À Jules Janin.

Hauteville-House, 16 mai [1858].

Je vous salue et je vous aime. Je vous envoie, poëte, en échange de votre livre, tous les rayons de mon ciel et tous les souffles de mon océan, et je ne sais vraiment pas si je ne suis pas encore en reste de souffles et de rayons. Oui, car ce sont vraiment là des pages inspirées et charmantes. Vous êtes toujours le magicien ; rien ne vous est impossible. Vous avez fait un livre éclatant sur un homme malheureux et un livre vaillant sur un homme lâche .

Je n’aime pas Ovide, mais j’aime Jules Janin ; vous avez tout de sa poésie et il n’a rien de votre bravoure. En somme, vous honorez les lettres, et je vous remercie. S’il y a encore une académie, vous devez en être, vous en êtes, n’est-ce pas ? à moins qu’il n’y ait plus d’académie.

Mais la grande, la vraie, la seule académie, la langue française, celle-là est immortelle, celle-là est éternelle, et vous en êtes, et vous en étiez hier, et vous en serez demain. Vous y êtes installé entre Diderot et Beaumarchais ; la place est triomphante et nul ne vous y succédera.

L’absent vous remercie de prononcer son nom quelquefois.

Ex imo.

V. H.

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