À Auguste Vacquerie.

H.-H., 17 mars [1863].

Je reviens à votre livre. C’est un drame en effet, et la division par scènes a profondément sa raison d’être. Le théâtre est petit, Jersey ; l’action immense, le progrès. Quels personnages, l’Angleterre, la France, l’exil, le passé, l’avenir ! et nulle abstraction ; tout cela s’incarne et vit, le passé dans les rois et les émigrés, l’avenir dans les proscrits. Par une fissure dans la sombre muraille humaine, l’Inconnu apparaît. Votre drame va des bêtes aux esprits à travers l’homme. Il y a la lumière intérieure, la conscience ; et la lumière extérieure, Dieu. Appelons Dieu, si vous l’aimez mieux, l’Infini ou l’Idéal ; mais il y est. Je vous parlerai souvent de ce livre. Je suis fier d’y être. Il y a de la foi dans votre style ; on y sent le devoir et le droit. Moyen âge et révolution, sous quel souffle vous avivez toutes ces flammes, les unes mauvaises, les autres bonnes ! le lecteur sera convaincu, et vaincu. De plus, c’est excessivement amusant. La comédie est aussi gaie que la tragédie est poignante. Le succès sera grandissime. Ma première lettre n’était qu’un cri. J’ai encore bien des choses à vous dire.

Ex imo.

V.

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