À Albert Lacroix.

H.-H., 2 mai [1863].

Cher monsieur Lacroix, la difficulté pour moi, ce serait de mener de front un très grand livre à écrire et le tracas des publications, épreuves à corriger, lettres innombrables auxquelles il faut répondre, etc., etc. J’ai besoin pour travailler de solitude et de concentration sur une seule idée. L’obstacle à ce que vous désirez est là. Du reste, je suis complètement de votre avis sur l’utilité d’entremêler les publications, vers après prose, drame après roman, et réciproquement. Je ne quitterais certainement pas Guernesey sans chercher l’occasion, que vous souhaitez, de causer avec vous. On fait plus de besogne en deux heures de causerie qu’en deux mois de correspondance. Quant à votre in-18, je persiste dans le conseil que je vous avais donné. Le bon marché n’est pas 35 fr. mais au plus 20 fr. À 15 fr. vous auriez eu une vente énorme. Vos 35 fr. s’adressent au même public que les 60 ; le public riche et même très riche. Ce public-là est servi. Vous en viendrez à mon avis. Il fallait une vraie édition bon marché.

Je crois comme vous à un grand succès pour l’ouvrage de madame Victor Hugo. Il est très important qu’on sache bien que je n’y suis pour rien. Dire que ce livre est de moi lui nuirait. Le curieux c’est que je ne l’ai même pas lu en manuscrit.

Mille bons compliments.

V. H.

Serez-vous assez bon pour transmettre cette lettre à son adresse. — J’attends toujours la lettre que vous m’annoncez de M. Jettrand. Du moment où Tarride ne nie plus la part de Hetzel et où Hetzel déclare qu’il me donne commission de la toucher, je ne comprends plus l’obstacle. Veuillez offrir mes hommages à madame Lacroix.

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