À Marie Menessier-Nodier.

Hauteville-House, 17 avril [1862].

Chère Marie, votre douce lettre m’émeut. Comme votre esprit a du cœur, et que vous êtes charmante ! À de certaines heures, vous envoyez votre âme près de moi, et je la sens dans mon ombre, étant réchauffé. Une pensée de vous, c’est un rayonnement. Oui, comme vous l’avez vu, j’ai parlé de Charles dans ce livre et j’en parlerai encore. Parler de Charles Nodier, c’est penser à Marie Nodier, et c’est évoquer notre jeunesse.

Doux temps ! que de sourires ! Nous autres, nous étions déjà vieux que vous étiez encore l’aube. Vous l’êtes toujours. Vous l’êtes par vous et vous l’êtes par vos enfants.

Comme vous êtes gentille de m’avoir envoyé ces photographies ! Vos filles sont exquises. J’embrasse ma bonne amie Georgette, j’embrasse ma chère filleule Thècle, j’embrasse la toute petite. En voilà une lumière dans votre maison ! Quoi ! vous êtes grand-mère ! est-ce possible ? Vous trouvez le moyen d’être vénérable sans cesser d’être adorable. Quand je pense qu’elle est grand-mère, cette ravissante Marie dont j’ai vu la jarretière en montant le Montanvert, l’année du sacre de Charles X, cela attendrit mes quatrevingt-dix ans.

Je vous baise la main comme à une belle madame que vous êtes, et je vous la serre comme à un vieil ami.

Victor H.

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