À Alphonse Karr.

Hauteville-House, 4 octobre 1858.

Mon cher Alphonse,

Je vous ai écrit l’an dernier par un pauvre jeune poëte phthisique, qui avait beaucoup de talent et qui allait à Nice, et qui est mort avant d’avoir pu vous remettre ma lettre.

Il s’appelait Franz Stevens. Les journaux belges et les journaux anglais ont publié en ce temps-là la lettre dont je l’avais chargé pour vous mais ce n’est pas une raison pour que vous l’ayez eue.

Aujourd’hui, ce petit mot, j’espère, aura meilleur sort ; il vous sera porté, non par un mourant, mais par un vivant et un vaillant ; le colonel Téléki est un de nos plus braves et de nos meilleurs amis. Il y a en ce moment trois pays sacrés, trois pays martyrs : La France, l’Italie, la Hongrie ; le colonel est hongrois. Traitez le colonel Téléli, je vous prie, comme vous me traiteriez moi-même ; faites-lui les honneurs de vos fleurs, de votre soleil, de votre esprit. Il est digne de tout ce rayonnement-là. Serrez-lui la main comme je vous la serre, ex imo corde.

V.

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