À Paul Meurice.

18 octobre [1862].

Vous êtes toujours admirablement charmant et bon. Merci pour tout. Vous trouverez sous ce pli une traite de 666 francs pour remettre un peu mes chiffres à flot. Vous aurez en outre, je crois, fin décembre, les 500 fr. de l’Institut, si je suis encore de l’Institut.

Vous avez cent fois raison pour Quatrevingt-treize. Il faut attendre, il faut de l’air entre ces grands blocs.

Sur ce, parlons un peu du drame Les Misérables. Je suis de votre avis pour Bruxelles, et vous êtes de mon avis pour Londres. Or Londres, c’est tout l’étranger. Entrerez-vous donc dans cette voie de faire deux drames, l’un, en deux soirées, pour Bruxelles, l’autre en une soirée, pour l’étranger proprement dit (tous les lieux où l’on traduira ) ? C’est, il me semble, double peine. Ensuite, ce goût d’économie de Bruxelles pour monter la pièce qui fait qu’on s’accommode d’un demi-drame, est-ce bien bon signe ? J’aimerais mieux Delvil faisant des dépenses. Oui, deux drames, joués le jour et le lendemain, et se complétant, ce serait excellent, mais croyez-vous beaucoup au succès d’un commencement attendant indéfiniment sa fin ? Je vous soumets tout cela, et j’ai une telle habitude de croire en vous que je suis lâchement prêt à être de votre avis, quel qu’il soit. Vous ne pouvez vous tromper pour vous, vous qui ne vous êtes jamais trompé pour moi.

Voudriez-vous m’inscrire pour 100 francs et les donner pour moi, dans la souscription au tombeau de Bocage.

Si Charles veut, qu’il vienne, avec pleins pouvoirs de vous, passer trois semaines ici, nous causerons, il écrira, et le 15 novembre il partira avec le drame fait pour une seule soirée (attendez-vous aux sacrifices les plus énormes). Et ensuite le tout vous sera resoumis. Pendant ce temps-là, vous ferez jouer François les Bas Bleus, et vous aurez un magnifique et charmant succès. Plaudite cives. — Je n’ai plus de papier, et j’ai encore tout plein d’amitié, de tendresse et d’enthousiasme. Rêvez le reste.

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