À Jules Janin.


Bruxelles, 24 avril 1861.

Au milieu de mes pérégrinations, je reçois votre admirable feuilleton sur les Funérailles de l’honneur. Je vous serre dans mes bras, et je vous remercie. La vie, la force, la chaleur, la grâce toute-puissante, c’est vous. Vous êtes inépuisable et lumineux. Votre feuilleton se lève sur Paris comme l’aube. Hélas ! ce pauvre Paris crépusculaire d’aujourd’hui a bien besoin de votre clarté. Si les adolescents séniles d’à présent veulent apprendre à être jeunes, qu’ils aillent à vous. S’ils veulent apprendre le courage, l’esprit, l’imagination, le style, toutes les magies de la poésie et de l’idéal, et la fidélité aux grands souvenirs, et la fierté, et l’incorruptibilité, et le respect des vaincus, qu’ils vous prennent pour maître. Votre attitude sereine et vaillante au milieu de tant d’abaissements est un grand exemple. Je vous écris ce billet sur le coin d’une table d’auberge, un peu au hasard, comme cela me vient, mais ému, attendri, charmé.

À vous du fond du cœur.

Victor Hugo.

Je prie un artiste, plein de cœur et de talent, M. Luthereau, de vous remettre cette lettre.

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