À Jules Janin.

Hauteville-House, 18 mai 1862.

Je vous remercie, je vous retrouve. Je serre cette main vaillante et cordiale qui ne m’avait jamais fait défaut depuis l’exil. On se méprend étrangement sur ce livre. C’est un livre d’amour et de pitié ; c’est un cri de réconciliation ; je tends la main, d’en bas, pour ceux qui souffrent, mes frères, à ceux qui pensent, mes frères aussi.

D’où vient que quelques-uns de ceux sur qui je croyais pouvoir compter pour coopérer à cet utile travail d’entente m’accueillent avec une sorte de haine? Les nécessités du temps se feront jour, le siècle passera outre, mais cela m’attriste de voir froideur là où j’espérais concours. Vous, vous êtes toujours le même, l’intrépide et doux poëte, le penseur charmant et fort, l’ami sûr et vrai, et votre plume traverse les esprits avec un pétillement de lumière. Je vous embrasse.

Victor Hugo.

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