nobles pages qui viennent de vous, il me semble que ce sont des lettres publiques que vous m’écrivez. Je me ferais l’effet d’être ingrat si je n’y répondais pas. Cependant vous n’avez besoin ni d’un remerciement ni d’un applaudissement. Vous avez, dans ce siècle, où presque tout ment un peu, la fière et simple allure d’une âme vraie. Je suis silencieusement et profondément heureux dans ma solitude de cette communion de nos âmes, je dirais presque de nos cœurs ; je me sens comme lié à vous dans la contemplation de la vérité et dans l’acceptation de la douleur, et j’envoie mon acclamation à tous vos sereins et magnifiques témoignages pour le progrès. Qui désespère de l’homme désespère de Dieu, c’est-à-dire n’y croit pas ; et toutes les religions aujourd’hui sont athées, toutes maudissent la lumière, c’est-à-dire l’aube même de la face divine. Vous, vous êtes croyante parce que vous êtes grande. Je vous remercie, je vous admire, et permettez-moi d’ajouter, je vous aime.

Victor Hugo.

Ma femme vous envoie ses plus tendres admirations et j’y joins mes

respects.

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