À François-Victor.

Abbaye de Villers, 5 7bre [1862].

Cher fils, tu trouveras ci-jointes trois lettres dont une à toi. Je ne sais si nos deux excellents amis pourront venir, je serais bien heureux de leur présence, mais je n’ose y compter. Quant à toi, il me semble que tu ne peux résister à l’appel pressant et charmant qui t’est fait. Tu verras ici Charles, tu y verras M. Pagnerre, tu y auras le cœur et l’esprit contents. Si tu te décidais à ce petit voyage qui coïncide avec tes projets sur Londres, je te paierais tes frais de voyage de Guernesey à Bruxelles, et de retour de Bruxelles à Londres ; ton retour du reste aurait lieu probablement en même temps que le mien, car immédiatement après le banquet, le lendemain même, si je puis, je compte prendre la route de Guernesey. Si tu désirais rester à Londres, je t’y laisserais. Mais, comme tu vois, tous les frais extra entraînés par ta visite sur Bruxelles seraient couverts par moi. Viens, mon enfant chéri. Ce sera ma joie.

J’ai à peine le temps de t’écrire. Il faut que cette lettre parte en hâte. Le temps nous presse. J’espère que tout continue d’aller bien à Hauteville-House. M. Lacroix vient de me dire que, d’après tout ce qui lui revenait, le livre de ta mère était un travail ravissant. Ce sont ses propres termes. Mon retour à Guernesey est, comme vous voyez, mes chers bien-aimés, un peu retardé par le banquet. J’espérais qu’il aurait lieu le 8. Vacquerie a demandé l’ajournement au 15 ou 16. Pour avoir Vacquerie il faut tout faire, et j’ai accepté l’ajournement. Le banquet aura lieu le 16.

Au moment de fermer cette lettre, je conseille à M. Lacroix, qui accepte, d’y ajouter deux invitations, l’une pour M. Talbot, l’autre pour Harney. Tu te chargeras, n’est-ce pas, d’envoyer ces quatre lettres. Réponds-moi bien vite chez M. Lacroix, 3, impasse du Parc, à Bruxelles.

Je me dépêche de serrer tout Hauteville-House dans mes bras, je ferme ce billet, et je t’attends, mon Victor bien-aimé.

V.

Share on Twitter Share on Facebook