À Gustave Flaubert.

Hauteville-House, 6 décembre 1862.

Monsieur,

Je vous remercie de m’avoir fait lire Salammbô. C’est un beau, puissant et savant livre. Si l’Institut de France, au lieu d’être une coterie, était la grande institution nationale qu’a voulu faire la Convention, cette année même vous entreriez, portes ouvertes à deux battants, dans l’Académie française et dans l’Académie des inscriptions. Vous êtes érudit de cette grande érudition du poëte et du philosophe. Vous avez ressuscité un monde évanoui, et à cette résurrection surprenante vous avez mêlé un drame poignant. Toutes les fois que je rencontre dans un écrivain le double sentiment du réel qui montre la vie, et de l’idéal qui fait voir l’âme, je suis ému, je suis ravi, et j’applaudis. Recevez donc, monsieur, mon applaudissement. Recevez-le comme je vous l’offre, avec cordialité.

Votre ami

Victor Hugo.

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