À Hetzel.

20 mars 1859.

Je travaille à force, que vous dire de plus ? Le livre est-il fini ? Oui et non. Il y a encore l’essentiel à faire. Le livre grandit et gagne, je crois. La guerre me fait moins peur qu’à vous. Mes livres ont toujours paru à contre-temps ; Les Feuilles d’Automne le jour de l’insurrection de Lyon, Notre-Dame de Paris le jour du sac de l’archevêché, Marion de Lorme avait à sa porte deux émeutes par semaine. On enjambait une barricade pour venir faire queue. Cependant il vaudrait mieux paraître en temps paisible, j’en conviens. Mais comment s’y prendre ? n’est-il pas déjà trop tard ?

Je me suis toujours peu préoccupé du quart d’heure où je publiais un de mes livres. Le succès de la minute ne m’importe pas ; quand les ouvrages d’un homme sont consciencieux, la vente de tous finit toujours par s’équilibrer. Il y aura la guerre, soit ! eh bien, on attendra l’automne ou le printemps

prochain.

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