À Nefftzer.

Hauteville-House, 12 avril [1857].

Auguste Vacquerie m’a apporté votre lettre si noble et si bonne. Je l’ai lue avec joie. Il y a des cœurs que je veux toujours sentir amis ; le vôtre est du nombre. C’est que je vous ai vu dans l’épreuve, et vidit quod esset bonum ; c’est que je vous revois encore dans la lutte, bien entravée, hélas ! bien incomplète ; mais dans ce régime hideux de mutilation et de castration, vous avez l’art de rester entier ; et le secret de cet art-là, c’est tout simplement la conscience et la probité. Voilà pourquoi je vous estime, pourquoi je vous aime, pourquoi je m’appuie dans l’occasion sur votre ferme et vaillante amitié. L’avenir a besoin des hommes comme vous, il ne vous manquera pas plus que vous ne lui manquerez.

Je vous envoie toutes les affectueuses effusions de Hauteville-House, et je vous serre la main.

Victor Hugo.

Seriez-vous assez bon pour faire parvenir ce mot à M. Paul Féval ?

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