À Schœlcher.

Hauteville-House, 17 9bre 1857.

Vous avez raison de m’aimer un peu ; vous êtes un des hommes qui occupent le plus doucement ma pensée dans ce temps d’abjection et de nuit ; vous êtes à la fois fierté et lumière. Je vous aime comme un porte-bannière et comme un porte-flambeau.

Ce jeune homme, M. Bellier, est vraiment charmant et noble, et venant avec votre nom aux lèvres, il avait le vrai Sésame pour entrer chez moi. Aussi a-t-il été chaudement reçu par la table, et en lui serrant la main, il nous semblait que vous le sentiriez.

Travaillez, faites de bons et beaux livres, et portez-vous bien. La France n’est pas malade quand les hommes comme vous sont bien portants ; car la France, ce n’est pas l’empire, ce n’est pas la triste génération qui s’en va ; la France, c’est la liberté humaine ; la France, c’est la lumière universelle. -— Allez, tout est bien. La République est infaillible pour les peuples ; inévitable pour les rois, elle s’appelle l’avenir.

Je vous serre les deux mains.

Victor Hugo.

La table vous envoie ses plus tendres effusions.

Seriez-vous assez bon pour faire jeter cette lettre que voici à la poste ?

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