À Paul de Saint-Victor.

Hauteville-House, 4 janvier 1837.

Monsieur,

Trouvez bon que je vous remercie. Vous venez de parler de Notre Dame de Paris en admirables termes. Quoique je vive (si je vis) presque hors de tout, si désintéressé de toute chose et de moi-même que je sois à cette heure, il m’est impossible de ne pas sentir profondément ce que valent quelques pages de vous sur un livre de moi. Je suis un de vos lecteurs assidus, c’est-à-dire un esprit attentif à votre esprit. Tous ces bas-reliefs que vous ciselez, toutes ces fresques que vous peignez chaque semaine passent sous mes yeux, et d’un ciseau et d’un pinceau comme le vôtre, pas un détail ne m’échappe.

Vous prononcez mon nom quelquefois ; je suis depuis longtemps votre débiteur ; aussi est-ce avec empressement que je saisis aujourd’hui cette occasion, non d’acquitter ma dette, mais de la constater. D’ailleurs, à un point de vue plus élevé que ce qui m’est personnel, je me considère comme le débiteur et l’obligé de tous les hommes qui sont, comme vous, des verbes de vie et des flambeaux de progrès.

Je vous serre la main, monsieur.

Victor Hugo.

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