À Auguste Vacquerie.

8 9bre [1863].

Je ferme le livre, et je vous écris tout de suite, ému.

Quel X que le dénouement ! Il y a là une ombre inattendue et superbe. C’est neuf, c’est grand, c’est beau. L’impression est profonde. Cher Auguste, je vous ai accompagné d’un bout à l’autre d’un long bravo intérieur. J’avais noté, chemin faisant, les scènes fines et pathétiques, les mots charmants et touchants, mais il faudrait tout transcrire. J’y renonce. Andrée est exquise. Olivier est nouveau, farouche, imprévu, et vrai. Quel type que Jean Baudry ! la bonté forte, la puissance tendre, le robuste dans le doux. Soyez content. Toute l’œuvre est magistrale.

Je vous écris ceci dans un bruit de tempête qui va à votre drame, et qui ressemble à mon émotion.

I nunc !

V. H.

Victor est à Jersey. Il aura Jean Baudry à son retour.

Un petit service : envoyez-moi la tartine Dupanloup contre Myriel et Les Misérables. La soutane étant violette, il sera peut-être utile de la corriger. Je verrai si cela mérite un mot, en passant.

Je veux vous reparler encore un petit peu de Jean Baudry. Que n’êtes-vous là ! Que de choses à vous dire ! Pas une figure qui ne vive, pas un détail qui ne charme ou n’émeuve, pas un mot qui ne soit un cri. Cri de l’âme, cri du cœur, cri de l’esprit. Vous avez vaincu comme il faut vaincre, en ne concédant rien. Vous êtes triomphant, et vous restez fier. Bravo encore, et encore merci.

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