À Lamartine.

Dimanche 27 avril 1856.

Hauteville-House

Cher et illustre ami,

Je reçois, cher Lamartine, votre lettre, ce serrement de main dans lequel vous avez mis une grande âme. En même temps que votre lettre, vos deux premières livraisons m’arrivent comme si vous vouliez me payer tout de suite la liasse de vers que je vous envoie en magnifique prose qui est de magnifique poésie.

Peut-être me lisez-vous en ce moment, et j’en suis fier. Mais ce qui est certain, c’est que je vous lis, et je suis heureux.

Nos âmes sont diverses, mais nos cœurs se touchent ; vous le dites et je le sens. Il y a entre nous une sorte de fraternité haute et douce. Ces belles pages poignantes, grandes et tendres que je viens de lire me laissent un rayon dans la pensée et une larme dans les yeux.

À toujours

Victor Hugo.

Vous aussi, vous avez une admirable femme. Mettez moi à ses pieds.

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