À Paul Meurice.

Hauteville-House, 9 mai [1856].

Je passe ma vie à me faire des reproches à votre sujet. Comme je dois commencer à vous fatiguer ! dites-le moi donc un peu. Que d’embarras je vous donne ! Le 1er mai je vous ai envoyé huit lettres, le 6, quatre. En voici encore. Et vous avez l’ennui (tout cela vous parvient-il bien ?) de mettre ou de compléter les adresses et de faire jeter le tout à la poste. À ce propos, nous sommes en compte, et n’oubliez pas de mettre en note tous les petits frais, poste et autres, que les Contemplations occasionnent. — Et je ne vous ai même pas remercié de cet exemplaire papier de Hollande ! Dites-moi, je vous prie, toutes les injures que je mérite. La circonstance atténuante, c’est que je vis dans un tourbillon de lettres. — Serez-vous assez bon pour cacheter (de noir) les deux que voici à Michelet et à Peyrat, et les leur transmettre ? — Si vous voyez Janin, félicitez-le de ma part, le feuilleton que vous m’envoyez est superbe ; il parle de votre frère avec âme et tendresse, et il traite le Timon magistralement. C’est de la haute correction, et le manche du fouet est en bois de laurier. — En attendant que je lui écrive, remerciez-le bien pour moi d’avoir mis mon nom dans cette éloquente page de poésie et de colère. — Voici le mois de mai qui lui aussi promulgue la paix, et qui réplique à l’hiver par des pluies de fleurs. Je vois avec joie grandir les jours, en pensant que ce beau soleil vous ramènera, et que vous ne voudrez certainement pas rendre Hauteville-House jaloux de Marine-Terrace dans cette année où j’ai fait et où vous avez mis au monde les Contemplations. Car, cher ami, cher poëte, si l’œuf est mien, c’est sous votre aile qu’il a été couvé. — Voici Toto qui arrive et qui me demande la page qui me reste. Je n’ai plus que la place de vous embrasser. Mettez-moi aux pieds de Mme Meurice.

V.

Je reçois une lettre extrêmement bien de Villemain.

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